En cas de dissolution de l'Assemblée nationale
La rumeur commence à prendre de l'ampleur. Selon des sources dignes de foi, un montage serait en train d'être concocté pour amener le Président de la République à dissoudre l'Assemblée nationale. Selon ces sources, c'est pour " punir " les députés devenus trop indépendants et manipulés à souhait par leur président que les concepteurs de ce scénario fondent leur argument. Il est peut-être facile de convaincre le chef de l'Etat à suivre cette voie. Mais mesure-t-on les graves conséquences qui découleraient de la déstabilisation de l'Assemblée nationale, institution constituée exclusivement des personnes à qui le peuple congolais a conféré un mandat ?
D'abord il y a la donne financière. Conformément à la Constitution, en cas de dissolution de l'Assemblée nationale, le gouvernement devait impérativement organiser de nouvelles élections législatives endéans 90 jours. Où l'exécutif congolais trouverait-il des fonds nécessaires pour gagner un tel pari lorsqu'on sait que les élections locales et municipales risquent de ne pas avoir lieu faute de financement ? A quel scénario assisterons-nous si, après la dissolution de la chambre basse du parlement, le gouvernement se trouverait dans l'impossibilité de mettre en place une autre assemblée ? Sans doute à un chaos indescriptible dont personne ne devrait mesurer les conséquences.
Ensuite, il y a l'aspect politique dont les initiateurs du montage devaient nécessairement tenir compte. L'actuelle assemblée nationale est constituée majoritairement de l'Amp, l'Udemo, le Palu et le groupe des indépendants alliés à l'Amp. Rien n'est sûr qu'en organisant des élections anticipées cette coalition conserverait sa majorité. Il faut donc réfléchir par deux fois avant de s'engager sur cette voie qui risque de sonner l'hallali de certains apprentis politiciens.
Que reproche-t-on à la représentation nationale ?
Pour dire vrai, ceux qui souhaitent la dissolution de l'Assemblée nationale visent plus la tête de son président Vital Kamerhe que l'institution elle-même. Mais n'ayant pas les moyens d'obtenir la tête de l'organe législatif les tireurs des ficelles préfèrent démolir toute la maison. Mais quels griefs retient-on en charge du président de l'Assemblée nationale, lui qui se démène tant comme un diable dans un bénitier pour maintenir son institution au milieu du village contre vents et marrées ? Combien de dossiers délicats concernant la vie de la nation n'ont-ils pas trouvé d'issue heureuse grâce à son sens élevé de compromis ? L'accuser aujourd'hui de manipuler et pousser les députés à la " désobéissance " serait couvrir d'opprobre les élus du peuple considérés comme de petits enfants que Kamerhe peut diriger comme il l'entend.
Le fait que cette nouvelle d'une possible dissolution de l'Assemblée nationale s'accroisse en ce moment n'est pas étranger aux attaques dont le président de l'Assemblée nationale est victime de la part de certains acteurs politiques qui l'accusent de s'être désolidariser du gouvernement sur le dossier de la présence de l'armée rwandaise en RDC.
C'est ici l'occasion d'interpeller les politiciens congolais sur leurs responsabilités. Ils devaient savoir faire la distinction entre leurs propres intérêts et ceux de la nation.
Vouloir créer à chaque instant un antagonisme entre l'Assemblée nationale et le gouvernement, c'est bloquer le fonctionnement harmonieux de deux principales institutions du pays. Dans un tel contexte il est inimaginable d'envisager la matérialisation de cinq chantiers de la République, programme quinquennal sur lequel est basé le mandat de Joseph Kabila.
Ce qui nous pousse à poser cette question : est-ce l'échec de Kabila ou de Kamerhe que les tenants de la thèse de la dissolution de l'Assemblée nationale veulent ? L'histoire nous le dira plus tard