Les ex-Zaïrois seraient-ils sous l’emprise d’un envoûtement collectif ou seraient dirigés par un illusionniste pour ne pas dire un extraterrestre ? Avec un peu de lucidité, on ne peut ne pas mettre en relief cette interrogation au regard de l’assertion faite à Cap ce jeudi 14 juin par Joseph Kabila Kabange au cours d’une conférence de presse conjointe avec son homologue sud-africain, Thabo Mbeki. Décidé à séduire des potentiels investisseurs sud-africains, le champion de l’AMP, qui comparait le Congo à démocratiser à l’Irak en marge des combats fous de Kinshasa entre son GSSP et la garde rapprochée de Jean-Pierre Bemba Gombo en mars dernier, semble avoir changé d’avis depuis peu au point d’exceller dans la prestidigitation en affirmant : « tous les avantages sont là : nous avons la paix, la sécurité, un système judiciaire que nous tentons de reformer ». Les investisseurs étant comme des gibiers peureux qui ont besoin d’un environnement sécurisé, non seulement juridiquement, les hommes d’affaires sud-africains dont plus d’une centaine des compatriotes sont des casques bleus au sein de la Mission de l’ONU au Congo ne sont pas sans savoir que l’insécurité se porte bien sur l’ensemble du territoire congolais. Ce qui est dramatique est que cette insécurité est entretenue par ceux qui sont censés assurer la sécurité des citoyens et des biens. Outre les tueries mises en exergue comme celles des journalistes, c’est au quotidien que des militaires appelés officiellement des « hommes armés non autrement identifiés » sèment la mort et la désolation dans toutes les provinces congolaises. Le Kivu qui aurait voté pour Kabila à la soviétique au motif qu’il serait le pacificateur court encore et toujours derrière une paix virtuelle en comptant ses morts. On aurait bien voulu voir Kabila Kabange dont les troupes ont fait une démonstration de force à Kinshasa le 17 mai dernier pour célébrer les dix ans du pouvoir AFDL-CPP-AMP dépêcher ses meilleurs hommes au Kivu pour mettre hors d’état de nuire toutes les forces négatives, FDLR et autres alliés. Que non ! Kabila Kabange qui, pour justifier la bataille de Kinshasa en mars dernier, soutenait qu’on ne règle pas les problèmes de sécurité du pays par le dialogue mais par la force, adore aujourd’hui ce qu’il a vomi hier. Sa dernière trouvaille c’est sa très controversée table ronde sur le Kivu censée ramener la paix dans cette région qui ne serait nullement fière de se dire kabiliste. Or, nombre de participants à l’Atelier que vient d’organiser à Goma l’Institut interculturel dans les Grands Lacs lient le retour à la paix dans le Kivu au retour au Rwanda ou à l’éradication des Interhamwe dits FDLR. De quoi retourner le couteau dans la plaie quand on se rappelle que Laurent Nkunda, général déchu et sous le coup d’un mandat international, avec qui Kabila négocie par le biais de John Numbi, a jeté un véritable pavé dans la marre en affirmant que lors des combats les ayant opposé à Sake, ses hommes avaient arrêté des éléments FDLR dans les rangs des FARDC. Dès lors, à quel jeu joue donc le commandant suprême des FARDC alors qu’il n’est secret pour personne que les FDLR exigent la tenue du Dialogue inter-rwandais comme condition de leur retour au Rwanda et que, comme l’avait révélé Valentin Mubake Numbi Kamwanya, les officiels FDLR voyagent avec des passeports congolais ? http://www.congoone.net/Allstory.php?ArtId=706