Les combats opposant les FARDC aux éléments du CNDP du rebelle Laurent Nkunda se déroulent désormais à 20 km de Goma, chef-lieu de la province du Nord Kivu. Ces combats ont repris hier mardi 28 octobre 2008 à Rubare, à près de 7 km de Rutshuru-centre à Kalengera près de Tongo, à Rugari à près de 30 Km de Rutshuru-centre et à Kibumba, à une vingtaine de kilomètres de Goma.

Pendant ce temps, à Kinshasa, on a assiste à des liesses populaires dans des cabinets ministériels, après la nomination des membres du gouvernement : champagne, bière, casse-croûte sont au rendez-vous. A l'Est du pays, on vit un drame humanitaire qui ne dit pas son nom. Des populations entières sont sous les feux nourris des belligérants.

Selon des sources sûres, les combats à Kibumba se déroulent au niveau des antennes de communication cellulaire. Plusieurs autres déplacés qui étaient dans cette région continuent à faire mouvement vers Goma. Des milliers des familles sont amassées à Kibati, à une dizaine de kilomètres de la ville de Goma.

Dans une interview accordée hier matin à radiookapi.net, le gouverneur du Nord-Kivu Julien Paluku parle de drame humanitaire. Il indique qu'avec ces affrontements, le nombre de déplacés est passé actuellement au delà de 2 millions dans la province du Nord-Kivu.

Les populations de Rutshuru-Centre, Kiwanja et Rubaya à près de 75 Km au nord de Goma fuient leurs milieux. Selon les mêmes sources, ce mouvement de déplacement qui a commencé lundi soir se poursuit encore ce mardi matin. Certaines familles se dirigent à Kanyabayonga. D'autres ont pris la direction de Butembo, au nord de Goma.

Situation humanitaire déplorable !

" La situation humanitaire est dramatique ", a précisé, hier mardi, le gouverneur de la province du Nord-Kivu, Julien Paluku. Car, des milliers de déplacés qui étaient dans la région de Kibumba, à 30 kilomètres au Nord de Goma, continuent d'arriver à Kibati, Kanyarutchinya et Munigi, à plus de 10 kilomètres de Goma, au Nord, dans le territoire de Nyiragongo.

" Nous atteignions maintenant plus de 2 millions de déplacés dans toute la province. Ça fait le tiers de la population du Nord-Kivu. Et moi, je considère que c'est un drame humanitaire qui vient de s'ajouter au 6 millions de morts que nous avons déjà connus depuis que la guerre a commencé. Et je me dis finalement, il faudrait combien de morts, il faudrait combien de déplacés pour que la Communauté internationale soit interpellée, de manière à mettre fin à ce drame! Je crois que, la Communauté internationale et tous les partenaires qui sont concernés par la crise au Congo, doivent mettre les bouchées doubles pour que ce drame soit arrêté et que finalement, les gens retrouvent la paix ", a insisté le n°1 de la province.

Pendant ce temps, prise pour cible, la Monuc a maille à partir avec la population de Goma qui a manifesté lundi contre " la passivité de l'organe onusien qui ne sécurise pas la population ".

Mais Alan Doss, le chef de la Monuc a indiqué que la mission onusienne en RDC a toujours veillé au respect de la ligne de désengagement au front entre les belligérants. Alan Doss affirme que, de part et d'autre, il y a un peu d'incompréhension qu'il faudrait coûte que coûte aplanir pour arriver au résultat attendu, c'est-à-dire à la paix.

" Nous nous sommes entretenus à plusieurs reprises avec les FARDC pour insister qu'elles se redéploient dans les lignes de désengagement tel que préconisé par le plan de désengagement adopté par le gouvernement congolais. Et donc, chaque fois que nous étions informés d'une telle situation, nous sommes intervenus auprès du gouvernement. Et, à plusieurs reprises, malgré les réticences, il y a eu un redéploiement. Le CNDP doit aussi respecter la même ligne. Dans plusieurs cas, je pense qu'ils l'ont fi. Cette fois-ci, j'espère qu'on respectera ces lignes de désengagement, pour nous permettre ensuite de créer des zones de séparation. Avec ces zones de séparation, on peut réduire les tensions, éviter des conflits inutiles, avec des morts et des blessés, et stabiliser les populations déplacées, parce que c'est eux qui en souffrent le plus. "

Devant ce conflit, le numéro un de la Monuc a demandé aux ambassadeurs représentants des pays membres du Conseil de sécurité de s'impliquer davantage dans les résolutions des conflits dans le Nord-Kivu. C'était au cours d'une réunion qu'il a tenue, lundi 27 octobre 2008, avec ces ambassadeurs au quartier Général de la Monuc à Kinshasa.

Première réunion

A Kinshasa, les choses vont vite. La guerre dans l'Est n'a pas empêché les ministres et les vice-ministres de se réunir à la primature, lundi 27 octobre autour du 1er ministre Adolphe Muzito. Il a réuni les ministres et vice-ministres à huis clos en vue d'une présentation préalable. Il n'y a pas eu de compte rendu. Mais, à l'issue de cette rencontre, quelques ministres ont fait savoir à la presse les priorités de leurs secteurs, indique radiookapi.net

Sourires aux lèvres, accolades, félicitations réciproques, telle est l'ambiance qui a régné à la primature. Ministres et vice-ministres se sont présentés, avant de s'exprimer à la presse. Selon certains ministres, la réunion a porté sur deux grandes priorités du gouvernement, notamment les reformes et la reconstruction nationale.

Parmi les priorités, le gouvernement va s'attaquer à "l'amélioration des conditions de vie de la population, avec des projets et résultats visibles en leur faveur, la reforme du portefeuille de l'Etat, de la justice, de l'armée ainsi que le rétablissement de l'intégrité territoriale".

Contacté, Alexis Thambwe Mwamba, ministre des Affaires étrangères, a précisé que la diplomatie sera axée sur la guerre à l'Est. Pour ce faire, il a prévu une rencontre avec le président de la commission de l'Union africaine, le Gabonais Jean Ping, le lundi même : " Pour le moment, la priorité c'est la guerre. Nous allons commencer par la guerre ", a-t-il déclaré