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VIGILANCE RDC
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21 mai 2008

Réforme de l’Armée : des inquiétudes

Militaires_FARDC

Le programme Amani progresse, laisse-t-on entendre. Les cinq chantiers vont bientôt entrer en activité. L’année prochaine sera marquée par l’organisation des élections locales pour parachever le processus électoral. Mais entre-temps, où en est-on avec les réformes prioritaires, plus particulièrement celle de l’Armée, de la Police et des Services de renseignements pour sous-tendre toutes ces actions ? La question mérite d’être posée à mi-chemin de cette législature. Surtout que le temps ne joue plus en faveur de la République démocratique du Congo, toujours au centre des grands enjeux divergents tant au plan régional que mondial.

La question de sécurité a toujours soulevé un débat houleux depuis la signature des Accords de Pretoria et Sun City. Parmi les objectifs assignés à la transition, il était également souligné l’accélération de la mise en place d’une « armée nationale et intégrée ».

Malheureusement, trois ans durant, l’on a tourné autour du pot pour des agendas cachés. Méfiants, les ex-belligérants ont préféré garder leur puissance de feu pour faire chaque fois monter les enchères dans l’intention certaine d’obtenir une victoire militaire en vue de s’emparer du pouvoir. Sinon, on ne comprendrait pas les raisons profondes des« combats de Kinshasa entre la Garde républicaine et les éléments de la garde rapprochée de Jean-Pierre Bemba ». Que dire aussi de toutes ces milices en Ituri, ces groupes armés au Nord-Kivu et la guerre qui s’en est suivie dans cette dernière province ? Comment expliquer cette impuissance à neutraliser les FDLR ?

Au terme de la Conférence de Goma, cette question liée à la réforme de l’armée s’est posée avec acuité. Les partenaires extérieurs ont saisi l’opportunité d’un retour de la paix pour interpeller le gouvernement afin qu’il accorde le bénéfice de l’urgence à la réforme de l’Armée, de la Police et des Services de renseignements. Ils n’ont pas hésité à affirmer leur disponibilité, celle des organisations internationales, pour accompagner le gouvernement congolais dans sa volonté d’élaborer une « vraie stratégie de sécurité nationale ». Ce qui doit se traduire par l’existence d’une armée véritablement nationale, apolitique, professionnelle et dissuasive. Pour eux, cette réforme de l’armée devient la priorité des priorités. Au sens exact du terme.

SOCLE DES INSTITUTIONS NATIONALES

A mi-chemin de cette législature, il est temps que l’on sorte complètement la tête du « schéma de la transition » pour poser des actes à impact visible. Au fait, l’un des premiers défis à relever demeure justement le retour effectif de la paix à l’Est du pays. Principalement au Kivu.

Cependant, ce retour de paix ne se fera pas à coups de « campagnes de sensibilisation ». Mais par des actions dissuasives sur le terrain pour restaurer la confiance auprès des populations. On ne peut donc relever ce défi avec une armée qui se cherche encore. C’est de l’illusion pour un pays qui sort d’une guerre complexe.

D’autre part, la restauration de l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du pays, la crédibilité des institutions provinciales et nationales, la réhabilitation d’une Justice juste sont tributaires de l’existence d’une « force » capable de faire respecter les lois de la République. L’Armée, comme on a tendance à le souligner, est le socle des institutions nationales. Elle joue un rôle important dans leur fonctionnement et assure leur stabilité.

Mais une fois de plus, pour un pays qui sort d’une guerre complexe, c’est sa capacité à faire face à d’autres impondérables politiques susceptibles de déstabiliser les institutions nationales qui importe. La République démocratique du Congo ne peut se permettre ce luxe de verser dans une naïveté indigeste, suicidaire et croire qu’il n’y aura plus de tempête. La « guerre du pétrole » qui ne dit pas encore son nom entre l’Ouganda et la RDC ; la présence des Fdlr et autres Interahamwe qui constituent un obstacle au développement national; l’autre présence nuisible des «Mbororo » ainsi que des éléments de la LRA en Ituri, voilà autant d’éléments à même de cacher une autre guerre en RDC. L’on serait d’ailleurs incomplet si l’on croit que le tollé soulevé par la signature de la Convention sino-congolaise dans le bloc occidental serait un fait divers. Ou encore les « vérités belgo-congolaises ».

Non. Ce tollé constitue un fait précédant « toute guerre économique » qui pourrait cette fois déboucher sur une troisième guerre mondiale. A-t-on songé à tous ces événements susceptibles de changer la Rdc et réfléchi comment y faire face pour survivre et ne pas disparaître en tant qu’Etat et Nation ?

STRATEGIE NATIONALE DE SECURITE

L’on nous dira que quelques pas ont été déjà effectués pour accélérer cette réforme au sein de l’Armée. Aussi, compte tenu du fait qu’il s’agit d’un secteur qui relève du « secret d’Etat », on ne peut se permettre une quelconque publicité.

Il est vrai qu’au niveau du ministère de la Défense, un travail important a été accompli, de concert avec quelques partenaires extérieurs. Notamment la Belgique et les Pays Bas.

En plus, l’évaluation de l’effectif exact des militaires est achevée. Entre-temps, le processus de brassage se poursuit, lentement. Mais toujours est-il que, sans pour autant se précipiter, il est temps que l’on s’impose un arrêt afin de se mettre d’accord sur l’approche générale à adopter. Au besoin, décider d’un ajustement des grandes lignes de la réforme de l’Armée.

Cette approche générale doit impérativement s’appuyer sur une « Stratégie de sécurité nationale ». Pour ce faire, prendre date avec ce qui s’est passé chez nous et dans d’autres pays. Il faudrait donc éviter que cette stratégie soit élaborée autour d’une personnalité. Le Zaïre de Mobutu avait commis cette erreur. Les FAZ ont été vite défaites face à un groupe armé déterminé. On en dirait autant du Rwanda de Habyarimana, du Burundi de Buyoya et Bagaza. Dernièrement, l’armée régulière tchadienne a été surprise par la force de pénétration des rebelles tchadiens. De même l’armée régulière de la Rca a du mal à en finir avec les rebelles centrafricains. Sans minimiser l’interférence et le soutien des forces étrangères dans la plupart des cas, ces « armées régulières », faute d’une « stratégie de sécurité nationale », remportent rarement des victoires militaires. Et souvent, cette obsession de conserver le pouvoir suscite cette «peur » vis-à-vis des réformes.

Or, l’avantage de cette stratégie vise à doter les pays d’une armée réellement nationale, dépersonnalisée et motivée. Tel le cas en Afrique du sud, Angola. Nous en dirions autant des pays de la vieille démocratie qui ont expérimenté la chose bien avant nous. C’est le cas de la France, des Etats-Unis, de l’Allemagne, de la Chine… pour ne parler que d’eux, ...

La crainte, c’est de voir deux approches s’affronter. En Afrique, on le sait, la pyramide du pouvoir s’appuie sur l’armée et les finances. Du moins, jusqu’à preuve du contraire. Celui qui a l’armée, a le pouvoir. Mais les « groupes identitaires » opposent à cette approche, leur conception d’une armée, soit disant, nationale, mais placée sous leur contrôle pour des raisons faciles à deviner. Ces deux approches, si elles s’affrontent actuellement en RDC peuvent constituer un « véritable blocage » pour la restructuration de l’armée congolaise. D’où des inquiétudes et cette lenteur observées dans ce processus de réforme de l’Armée.

RELANCE DU DEVELOPPEMENT NATIONAL

Au bout de cela, c’est le devenir de la Nation qui est en train de se jouer. Sans une armée à même de faire face, par ces temps qui courent, aux premiers impondérables de la politique qui peuvent subvenir à tout moment, les institutions nationales sont vulnérables. Par voie de conséquence, il sera difficile de relancer le développement national, de concrétiser les cinq Chantiers.

L’heure est donc grave. Il faudrait que les décideurs du pays en prennent conscience et quittent les vieux sentiers battus de la « transition ». Tout simplement parce que la République démocratique du Congo demeure au centre des grands enjeux internationaux. Donc, pas du tout à l’abri de la boulimie de quelques puissances occultes, obsédées par ce « pouvoir de domination » de conquérir de nouveaux espaces économiques et des terrains fertiles destinés à leurs funestes expériences politiques et militaires.

Il s’agit d’une question de vie ou de mort pour un Etat. Partant, le temps presse pour l’accélération de la réforme de l’Armée, la Police et les services de renseignements.

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