Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
VIGILANCE RDC
Archives
14 avril 2008

RDV manqué entre Museveni et Kony

Museveni_Kabila

Rendez-vous manqué à Ri Kwangba entre le représentant du gouvernement ougandais et celui du mouvement rebelle LRA. Ri Kwangba, une clairière située à la frontière entre la République démocratique du Congo et le Soudan. Le chef rebelle, Joseph Kony y était attendu pour signer l’accord de cessation des hostilités. Malheureusement, il a tendu un lapin à tous ceux qui avaient fait le déplacement.

Du coup, le ton est monté d’un cran. Le président Museveni a promis « d’user de la manière forte » pour que cet accord soit signé. Avec ou sans Joseph Kony. Il a proposé qu’une action militaire conjointe soit menée avec la République démocratique du Congo et le Soudan. La proposition suscite déjà de nombreux commentaires.

Le président Yoweri Museveni était attendu en ce début de semaine à Juba, au Sud Soudan. Il doit en principe s’entretenir avec les négociateurs qui l’ont précédé et qui ont effectué le déplacement pour authentifier l’accord de paix entre le gouvernement ougandais et le chef du mouvement rebelle LRA. Il s’agit bien sûr de Joseph Kony. Cet accord devrait être signé en fin de semaine passée à Ri Kwangba, une clairière située à la frontière entre la République démocratique du Congo et le Soudan.

Malheureusement, le chef rebelle ougandais n’a pas effectué le déplacement. Il exige des assurances sur son sort. Particulièrement le retrait du mandat d’arrêt international contre lui. Après pratiquement trois jours d’attente, tous ceux qui avaient effectué le déplacement se sont repliés sur Juba, capitale du Sud Soudan, attendant l’évolution de la situation.

LA MANIERE FORTE

Suite à ce rendez-vous manqué, le président ougandais, Yoweri Museveni devrait effectuer personnellement le déplacement de Juba et exprimer de vive voix ses intentions. D’ailleurs, il ne les a pas cachées avant de se rendre à Juba. Il estime que le moment est venu d’user « de la manière forte pour neutraliser la LRA ». Ou pousser la LRA à la signature de cet accord, avec ou sans Kony.

Cependant, le chef de l’Etat ougandais propose une action conjointe qui connaîtra la participation de la République démocratique du Congo, le Soudan et bien sûr l’Ouganda. Une action militaire conjointe.

Evidemment, cette proposition soulève déjà de nombreuses interrogations et a fort peu de chance d’aboutir. Il s’agit en premier lieu de la relance de la guerre avec toutes les conséquences que cela entraîne. Voilà plus de vingt ans que l’armée ougandaise pourchasse les soldats de la LRA, mais elle n’a jamais réussi à les neutraliser. L’Ouganda s’est même permis d’agresser la RDC avec le même motif, en complicité avec le Rwanda. Cependant, la LRA demeure toujours une réalité politico-militaire. Il en est de même des FDLR que Kigali jure toujours de neutraliser.

En proposant une opération militaire conjointe, surtout que le chef rebelle ougandais est supposé se cacher à cheval entre la RDC et le Soudan, l’Ouganda tient à revenir militairement en République démocratique du Congo. Ce qui n’est pas de nature à ramener la paix dans la partie orientale de la RDC avec tout ce qui s’est passé pendant l’occupation de l’armée ougandaise. Il y aura toujours des éléments incontrôlés et armés ougandais qui saisiront cette opportunité pour rentrer officiellement en RDC et réoccuper une bonne partie du territoire congolais. Ils recommenceront à causer des destructions, mort et désolation sous le fallacieux prétexte de « sécurité pour neutraliser la LRA ». C’est là le piège tendu au président Kabila si jamais la RDC avalisait cette proposition pas du tout appréciée par les populations congolaises. Car, cette proposition risque de remettre sur le tapis le processus de désarmement des milices de l’Ituri qui, autrefois, étaient soutenues par l’Ouganda.

Quant au Soudan, il est vrai qu’il se montrera réticent. D’abord, ce pays n’est pas du tout dans les bonnes grâces de l’Occident. C’est un. De deux, il y a le problème du Darfour qui place le Soudan dans de mauvais draps. Enfin, il y a son différend avec le Tchad. Plusieurs fronts qui ressemblent à un étau. Un autre piège dans lequel le Soudan ne voudrait certainement pas tomber.

ENJEU ECONOMIQUE : LE PETROLE

Il est un fait indéniable qu’avec ce rendez-vous manqué, le chef rebelle Joseph Kony est dans une situation difficile. Fort possible qu’il connaisse le sort du numéro deux des FARC (Forces armées révolutionnaires de la Colombie) qui a été tué dernièrement grâce aux services de renseignements occidentaux. Ou encore celui de Jonas Savimbi de l’Unita qui a mené un combat de trop alors que l’accord de paix était signé.

En plus, les accusations portées contre la LRA portant sur les atrocités et violences commises contre les populations civiles jouent contre Joseph Kony. Force est de rappeler que le 23 janvier 1999, huit soldats des forces spéciales guatémaltèques, de la Monuc, avaient été tués dans le parc de la Garamba, à environ 70 km de la frontière soudanaise et la République démocratique du Congo. Ces soldats guatémaltèques qui avaient reçu mission de vérifier la présence des éléments de l’Armée de Résistance du Seigneur, LRA, étaient tombés dans une embuscade prétendument tendue par les hommes armés de la LRA. Une affaire qui avait soulevé en son temps de la tempête.

D’autre part, il est maintenant question de ramener, par tous les moyens, la paix et la sécurité dans cette région. Une région aujourd’hui riche en pétrole et suscite de nombreuses convoitises. Plusieurs sociétés pétrolières occidentales sont prêtes à y investir. A ce propos, les chefs coutumiers ACHOLLIS présents à Ri Kwangba, sont favorables à la signature de cet accord. D’où la LRA, ou l’absence d’un accord de paix, se présente actuellement comme le seul obstacle à ce projet. Un projet qui intéresse tous les pays frontaliers, notamment la RDC et l’Ouganda. Mais ce dernier pays est en train de mettre le gros paquet pour concrétiser «son ambitieux et gigantesque programme social ». Partant, l’Ouganda est prêt à tout et ne lésinera pas sur les moyens.

LE DIALOGUE POUR UNE PAIX DURABLE

De ce qui précède, il revient particulièrement à la République démocratique du Congo de s’impliquer dans la résolution de cette crise en invitant toutes les parties ougandaises au dialogue. Celles-ci, on le sait, ont bien commencé et sont même très avancées dans ce processus de réconciliation nationale. Seul le dialogue leur permettra d’asseoir une paix durable sans embraser toute la sous-région.

C’est dans ce contexte que la République démocratique du Congo devra s’appuyer sur la Tripartie Plus, cadre mis en place par l’accord Washington et qui regroupe, outre la RDC, l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi. Sans oublier bien sûr l’Accord de Ngurdoto, entre la RDC et l’Ouganda.

C’est dans ces structures que des pressions doivent être exercées, avec la contribution des Etats-Unis, en vue de démontrer à Joseph Kony la nécessité de signer cet accord. Le but est de parvenir à une paix durable dans la sous-région sans chercher à porter encore des accusations contre les pays voisins.

Publicité
Commentaires
VIGILANCE RDC
  • un lieu d'échange et de partage sur ce qui fait l'actualité en RDC. Nous souhaitons ainsi établir une passerelle entre les Congolais, les amis du Congo et tous ceux qui veulent oeuvrer pour influer sur la destination de la RDC.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Publicité