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VIGILANCE RDC
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31 octobre 2008

L'Europe réticente à engager ses troupes e RDC

Union_europeenneFace au drame humanitaire au Nord-Kivu, en République démocratique du Congo (RDC), les Européens, divisés et peu enthousiastes à l'idée de s'impliquer militairement dans ce qui apparaît comme un bourbier régional, privilégient la recherche d'une solution diplomatique et politique. Les Etats-Unis apparaissent sur la même ligne.

Les appels se multiplient parallèlement pour un renforcement de la Monuc, la force onusienne déployée depuis 1999 en RDC. Sans que l'on sache très bien comment pourraient être accrus les effectifs (17 000 hommes, dont 6 000 dans le Nord-Kivu) de ce contingent, apparemment mis en grande difficulté sur le terrain.

Jeudi 30 octobre, les responsables occidentaux semblaient placer leurs espoirs dans le cessez-le-feu observé par les forces armées du rebelle tutsi congolais Laurent Nkunda. Son offensive contre l'armée régulière l'a amené aux portes de Goma, une ville d'un million d'habitants où le contingent de la Monuc ne compte que 800 hommes. La situation humanitaire reste "catastrophique", selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

La journée de jeudi a été marquée par un chassé-croisé de missions diplomatiques de l'ONU, de l'Union européenne (UE) et des Etats-Unis vers Kinshasa, capitale de la RDC, et vers Kigali, capitale du Rwanda voisin qui soutient la rébellion de Laurent Nkunda. Le président de l'Afrique du Sud doit en outre se rendre dans la région. L'un des objectifs visés par la communauté internationale est d'organiser une rencontre, dans les jours qui viennent, en Tanzanie, entre le président congolais Joseph Kabila et son homologue rwandais Paul Kagamé. L'UE avait dépêché en 2003 une force armée d'environ 2 000 hommes en RDC, la force "Artémis", chargée de stabiliser la province de l'Ituri. Cette fois, elle n'apparaît pas vouloir s'engager sur une telle voie.

Aucun pays européen, à part la Belgique, ancienne puissance coloniale au Congo, ne s'est clairement prononcé pour un engagement militaire au sol. Le chef de la diplomatie belge, Karel De Gucht, a parlé, jeudi, de l'envoi "2 000 à 3 000 soldats bien équipés", estimant qu'"une action militaire européenne (avait) du sens". Les Britanniques et les Allemands s'opposent à un tel scénario. De son côté, la France a recadré sa position. Mercredi, le ministre des affaires étrangères, Bernard Kouchner, s'était prononcé pour l'envoi au Nord-Kivu de "400 à 1 500 hommes" issus d'un contingent de l'UE utilisable en cas de crise (le Groupe tactique). "On pourrait (le) déployer au nom de l'Europe dans les huit à dix jours", avait-il dit.

Mais jeudi, à l'issue d'une réunion au Quai d'Orsay avec le chef de la diplomatie européenne, Javier Solana, en présence du conseiller diplomatique de l'Elysée, Jean-David Lévitte, le ministre français se montrait beaucoup plus prudent. "Il ne faut pas imaginer que des troupes européennes vont se battre aux côtés de la Monuc", déclarait-il. Il précisait que si l'UE devait lancer une opération, celle-ci serait d'ordre "technique et humanitaire", en acheminant, par exemple, de l'aide vers l'aéroport de Goma. La "priorité numéro un" de l'UE est "l'humanitaire", a insisté M. Solana. Les ambassadeurs des pays de l'UE devaient se réunir, vendredi, à Bruxelles, pour évoquer cette question. Selon le secrétaire d'Etat britannique aux affaires étrangères, Mark Malloch Brown, il est "trop tôt pour dire" si le déploiement d'une force européenne est "nécessaire". "La solution est la mise en oeuvre de l'accord politique déjà existant", a-t-il déclaré, jeudi, en référence à un texte signé début 2008 par les parties en conflit dans la région de Goma.

L'un des obstacles à une action européenne musclée, disent des diplomates, tient au souvenir du génocide rwandais de 1994, et au rôle que la France est accusée, par le régime rwandais de Paul Kagamé, d'avoir joué à l'époque. "Tout le monde n'est pas convaincu de la nécessité impérieuse de participer à une opération militaire à la frontière du Rwanda, dans des conditions qui rappelleraient quelques souvenirs pénibles", commente un diplomate européen. Plutôt que de s'immiscer entre l'armée congolaise et les rebelles tutsis, l'UE semble donc se diriger vers un envoi de vivres et de médicaments, en sécurisant l'opération. Le rôle de maintien de la paix devant revenir à la Monuc, la plus grande force de l'ONU déployée dans le monde, mais qui se trouve, dans cette crise, très affaiblie.

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