RDC : Affaire passeports ordinaires : qui entretient le flou ?
La question de la rareté des passeports ordinaires qui perdure depuis plus de sept mois continue à défrayer la chronique au sein du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale. Il s’observe que jusqu’aujourd’hui, aucune solution n’est en vue. Et du côté du ministère des Affaires étrangères, service attitré pour la délivrance des passeports, et du côté de l’Hôtel des monnaies, fournisseur dudit document. Ladite solution tarde à venir que finalement les appels à la patience risquent de ne plus être acceptés. D’aucuns commencent à réaliser qu’il s’y trame un flou délibéré de la part des uns et des autres. C’est-à-dire de tous les services qui interviennent dans la délivrance de ce document qui n’est au fait qu’un document administratif. Il s’agit du ministère des Affaires étrangères, de la DGRAD, de l’ANR, du ministère des Finances et enfin de l’Hôtel des monnaies.
En effet, selon les fonctionnaires du ministère, il y a bel et bien un flou délibéré entretenu entre le ministère des Affaires étrangères, l’Hôtel des monnaies, imprimeur-fournisseur et tous les autres services intervenants, en l’occurrence le ministère des Finances et la DGRAD. Le drame, c’est que ce flou bloque impunément le fonctionnement de l’Etat dans ce secteur en général, du ministère des Affaires étrangères, grand perdant, en particulier. Ajouter à cela la population congolaise qui ne sait plus se déplacer vers l’étranger parce que non détentrice de passeport ordinaire.
Qu’est-ce qui se passe réellement entre le ministère des Affaires étrangères et l’Hôtel des monnaies ? Selon les sources proches de ce ministère, si depuis janvier 2008 à ces jours, la solution à la rareté des passeports n’est toujours pas trouvée, le goulot d’étranglement, c’est l’Hôtel des monnaies qui n’a pas honoré ses engagements. Sur une commande de 100.000 passeports présentée en 2007 par le ministère des Affaires étrangères, l’Hôtel des monnaies n’a pu livrer que 47.000 exemplaires. Au lieu de clôturer la commande en livrant les 53.000 passeports restants (à laminage à chaud), l’Hôtel des monnaies va imprimer des passeports biométriques sans accord préalable du ministère des Affaires étrangères, son client. La conséquence, c’est que cette offre a été rejetée.
Ne voulant pas laisser les requérants dans une impatience interminable, les autorités des Affaires étrangères ont passé une commande auprès d’une firme française pour l’impression des passeports à laminage à chaud. Mais là aussi, il y a blocage parce que ce n’est pas le ministère des Affaires étrangères qui paie la facture. Ce rôle est assuré par le ministère des Finances. Encore faudrait-il que ce paiement figure dans les priorités de ce ministère.
INTERVENTION DU CHEF DE L’ETAT REQUISE
Les requérants dont les chiffres avoisinent déjà les 40.000 estiment que le chef de l’Etat ne peut pas rester insensible face à cette crise qui perdure. Au risque de croire que la République démocratique du Congo est un Etat qui fonctionne sans coordination de l’action gouvernementale. Des instructions précises doivent être données à tous les services en amont comme en aval pour que s’arrête le flou. Peut-on se rendre compte du manque à gagner que réalise le ministère des Affaires étrangères pendant toute la durée de la rareté des passeports ordinaires ? Et que faut-il dire de la population qui reste bloquée ? Combien de cas des décès n’a-t-on pas enregistrés faute de passeports pour une évacuation vers l’étranger ?
Toutes ces questions doivent interpeller le chef de l’Etat qui a placé son mandat sous le vocable de la reconstruction concentrée dans les cinq chantiers de la République.
DES PASSEPORTS DE SERVICE COMME PALLIATIF
De sources proches du ministère des Affaires étrangères, en attendant le lot qui viendrait de la France, l’on fait usage du passeport de service comme solution de rechange. Ce document est utilisé sous la forme de tenant-lieu dans des cas d’urgence justifiée. Il se fait que beaucoup d’ambassades n’acceptent pas cette procédure qu’elles considèrent irrégulière. D’où le problème reste entier dès lors que la solution ne sera toujours pas trouvée.
Source : Le Potentiel/Kinshasa