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VIGILANCE RDC
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21 décembre 2007

Guerre de l’Est : et si les Etats-Unis étaient pointés du doigt …

Tribunal pénal international pour le Rwanda, Accord de Lusaka, Accord de Sun City, Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, Tripartite Plus, Accord de Nairobi, Accord d’Addis Abeba, Table ronde pour la paix et le développement au Kivu…. Autant d’ initiatives sur la paix et la sécurité en République démocratique du Congo, au-delà sur toute la région des Grands Lacs qui n’ ont pas encore apporté des résultats escomptés. L’on continue à tourner en rond, à passer à côté de la plaque. Comme si cela ne suffisait pas, l’ ancienne porte-parole du Tribunal pénal international sur le Rwanda, Florence Atman, dans son dernier ouvrage sur les « guerres secrètes », « Paix et châtiment », vient de jeter le pavé dans la marre dans une interview accordée à RFI. Elle accuse, sans détours, les Etats-Unis de protéger le Rwanda pour les crimes commis par « les soldats de l’Armée patriotique rwandaise », APR. Elle demeure dubitative quant à une «réconciliation véritable » au Rwanda. Ce qui doit absolument interpeller la République démocratique du Congo. LE POTENTIEL Florence Atman, ancienne porte-parole du Tribunal pénal international sur le Rwanda, TPIR, vient de publier un livre consacré aux « guerres secrètes ». « Paix et châtiment », tel est le titre de cet ouvrage sur le TPIR, mais qui décrit plus particulièrement des moments difficiles connus par le TPIR à l’époque de la Procureur Carla del Ponte, limogée, depuis pour des raisons qu’elle a énoncées dans ce livre Elle relève dans son ouvrage le rôle joué par les Etats-Unis qui ont pesé lourd afin d’obtenir le limogeage de cette juriste. Son malheur, c’est d’avoir voulu obtenir de l’ Onu l’autorisation d’instituer des « enquêtes spéciales » sur le « génocide commis par les soldats de l’Apr du président Paul Kagame ». Si dans un premier temps, le Rwanda s’était déclaré disposé à collaborer avec le TPIR installé à Arusha, le pourvoir en place à Kigali s’est vite rétracté et à opposer un non catégorique pour le bon déroulement de ces «enquêtes spéciales ». Le Rwanda a tout simplement demandé à Carla del Ponte de « renoncer à organiser ces enquêtes spéciales » alors que celle-ci insistait sur le fait que ces « enquêtes spéciales étaient nécessaires pour parvenir à une vraie réconciliation au Rwanda » dans la mesure où elle était convaincue que l’APR, autant les extrémistes hutu, a commis des crimes. Les Etats-Unis sont alors entrés dans la danse, affirme l’ancienne porte-parole du TPIR pour appuyer le Rwanda. Florence Atman souligne dans cette interview accordée à Radio France Internationale, diffusée le jeudi 20 décembre et captée à Kinshasa et que nous publions ci-dessous, que les Etats-Unis ont pesé de tout leur poids sur le TPIR jusqu’à obtenir le départ de Carla del Ponte. Interrogée sur les raisons de ce soutien, l’ancienne porte-parole du TPIR a soutenu que les Etats-Unis sont des « alliés du Rwanda ». Ils ont obtenu de ce pays l’autorisation d’accueillir sur le territoire rwandais « tout ressortissant américain qui serait poursuivi par un tribunal international ». En échange, ils ont exercé des pressions pour qu’aucun soldat rwandais ne soit poursuivi ni puni par un tribunal international. Un marché conclu, a-t-elle signifié. Peu importe donc la véritable réconciliation nationale au Rwanda. Effectivement, Carl del Ponte a été « virée » du TPIR et l’ancien secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan n’a pas pu la défendre.. Bien au contraire, il s’est contenté de lui dire de s’attendre à ce que son « mandat ne soit pas renouvelé ». C’est ce qui s’est passé. Son successeur, encore en place, n’a jamais ouvert ce dossier des « enquêtes spéciales » sur les crimes commis par l’APR, a affirmé Florence Atman. LA « GUERRE SECRETE » DU KIVU Evidemment, ces déclarations « flamboyantes » doivent interpeller les autorités congolaises dans la mesure où la guerre à l’Est fait exactement partie des « guerres secrètes ». Par deux fois, ces guerres de la République démocratique du Congo qui partent toujours de l’Est, n’ont pas seulement déstabilisé les institutions de la RDC mais constituent une véritable menace pour la stabilité de la région des Grands Lacs. Sous des prétextes fallacieux de la sécurité des pays voisins de la RDC, à savoir Rwanda, Burundi et Ouganda, ces guerres ont fini par lever le pan de voile et faire découvrir les enjeux régionaux et internationaux sur fond de la balkanisation de la RDC en vue de contrôler ses richesses. Ce qui se passe actuellement à l’Est est encore plus intriguant dès lors que l’on s’aperçoit avec quelle assiduité les Etats-Unis ont supplanté tout le monde pour parrainer les opérations de paix dans cette partie de la République démocratique du Congo. Bien plus, l’Accord de Nairobi a prouvé que le Rwanda soutient bel et bien Nkunda à telle enseigne qu’il a été demandé à ce pays de cesser tout soutien à cet insurgé. Si l’on se permettait une analyse par absurde, on dirait tout simplement que les Etats-Unis sont derrière Nkunda. Et si ce dernier devrait déposer les armes, il n’y a que les Etats-Unis qui soient les seuls à obtenir sa reddition dans la mesure où derrière Nkunda, il y a l’allié des Etats-Unis, le Rwanda. En plus, s’il faudra accorder crédit à ce qui se dit, la « guerre secrète du Kivu serait la guerre du nobium », minerai qui intervient dans la fabrication des fusées pour l’aéronautique spatiale. Le centre d’activités serait bien la zone de Masisi, non loin de Kitchanga, le quartier général de Nkunda. Par extension, les témoignages de Florence Atman livrent la vérité sur les « guerres secrètes ». Principalement celle du Nord-Kivu, pointant ainsi du doigt les Etats-Unis. Dès lors, la question fondamentale est celle de savoir à quoi servirait la « Table ronde » sur le Kivu si Kinshasa ne traite pas directement avec Washington ?.... Florence Atman du TPIR à RFI : « Les Etats-Unis ont obtenu du Rwanda un accord bilatéral protégeant les ressortissants américains des poursuites judiciaires devant une autre cour internationale » Florence Atman, il y a quatre ans, vous avez vécu de très près le bras de fer entre le président rwandais, Paul Kagame, et la procureur du TPIR, Carla del Ponte, pour savoir si oui ou non le tribunal d’Arusha était compétent pour enquêter sur les crimes de l’Apr (Armée patriotique rwandaise) en marge du génocide de 1994. Et vous racontez notamment que les Etats-Unis ont offert leur médiation, mais qu’au bout de compte, ils n’étaient pas vraiment médiateurs. Est - cela? Absolument, les américains sont intervenus à un moment de grandes tensions entre Kigali et Arusha, le siège du TPIR. Pourquoi ? Parce que les Rwandais essayaient de convaincre madame Del Ponte de renoncer à des enquêtes qu’elle a engagées en marge des génocides qui sont les crimes commis par l’APR. Vous racontiez ce bras de fer du 15 mai 2003, dans cette salle de département d’Etat américain à Washington et vous citez cette phrase de Carla del Conté s’adressant aux rwandais: « Les crimes de guerre de l’APR existent et ils ne peuvent pas passer sous silence et les poursuivre serait un élément de réconciliation »… Bien sûr parce qu’il faut reconnaître toutes les victimes, tous les crimes pour que la réconciliation s’engage dans un pays où les tensions se sont produites. Les génocidaires parlent d’un deuxième génocide. Il y eut le génocide qu’ils ont commis. En l’annulant par cette affirmation qu’il n’y ait un deuxième génocide, ils protestent parce que leurs victimes ne sont pas reconnues. Et il est nécessaire de ne pas empêcher les négationnistes d’établir les faits, d’établir la réalité des crimes. Bien évidemment, les crimes de l’APR ne sont comparables aux crimes commis par les extrémistes hutus. Mais établir l’ensemble des faits est indispensable pour que deux histoires opposées ne continuent pas à se développer comme c’est le cas aujourd’hui au Rwanda. Pourquoi les américains n’ont pas entendu vos arguments et ont soutenu la thèse du Rwanda à ce moment là ? Parce qu’ils comptaient aussi sur le Rwanda pour obtenir un accord bilatéral protégeant les ressortissants américains des poursuites devant une autre cour internationale que la CPI, la Cour pénale internationale, qui est une cours permanente. En fait, ils avaient un marché ? Ils avaient un marché. Donc, ça convient à une demande d’impunité pour l’APR. Vous racontez que, toujours ce jour de mai 2003, Carla del Ponte refuse de céder, et qu’en représailles, les américains décident de la faire limoger de son poste de procureur au TPIR. La magistrate espère encore garder le soutien du Secrétaire Général de l’Onu Kofi Annan. Et tout se joue dans le bureau de Kofi Annan, nous sommes maintenant le 28 juillet 2003? C’est de là que madame Carla del Ponte compte sur Kofi Anan pour lui apporter son soutien. Et Kofi Annan ne prend pas la défense de la justice et de son indépendance. Kofi Annan lui dit : « vous n’aurez pas le soutien suffisant. Certains Etats bloqueront votre renouvellement. Et il lui dit que vous verrez et vous n’aurez jamais des enquêtes spéciales. Kofi Annan ne veut pas y croire. Et il lui dit que la politique a pris le pas sur la justice ». Suite donc à toutes ces pressions, Carla del Ponte est dessaisie de son poste de procureur au TPIR au profit du magistrat gambien Hassan Aboubakar Diallo qui est toujours aujourd’hui en poste. Est-ce qu’il a essayé comme sa prédécesseur d’enquêter sur les crimes de guerre commis par l’APR ou pas ? Il a joué l’attentisme. En fait, Diallo est sensé terminé les enquêtes. Donc, sous prétexte de cela, il ne le fera pas, c’est toujours les enquêtes spéciales sous prétexte que cela ne lui intéresse pas d’avancer sur cette question là. Mais jamais, il ne dira qu’il les a abandonnées. Quand on lui pose la question, est-ce que vous avez renoncé aux enquêtes spéciales, il répond toujours non. Mais aujourd’hui fin 2007, aucune inculpation n’a été établie contre des membres de l’APR. Donc, les crimes commis par l’Apr sont restés entièrement impunis au Rwanda.
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