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VIGILANCE RDC
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11 février 2009

Nord-Kivu: "On peut se poser des questions sur le rôle de la Monuc"

Les combats qui opposaient le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) aux forces gouvernementales congolaises, dans le Nord-Kivu, ont pris fin le 16 janvier dernier. Thierry Cornillet, député européen (Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe) et rapporteur permanent du Parlement européen pour l'aide humanitaire, revient d'une mission en République Démocratique du Congo. Il témoigne pour LEXPRESS.fr.

Près d'un mois après la fin des combats, quelle est la situation humanitaire dans le Nord-Kivu?

Elle n'est pas réjouissante. Il s'agit quand même de la deuxième plus grave crise humanitaire au monde. Elle touche près de 800000 personnes en République Démocratique du Congo, dont 500000 au Nord-Kivu, mais il ne faut pas oublier qu'elle concerne également 150000 civils au Sud-Kivu, et autant dans la région du Nord-Uélé (zone orientale). Les camps humanitaires ne sont pas immenses: 30% seulement des déplacés y vivent. Tous les autres sont recueillis par la famille ou des amis mais n'ont aucun moyen de subsistance. 

Quelles sont les priorités dans l'aide internationale?

Le retour des déplacés est une demande pressante mais on ne peut y répondre qu'après s'être assuré que les conditions sécuritaires et économiques (avec l'achat de kits de cuisine, de semences, etc) sont remplies.

La malnutrition reste problématique et une certaine éducation à l'alimentation est nécessaire. Les nombreux pillages laissent peu de bétails et de denrées aux habitants mais les capacités agricoles des terres congolaises pourraient permettre un redémarrage rapide. Des poches endémiques de choléra ou de rougeole sont malheureusement signalées, et viennent s'ajouter à la persistance de la malaria dans la région. Enfin, il y a les questions plus politiques : l'impunité pour les porteurs d'uniformes, comme pour ceux qui commettent des violences sexuelles. 

La Mission de l'ONU pour le Congo (Monuc), forte de 17000 hommes, n'a-t-elle pas prouvé sa totale inefficacité sur le terrain?

En effet, on est en droit de se poser la question. Surtout au regard de l'argent investi. L'entretien de ces forces coûte, annuellement, 1,2 milliard de dollars. Ce qui représente, à titre de comparaison, un tiers du budget congolais. Et les résultats ne sont pas au rendez-vous. Une plus grande intervention, notamment sur le plan humanitaire, aurait été souhaitable. D'autant que la Monuc agit sous le chapitre 7 de la Charte des Nations-Unies, c'est-à-dire qu'il lui est permis d'intervenir militairement pour protéger des civils.

L'Union européenne, sous la présidence française, a tergiversé concernant l'envoi de troupes sur le terrain. De quelle manière l'Europe va-t-elle s'impliquer dans la crise humanitaire au Nord-Kivu?

Si c'est pour faire comme la Monuc, effectivement, l'envoi de troupes européennes aurait été inutile. Sur le plan économique, en revanche, l'Union européenne intervient concrètement. Sur les 600 millions de dollars qu'a coûtés l'aide humanitaire en RDC en 2008, l'Europe a apporté un tiers des fonds. En 2009, l'aide est estimée à 830 millions de dollars, et nous comptons en assumer, peu ou prou, le même pourcentage.

Le Rwanda et la République Démocratique du Congo ont uni leur force dans la traque des rebelles hutus des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), décapitant du même coup l'armée tutsi de l'ex-général Laurent Nkunda. Pérenniser la coopération entre les deux pays est-il le gage d'une stabilité dans la région?

Oui. Tout d'abord, il apparaît crucial de ne pas toucher aux frontières. Ensuite, il faut que les deux pays aient des choses à mettre en commun, comme la France et l'Allemagne après la seconde guerre mondiale, ce qui limiterait l'intérêt d'un nouveau conflit. Mon inquiétude actuelle concerne le déplacement des rebelles hutus, pourchassés par les forces rwandaises et congolaises. L'avancée des forces gouvernementales se fait d'est en ouest dans le Nord-Kivu, ce qui pourrait amener les rebelles hutus à descendre vers le Sud-Kivu, région qui connaîtrait alors des drames similaires

Source : l'Express/Paris

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