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VIGILANCE RDC
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17 décembre 2008

Fin d'année sombre

Fermeture des usines au Katanga. Contraction de la demande intérieure, suivie d’un renchérissement des prix intérieurs et d’une résurgence de l’inflation. Pression sur le Trésor public, avec l’explosion des dépenses dites de ‘souveraineté’ au regard des événements de l’Est d’un côté, et des dépenses courantes, de l’autre. L’urgence d’un plan de relance pour contenir les effets de la crise financière internationale, etc. La liste est bien longue pour décrire le drame qui s’abat, en cette fin d’année, sur l’économie congolaise. Au comble de ce désastre, la Banque centrale du Congo vient de tirer la sonnette d’alarme : l’économie congolaise est bien entrée en récession. Fin d’année sombre.

L’année 2009 promet d’être pire que 2008. Dans sa dernière livraison des « Notes de conjoncture », la Banque centrale du Congo vient de tirer la sonnette d’alarme. En effet, comme sur le front politique, dominé jusqu’à ce jour par de graves tensions qui sévissent à l’Est de la République démocratique du Congo, les nouvelles reportant la situation économique, financière et monétaire de la République démocratique du Congo, en cette fin d’année 2008, sont bien alarmantes.

La Banque centrale du Congo, relayée, dans ses prédictions par l’Assemblée nationale, a été la première à en faire mention dans sa dernière livraison des « Notes de conjoncture », datant du 1er décembre 2008.

La récession est bien là

Rendant compte de l’état de développement économique récent, la Banque centrale note que : « Le fléchissement de la croissance économique des principaux paramètres s’est traduit par le repli de leur demande constitué de leurs importations (constituant nos exportations) et de leurs investissements tant directs que de portefeuille » . « La conséquence prévisible, poursuit-elle, est le ralentissement de la croissance économique de la RDC en raison de la baisse aussi bien de l’activité de production intérieure que de la demande intérieure tant privée que publique dépendant de ses investissements. (…). Entre fin juin et fin octobre, la croissance économique a été implicitement de -2,7% : Ainsi, sur quatre mois consécutifs, le taux de croissance a été négatif », note ce rapport..

Déduction faite de tout ce qui précède, la Banque centrale est explicite : « S’il est établi que, sur les deux derniers mois cette tendance va se poursuivre, l’économie congolaise alignera une croissance négative induite sur six mois d’affilée. La période de juin à décembre 2008 serait ainsi marquée par la récession ».

L’affirmation n’est pas celle d’un expert indépendant ou d’une maison spécialisée. Elle émane bel et bien de la Banque centrale du Congo, autorité monétaire de la RDC et conseiller du gouvernement en matière économique et monétaire. La récession est là. C’est le message que veut faire passer la Banque centrale, non certainement pas pour susciter un vent de panique ou une quelconque polémique sur « ses déficits chroniques », mais plutôt pour inviter les acteurs de chaque compartiment à se ressaisir pour parer au plus pressé. C’est-à-dire, sauver l’économie congolaise d’un désastre qui anéantirait en temps record les efforts de stabilisation entrepris depuis 2001.

L’éveil parlementaire

Vigilante, l’Assemblée nationale a bien saisi le message. A la clôture de sa session ordinaire de septembre le lundi 15 décembre 2008, son président, Vital Kamerhe, a évoqué le sujet. « L’alerte donnée par la Banque centrale sur le taux de croissance négatif au dernier trimestre de cette année doit attirer notre attention en tant qu’autorité budgétaire », a déclaré Kamerhe. Que le président de l’Assemblée nationale ait brodé autour du sujet ne serait nullement le fait d’un pur hasard. Economiste de formation, l’homme sait qu’il y a danger à l’horizon. Autant prévenir avant que l’édifice ne sombre.

Car si l’économie congolaise s’enlise dans la récession, cela voudrait dire que le gouvernement doit revoir sensiblement son plan de recettes, et par conséquent des dépenses dans le projet de budget 2009.

Pourquoi ne pas être inquiet lorsque le Fonds monétaire international, surveillant de la stabilité monétaire international, signale, par son directeur général, Dominique Strauss-Khan, que « la crise financière est mondialisée, et aucun pays n’échappera à ses effets qui seront pires en 2009 que cette année ». « Cela est vrai de partout, pour le monde entier, aux Etats-Unis, en Europe, le FMI prévoit une croissance négative l’an prochain », a-t-il souligné.

Or, les effets de la crise se conjuguent en termes de contraction de la demande, notamment en termes de consommation intérieure, baisse des investissements, et pour le cas de la RDC, effritement des exportations par le fait de la baisse des importations dans les pays acheteurs. L’on devrait donc s’attendre au pire dans les jours à venir. L’Assemblée nationale ne s’en est pas cachée, se référant - et elle ne se trompe pas sur ce point à l’expertise avérée de la Banque centrale. Que reste-t-il donc à faire ?

C’est sans doute vers le gouvernement qu’il faut tourner le regard. Car, la récession ne vient que s’ajouter aux malheurs récurrents qui rongent déjà l’économie congolaise.

Décidément, pour ceux qui croyaient que la RDC était épargnée de la crise financière internationale, ils doivent déchanter. « Les faits économiques sont têtus », aimait à rappeler un professeur de la faculté des sciences économiques et de gestion de l’Université de Kinshasa. Le gouvernement s’en est détourné, en feignant de marginaliser l’impact intérieur de la crise financière. Il est finalement rattrapé par le temps. Les effets - qui promettent d’être dévastateurs - sont bien là. Il faut parer au plus pressé pour épargner l’activité économique interne d’une éventuelle paralysie.

Le FMI a également réalisé de l’imminence d’une action. C’est ce qui explique la présence à Kinshasa depuis une semaine des experts de son département Afrique. Il s’agit d’entamer des discussions avec les autorités congolaises pour avoir une conclusion cohérente qui va servir de base à la discussion sur la possibilité d’accorder à la RDC une assistance par rapport à la crise financière internationale. Il s’agit d’aider la RDC à accéder aux ressources prévues dans sa Facilité de protection contre les chocs exogènes, soit près de 200 millions Usd, a dit Brian Ames, chef de mission en RDC.

Si de l’extérieur, l’on veut déjà aider la RDC à se prémunir du drame qui pourrait s’abattre sur son économie, de l’intérieur on ne doit pas donner l’impression d’avoir les yeux ailleurs, alors que la situation a tout l’air de s’empirer.

Que faire ?

Le gouverneur de la Banque centrale du Congo propose des pistes de sortie de crise : « Pour amortir le choc (Ndrl : de la crise financière internationale), la RDC ne doit pas se contenter des effets induits, des plans de sauvetage arrêtés par la plupart de ses partenaires. Elle doit, d’une part, poursuivre les réformes structurelles déjà engagées, et engager de nouvelles réformes, et d’autre part, prendre des mesures d’ajustement conjoncturel tant sur le plan monétaire que budgétaire ».

Mais, plus loin Jean-Claude Masangu se rappelle du grand tournant. Car, il est sûr que rien ne pourra réussir tant que la RDC ne sera pas en programme formel avec le FMI. Ainsi, précise-t-il, qu’ « il faut donc lever tous les obstacles empêchant la conclusion rapide d’un programme formel avec le FMI. Qui dit programme formel dit décaissement des appuis budgétaires à la balance des paiements et au budget ».

En cette période de récession, l’économie congolaise aura besoin de ces appuis budgétaires - à l’instar d’autres pays où s’est déclarée la récession bien avant la crise financière - pour se relancer. Seul l’Etat peut se hasarder sur cette voie. Mais, où trouvera-t-il les moyens pour parvenir à cette fin ?

C’est l’équation à multiples inconnues, certes, que devra résoudre le Premier ministre Adolphe Muzito pour contenir les tensions économiques qui profilent pour l’année 2009. Tant il est vrai que les perspectives sont bel et bien sombres. Alors, trêve d’illusions

source : le potentiel/kinshasa

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