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VIGILANCE RDC
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5 mars 2008

RDC : Gare à la spirale des « tables rondes »

Après Sun City et Goma, voilà que l’on réclame une autre table ronde. Pour le Bas-Congo. Serait-ce le mode politique qui conviendrait le mieux aux Congolais en vue de résoudre les impondérables politiques qui bloquent le bon fonctionnement des institutions nationales et provinciales ?

Interrogation intéressante. Cependant, attention. La spirale des « tables rondes » se transforme souvent en Tour de Babel, soutenue par des passions ethniques et claniques. Elle est une manifestation incontestable de l’impuissance et de la faiblesse de l’Etat.

On a beau dire que les Congolais ont la culture du dialogue, en citant la table ronde de Bruxelles, les assisses de Coquilathville, aujourd’hui Mbandaka, le dialogue inter-congolais de Sun City en passant par Antananarivo (Madagascar), il n’y a aucune raison d’en faire un modèle politique pour résoudre toutes les crise.

Car, table ronde, forum, dialogue … c’est bonnet blanc, blanc bonnet. Chaque cas est spécifique et chaque crise n’a pas les mêmes causes qui produisent les mêmes effets.

Aux lendemains de l’indépendance, le pays se cherchait encore. Ce qui expliquait tout ce brouhaha politique favorisé par la guerre froide. Les rebellions et guerres d’agression qui ont conduit les Congolais à la signature des Accords de Sun City découlent de la conséquence d’un terrorisme d’Etat, d’une longue période de dictature qui a provoqué des frustrations et des enjeux économiques régionaux et internationaux.

Quant à la Conférence de Goma, elle avait pour cause les ingérences des pays voisins, obsédés par le pouvoir de domination pour exporter leurs violentes querelles intestines sur fond des rivalités inter-ethniques. Auparavant, la « Conférence pour la pacification de l’Ituri », pour les mêmes causes, n’a produit aucun effet positif. Et pour prouver qu’il y avait une main invisible étrangère, l’on a décrété « l’Opération Artémis » dans le but d’arrêter la guerre de l’Ituri. Et encore, les miliciens n’en démordent toujours pas, bien que trois des seigneurs de guerre de cette zone sont à la Haye, à la Cour pénale internationale, CPI.

Pourquoi réclamer une « table ronde » pour la province du Bas- Congo ? Quelle est la cause véritable des incidents de plus en plus à répétition dans cette province ? Y aurait-il une minorité qui serait brimée ou c’est le peuple Kongo ? Comment expliquer que l’on se serve d’une secte religieuse pour poser la problématique de la promotion des valeurs Kongo ? S’agit-il tout simplement de cette pauvreté et de cette misère qui déboussolent les populations congolaises ? Autant d’interrogations pertinentes.

A CHAQUE PROVINCE SA « TABLE RONDE »

La tendance qui s’affirme au jour le jour risque de pousser chaque province à réclamer l’organisation de sa « table ronde » pour régler ses problèmes spécifiques. Hier, c’était l’Ituri, ensuite le Kivu. Voilà le Bas-Congo qui soulève la même problématique. Si l’on accède à cette demande, demain ce sera le tour de la province de l’Equateur avec le clivage Nord-Sud ainsi que les « valeurs anamongo »; le Bandundu avec les populations riveraines et les agriculteurs pour mettre en exergue les valeurs Mpende; le Kasaï jusqu’à réveiller les vieux démons des rivalités entre Luba et Lulua sur fond des richesses culturelles Luba ou Kuba, et nous en passons.

Le pays risque par conséquent de plonger dans un chaos indescriptible dans le seul but de satisfaire les fantasmes de quelques illuminés en mal de gloire. Car, même s’il faut s’appuyer sur la promotion des valeurs culturelles, chaque province serait en droit de les revendiquer pour autant qu’aucune province ne peut prétendre disposer des valeurs culturelles plus importantes que d’autres. Sinon, ce serait donc bien parti pour une autre Tour de Babel qui se solderait par la balkanisation de la République démocratique du Congo. Car, à y voir de près, toutes ces demandes, ces revendications ont un parfum de sécession, de xénophobie ou de ségrégation.

IMPUISSANCE DE L’ETAT

Il découle de ce qui précède que la République démocratique du Congo n’est pas encore sortie de l’auberge. La menace de la balkanisation est toujours présente et les « guerres » pour fragiliser davantage le Congo-Kinshasa ne font que changer de terrain.

Aussi, faut-il redresser le front longtemps courbé et faire attention à la spirale des « tables rondes ». Cautionner une telle démarche politique après l’organisation des élections générales en RDC, serait un suicide ; admettre inéluctablement l’impuissance et la faiblesse de l’Etat.

En effet, il est abominable de tolérer pareille proposition alors que le pays dispose des institutions nationales issues des élections, donc légitimes. Voilà pourquoi est-il demandé au Parlement d’endosser sans délai les résolutions de la Conférence de Goma. Les institutions républicaines ont le pouvoir légitime, conformément à la constitution, de se saisir de tout cas et de l’apprécier en s’appuyant sur les textes et les Lois de la République. Il ne peut être question de mener des actions parallèles susceptibles de fragiliser les institutions nationales qui doivent demeurer fortes et dépersonnalisées.

Les tables rondes, telles qu’elles sont organisées dans notre pays, ouvrent des brèches aux opportunistes de tous bords qui défient l’autorité de l’Etat. Les événements de l’Ituri, du Kivu et du Bas-Congo en sont une illustration parfaite du manque de l’établissement de l’autorité pour que l’Etat soit respecté et son pouvoir étendu sur tout le pays.

L’histoire donne une fois de plus raison à ce grand nationaliste qui avait franchi le cercle tribal et régional pour affirmer que l’une des causes principales des crises au Congo est la « méconnaissance de l’autorité établie ». Feu Thomas Kanza, puisque c’est de lui qu’il s’agit, l’un des brillants ministres congolais des Affaires étrangères, a soutenu cette thèse, aujourd’hui irréfutable.

La première crise entre le président Kasa-Vubu et le Premier ministre Lumumba est partie de cette méconnaissance de l’autorité établie. Depuis, toutes les crises qui se sont succédé en RDC accusent le même dénominateur commun. Que ce soit le dernier incident de Lubumbashi sur le ministre des Affaires foncières, les accrochages de Luozi, c’est l’autorité de l’Etat qui est méconnue.

La solution ne réside que dans l’existence des institutions fortes et dépersonnalisées. Et non à travers des tables rondes qui, le plus souvent, se transforment en Tour de Babel pour jouer le jeu des sympathisants de la balkanisation de la République démocratique du Congo.

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