Malgré le nombre important d'initiatives prises par le CICR ou d'autres acteurs humanitaires, des milliers de victimes du conflit continuent d'être inaccessibles. Dans les zones comme Masisi, Kilolirwe, Mweso et Rutshuru, des conditions de sécurité extrêmement volatiles ne permettent pas une évaluation précise de la situation humanitaire qui prévaut et rendent difficile, voire impossible toute intervention.

Situation humanitaire

Suite à l'aggravation du conflit armé en décembre 2007, des milliers de civils se sont retrouvés pris en étau entre les différentes forces belligérantes et ont été obligés de fuir les zones de combat. Malgré une volonté de trêve annoncée et les perspectives de la conférence de paix prévue à Goma début janvier 2008, les affrontements se sont poursuivis jusque dans les derniers jours de l'année 2007.

• Dans le Nord Kivu, les combats se déroulent désormais sur une grande partie des territoires de Masisi et de Rutshuru.
  
• Pour la première fois depuis la reprise des hostilités en août 2007, des affrontements ont également eu lieu près de la frontière avec le Sud-Kivu, dans la zone des haut plateaux de Kalehe.

Les populations déplacées, suite à la propagation des hostilités, sont d'une vulnérabilité particulière. Nombreux sont ceux qui ont dû fuir pour une deuxième, voire une troisième fois, ensemble avec les familles qui les avaient accueillies. Ces personnes à la recherche d'un refuge ont souvent été victimes de pillages, d'atteintes à leur intégrité physique ou de violences sexuelles.

• Dans le Nord-Kivu, quelques milliers de déplacés supplémentaires venant du territoire de Masisi ont trouvé refuge dans les camps déjà existants aux alentours de la ville de Goma.
  
• Beaucoup d'autres ont fui vers le nord, cherchant refuge dans les villes de Nyanzale, de Kibirizi et de Kanyabayonga – des sites proches de zones de combat et par conséquent difficilement accessibles pour les organisations humanitaires. Le même problème se pose pour l'accès aux déplacés présents dans les zones de Kilolirwe et de Kitchanga, dont le nombre reste encore imprécis.
  
• Plus de 5,000 personnes civiles ont également traversé la frontière pour trouver refuge en Ouganda.
  
• Plus de 2,000 familles, fuyant la zone d'affrontement autour de la ville de Saké (Nord-Kivu), sont venues gonfler le nombre de déplacés déjà présents dans le territoire de Kalehe au Sud-Kivu. La population résidente n'est pas en mesure d'accueillir l'ensemble des déplacés et une partie des nouveaux venus se sont regroupés dans la ville de Minova au Sud-Kivu. À ce jour, aucune structure n'existe pour abriter ces déplacés dont certains manquent de tout et connaissent des difficultés majeures pour subvenir à leurs besoins les plus essentiels.
  
• Ces déplacés présents dans le territoire de Kalehe se trouvent dans des zones connaissant une importante présence d'hommes en armes, notamment dans les hauts plateaux, et leur sécurité reste préoccupante.
  
• Une augmentation du nombre de blessés, en particulier des porteurs d'armes, a été constatée durant le mois de décembre 2007.

La réponse du CICR

Sensibilisation aux règles fondamentales du droit international humanitaire (DIH)

Le CICR a maintenu ses contacts bilatéraux avec toutes les parties au conflit afin de leur rappeler leurs obligations, découlant du droit international humanitaire (DIH), relatives à la protection des personnes ne participant pas ou plus aux hostilités, à savoir les civils, les blessés de guerre et les personnes détenus en relation avec le conflit. L'action neutre et indépendante du CICR lui permet d'être une des rares organisations humanitaires à avoir accès à tous les porteurs d'armes. Malgré des conditions de sécurité extrêmement difficiles, les équipes du CICR ont pu continuer à se déplacer dans des zones sensibles et ainsi maintenir le dialogue.

Ces contacts viennent en complément de l'ensemble des activités de prévention menées par le CICR telles que les séances de sensibilisation au DIH auprès des forces armées et les spots ou émissions radiophoniques.


Protection et assistance de la population civile

Plusieurs cas d'abus commis par des porteurs d'armes à l'encontre de la population civile (viols, pillages ou recrutement forcé) ont été documentés par les délégués du CICR au cours du mois de décembre. Tout en préservant l'anonymat des victimes, ce matériel sert de base pour des interventions auprès des parties du conflit. Il s'agit de démarches bilatérales et confidentielles ayant pour but d'encourager les belligérants à prendre toutes les mesures nécessaires afin de limiter les effets du conflit.

• De nombreux cas de violences sexuelles continuent d'être répertoriés. Le CICR a poursuivi son soutien aux hôpitaux et aux centres de santé pour permettre une prise en charge médicale des victimes ainsi qu'à 17 structures d'aide psychosociale dans les deux Kivu.
  
• En décembre 2007, le CICR a fourni des médicaments essentiels à plusieurs hôpitaux et centres de santé se trouvant dans des zones de déplacements massifs – Minova et Kirumba dans le Sud-Kivu, et Goma, Kibirizi et Kanyabayonga dans le Nord-Kivu.
  
• Dans cette même période, des travaux de réhabilitation ont été menés à l'hôpital de Bunyakiri, dans le territoire de Kaléhé au Sud-Kivu.
  
• Toujours à Kaléhé, en collaboration avec la Croix-Rouge de la RDC, une assistance en biens de première nécessité (vêtements, couvertures, nattes, savon et kits cuisine) a été organisée fin décembre au profit de plus de 500 familles nouvellement déplacées autour de la ville de Minova et sur l'île de Kirumba.

Dans ses efforts pour assister les populations affectées par le conflit, le CICR tient compte du fait que les déplacements massifs fragilisent aussi les populations résidentes. Ainsi, au mois de décembre 2007, deux projets urbains d'approvisionnement en eau potable, conduits en coopération avec la Régideso, au bénéfice de plus de 500,000 habitants de Goma et de Bukavu, ont été conclus.

Au courant du mois de décembre, 14 fontaines ont également été achevées dans la ville de Kitchanga (territoire de Rutshuru au Nord-Kivu). Le CICR a aussi terminé la construction de 38 latrines dans la ville de Goma, principalement destinées aux familles de militaires résidant dans les environs de l'hôpital militaire Katindo.


Soins aux blessés de guerre

En décembre 2007, le CICR a continué d'appuyer les principales structures médicales accueillant des blessés de guerre, dont l'hôpital militaire Katindo de Goma et le centre de santé de référence de Kitchanga dans le territoire de Rutshuru.

• Interventions de l'équipe médicale du CICR
  Deux chirurgiens, une physiothérapeute et deux déléguées médicales ont soutenu le personnel médical de ces structures, en réalisant parfois jusqu'à 20 interventions chirurgicales par jour.
  
• Soutien en médicaments
  Il s'agit surtout de kits chirurgicaux et de médicaments permettant une prise en charge rapide des blessés de guerre. L'hôpital général de Kayna (territoire de Lubéro, Nord-Kivu) a également bénéficié d'un kit pour 25 blessés de guerre. Une assistance pour 20 blessés a également été remise à l'hôpital général de Minova.
  
• Réhabilitation d'infrastructures hospitalières

1. À l'hôpital militaire Katindo de Goma, les travaux en cours sont les suivants : connexion de l'hôpital au système urbain d'approvisionnement en eau et construction d'un incinérateur, d'une chambre de stérilisation et d'une fosse septique.
2. À l'Hôpital de Kitchanga, malgré les difficultés d'accès, les ingénieurs du CICR ont pu achever la construction d'une fosse septique pour le bloc opératoire, de deux blocs latrines et de six fontaines d'eau.