Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
VIGILANCE RDC
Archives
4 février 2009

Une question au Premier ministre

MuzitoAu cours de la semaine dernière, le ministre du Budget a réuni les contrôleurs et les gestionnaires des crédits des services publics de l'Etat. Pour, a-t-on appris, leur communiquer, d'abord, la mise en place les concernant et, ensuite, les nouvelles instructions relatives à l'exécution du Budget 2009.

Les contrôleurs et les gestionnaires rencontrés à l'issue de la réunion affirment n'avoir trouvé aucune innovation dans ces instructions qui, du reste, sont, selon eux, une photocopie conforme de celles de 2007.

En ayant écouté ces gens et sachant ce que nous savons dans ce domaine du budget, nous demeurons persuadé que le problème en cette matière, comme dans tous les autres secteurs de la vie nationale d'ailleurs, ne se pose pas en termes de textes ou d'instructions, tout importants soient-ils.

Selon nous, en effet, ce problème est tout à fait ailleurs parce que l'existence des instructions en matière d'exécution du budget n'a jamais empêché les détestables tripatouillages d'enfler et de se complexifier, année après année. Et d'affermir la RDC, notre pays, dans l'avant-garde des Etats prédateurs.

Nous le savons tous, l'autorité budgétaire chez nous, c'est bien l'Assemblée nationale. A ce titre, le peuple congolais attendrait de cette institution qu'elle s'organise, du mieux qu'elle peut, pour exercer un contrôle permanent et rigoureux sur la traçabilité de chaque franc qui entre dans les caisses de l'Etat et qui en sort. Malheureusement, aux dires des initiés, ce contrôle ne se fait pas ou quand il se fait, il se fait vaille que vaille.

Pour des raisons faciles à deviner : en RDC, c'est dans ce circuit du budget où, comme dit Pierre Calame, les détenteurs du pouvoir et assimilés réalisent parfaitement leur unique projet, celui de tondre la bête au plus vite (La démocratie en miettes, une révolution de la gouvernance, Paris 2003, pp. 37-38).

A cet égard, demandons-nous ce que fait réellement la Cour des Comptes qui est, pourtant, un service technique de l'Assemblée nationale.

Il se passe donc des choses très déconcertantes en matière d'exécution du Budget. Ici, en effet, c'est comme dans la fable : les grands et les malins se servent copieusement en arrachant, comme dit l'évangéliste, à ceux qui n'ont rien même le peu qu'ils ont. Voici comment : aussitôt que la loi financière entre en vigueur, la machine infernale, disent les initiés, se met en branle.

Les crédits commencent à transhumer d'un service central à un autre service central ou d'un service provincial à un service central et vice-versa. Cela s'appelle opération-retour. De la même manière, les cabinets politiques, autorités budgétaires, s'organisent pour faire main basse sur les crédits de leurs administrations. Lesquelles, vers le mois de mai ou de juin, se voient répondre qu'elles n'ont plus de crédits, alors que quasiment tous les bons d'engagement introduits par elles n'ont point abouti.

Les conséquences sont connues : depuis des décennies, la plupart de ces administrations n'ont plus rien reçu aussi bien au titre de crédits d'équipement que de frais de fonctionnement. Enfin, lorsque l'on arrive au mois d'octobre, le glas sonne sur tous les crédits non engagés ; ils tombent en annulation, selon le langage de chez nous. Pour aller où ? Dieu seul sait.

C'est le lieu de signaler ici que, dans tous les services publics, autres que ceux des institutions politiques peut-être, les rares Bons qui aboutissent sont soumis à de terribles et grotesques conditionnalités.

En effet, à chaque poste que doivent franchir ces bons, il faut laisser des promesses très fermes de l'ordre de 10 à 30 %. Ou s'il s'agit d'une mission de service ou d'une Commission de travail, insérer les noms des responsables de ces postes dans les ordres de mission. Sinon, ça ne passe pas : c'est à prendre ou à laisser. Les frais sortis, ils empochent : au su et ou au vu des autorités compétentes.

Comme l'on peut s'en rendre compte, ici, nous n'avons abordé que la partie visible de l'iceberg. Autrement dit, nous n'avons pas oublié le domaine effroyablement ténébreux des marchés bidon. Là où l'Etat paye, même deux ou trois fois, pour des fournitures jamais vues.

Là où il réceptionne des ouvrages jamais exécutés, en moitié exécutés ou exécrablement exécutés. Maintenant, notre question au Premier ministre est celle-ci : l'ordre et la vertu ont-ils encore un avenir en RDC ?.

Publicité
Commentaires
VIGILANCE RDC
  • un lieu d'échange et de partage sur ce qui fait l'actualité en RDC. Nous souhaitons ainsi établir une passerelle entre les Congolais, les amis du Congo et tous ceux qui veulent oeuvrer pour influer sur la destination de la RDC.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Publicité