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VIGILANCE RDC
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2 octobre 2007

Kinshasa change plus vite que ses habitants

Kinshasa change plus vite que ses habitants Grande campagne de nettoyage et strictes mesures pour sécuriser les transports en commun : les autorités de Kinshasa veulent changer le visage de la capitale congolaise réputée pour sa pagaille et sa saleté. Mais cette petite révolution demande le concours des Kinois, qui ont parfois du mal à renoncer à leurs habitudes. Lundi 10 septembre, 17 heures. Je prends place à l’avant d’un taxi-bus, qui se rend au rond-point "Victoire", à Matonge, le quartier chaud de Kinshasa, désormais nettoyé chaque matin par une équipe de salubrité de l’Hôtel de Ville. "La ceinture, la ceinture… Mets ta ceinture de sécurité", me rappelle avec insistance le receveur assis à l’arrière du véhicule. "Vous êtes étranger ? Ne savez-vous pas que le port de la ceinture est désormais obligatoire ?", enchaîne le conducteur, tout en tirant le bout de la ceinture qu’il passe au travers de ma poitrine. C'est nouveau dans la capitale congolaise où les conducteurs de taxis et de bus portaient très rarement leur ceinture et entassaient les passagers comme de la marchandise. Les temps changent ! Les autorités urbaines ont lancé, début juin, une campagne dite de "changement des mentalités" qui concerne les transports, mais aussi la propreté de la ville,. Une série de mesures ont été prises : quatre personnes maximum par taxi, port obligatoire de la ceinture de sécurité, installation de panneaux et de feux de signalisation aux carrefours, évacuation des garages et petits marchés pirates érigés aux abords de la voie publique, éducation à l’hygiène, nettoyage régulier des carrefours et autres grandes places, etc. La carotte et le bâton En quatre mois, les premiers changements sont déjà perceptibles. Environ 2 000 policiers de roulage, déployés à travers toute la ville, veillent au respect des mesures routières. Équipés de motos, de radio téléphones, ils veillent au grain, tout en restant courtois. "Nous devons montrer l’exemple. Il nous est interdit de rançonner les chauffeurs", déclare un policier. Certains conducteurs apprécient. "C’est une bonne chose. Car nous étions à la traîne. Ailleurs, comme au Congo d’en face (Congo Brazzaville, ndlr), les taximen portent toujours leur ceinture de sécurité et leurs voitures sont numérotées et bien distinguées", affirme Mazumbo Faustin, taximan depuis 35 ans. Ceux dont les véhicules ne sont pas équipés de ceinture ne manquent pas d’imagination pour éviter d'être arrêtés et de devoir payer une amende de 5 000 Fc (10 $) minimums. Un taximan arbore une ceinture de fortune faite d’un morceau de chambre à air. D’autres conducteurs ne bouclent la leur qu'à l’approche des carrefours réglementés par la police. Constructions anarchiques, ordures… Pour en finir avec l'image de Kinshasa "la poubelle", l’Hôtel de Ville a lancé, début juillet, une vaste opération de destruction des habitations anarchiques qui enlaidissent Kinshasa et des marchés pirates installés un peu partout aux abords des routes et des carrefours. Mais certains réapparaissent quelques jours après le passage de la brigade de démolition de l’Hôtel de ville de Kinshasa. C’est à un changement de mentalité de tous les habitants qu'appellent les autorités afin que les rues ne soient plus jonchées de sacs en plastique et les caniveaux remplis d'ordures jusque dans le centre ville. Tous les samedis, une équipe du Programme national d’assainissement (PNA) sillonne les quartiers de Kinshasa. "Ne jetez plus les ordures et autres saletés n’importe où, clament les agents du PNA dans leurs mégaphones. Rassemblez-les dans des poubelles et payez le service des ramasseurs pour les vider."Tous les deux jours, les charretiers de l’Association des conducteurs de chariots du Congo, en accord avec la mairie passent ramasser les ordures pour les déverser dans des décharges. Mais le pari n’est pas encore gagné. Si au centre et sur les artères principales, la propreté semble revenue, la ville reste globalement toujours aussi sale. Des montagnes d’immondices sont encore visibles ça et là, malgré la réapparition des poubelles publiques dans certaines communes. Certains tardent à perdre leurs mauvaises habitudes. "Je ne suis pas la seule, tout le monde le fait. Ce n’est pas vous qui allez changer ce pays", déclare sans gêne, une femme en balançant la peau de l'orange qu’elle vient de manger. "Moi, j’ai toujours du mal à jeter n’importe où mes peaux de banane ; je les garde toujours sur moi jusqu’à les jeter dans une poubelle", affirme à l'inverse Gisèle Onga qui apprécie la campagne d’éducation en cours. "Il faut des gros moyens, placer des poubelles publiques partout et éduquer continuellement la population à bien prendre soin de son environnement. Nous nous y attelons", affirme, optimiste, Ngoy Mbele, directeur du PNA, qui vient de lancer une opération pilote d’assainissement dans 10 des 24 communes de la capitale. Tapages nocturne et diurne Les autorités veillent aussi au calme des citoyens. Les Églises de réveil, qui poussent à chaque coin de rue de Kinshasa et organisent de tonitruantes séances de prières, ont été fermement priées de faire moins de vacarme entre 22 heures et 5 heures du matin. Certaines font de la résistance : "Il n’y a pas que les Églises qui font du tapage, il y a aussi tous ces débits de boissons, ces boîtes de nuit, etc.", tempête le pasteur Sony Kafuta de l'Armée de l’Éternel, qui reconnaît cependant qu’une séance de prière ne devrait en aucun cas déranger le voisinage. Dans les rues de Kinshasa, le mot "changement des mentalités" est sur toutes les lèvres. Du plus petit au plus grand, tous disent vouloir vivre un autre Congo. Et que leur capitale redevienne enfin "Kin la belle". Par Raoul Biletshi Nkieye (Syfia) Le 02-10-2007 Source Le Messager (Cameroun)
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