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VIGILANCE RDC
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20 février 2009

Kabila et Kagame jouent leur avenir

KblaKgmeLes opérations militaires conjointes semblent avoir atteint leur vitesse de croisière. Cela s’observe avec la destruction de plusieurs bases des FDLR dans le territoire de Rutshuru et tout récemment la prise de la localité de Nyabiondo, jusque-là considérée comme l’une des places fortes des rebelles Hutu rwandais dans le territoire de Masisi. La satisfaction du côté rwandais est curieusement grande, de sorte que lors de la séance plénière consacrée à l’évaluation de ces opérations, le ministre rwandais de la Défense avait été agréablement surpris d’entendre des parlementaires de son pays émettre une demande de prolongation de délai pour permettre la poursuite de ces opérations conjointes. Cette requête serait justifiée par le souci de régler une bonne fois pour toutes le contentieux sécuritaire qui empoisonne les relations entre Kinshasa et Kigali voici des décennies.

Agenda caché ou marché des dupes ? Cependant, cette euphorie a été aussitôt refroidie par le tout dernier rapport de l’Ong américaine Human Right Watch, qui accuse les rebelles Hutu d’être responsables des violations flagrantes des droits de l’homme par des viols des femmes et filles habitant les localités se trouvant dans le périmètre du « front ». Même si un doigt accusateur est braqué principalement sur ces rebelles Hutu rwandais, il convient de signaler qu’un avertissement sérieux a été adressé par le même rapport aux troupes régulières coalisées pour les mettre en garde contre tout dérapage sur les populations civiles non armées. Dans les salons politiques de Kinshasa tout comme dans certains états- majors aussi bien de la majorité que de l’opposition, le débat tourne autour de l’opacité de l’accord ayant abouti à ces opérations militaires conjointes. Cet accord violerait la Constitution de la République en ce qu’il a été conclu sans avoir été visé au préalable par le Parlement, tel que prescrit à l’article 214. Dans ces mêmes milieux, l’on évoque la peur que ressentiraient des millions des Congolais suite à la présence des éléments de l’armée régulière rwandaise tenus pour responsables de multiples violations des droits de l’homme pendant toute la période (1998-2003), où ils avaient combattu aux côtés du RCD, leur allié. La méfiance résulterait aussi de ce que l’on a appelé le Plan Sarkozy qui a fait couler tant d’encre et de salive, à telle enseigne que les relations diplomatiques entre Paris et Kinshasa en ont reçu un coup avec la convocation de l’ambassadeur de France à Kinshasa au ministère des Affaires Etrangères pour des explications à cet effet.
Selon les partisans de cette thèse, c’est pour éviter de revoir le Rwanda s’immiscer dans les affaires intérieures de la RDC que l’Assemblée Nationale avait adopté un plan de sortie de crise qui présentait plus de garantie sécuritaire pour les habitants, en proposant le recours aux troupes de la SADC pour contraindre les rebelles Hutu rwandais de quitter le territoire congolais. Et lors de sa dernière conférence de presse, Joseph Kabila est resté évasif sur la question de savoir quelles sont les garanties que les Rwandais lui ont données quant au retour de leurs troupes au bercail. Aujourd’hui, la réalité sur le terrain semble conforter les craintes de nombreux compatriotes. Des craintes encore renforcées par les manœuvres politiciennes concoctées par le noyau dur du PPRD pour faire partir par tous les moyens Vital Kamerhe, coupable à leurs yeux d’un crime de lèse-majesté, pour avoir été le premier à poser publiquement cette question qui fâche.

Le pari risqué de Kabila

Faisant d’une pierre deux coups, Joseph Kabila semble avoir recueilli des résultats satisfaisants. D’un côté, il est parvenu à obtenir le cessez-le-feu avec le CNDP de L. Nkunda et de l’autre, il a profité de l’affaiblissement visible du régime de Kigali au plan international pour l’amener à signer ce deal politique qui va enfin enlever le prétexte sécuritaire aux Rwandais. En échange, il a obtenu la neutralisation de L. Nkunda qui, fort de ses victoires militaires dans les collines de Masisi et Rutshuru, se voyait déjà à la tête de l’une des institutions de la République ou de l’armée, dans le cadre du partage équitable et équilibré du pouvoir.

Pressions internationales

Fatiguée par des guerres successives caractérisées par des violations des droits de l’homme avec des déplacements massifs des populations civiles non armées, des viols, des massacres répétitifs et des destructions méchantes, la communauté internationale a fini par sonner le toscain en intensifiant des pressions sur Kigali et Kinshasa. Deux Etats de l’Union Européenne, la Suède et les Pays-Bas, ont suspendu leur assistance financière à Kigali. On sait que le Rwanda n’est en mesure de produire qu’un budget de 25O millions de dollars Us par an sur les 5OO nécessaires à ses besoins internes. La suspension de cette assistance a sonné fort dans les oreilles des tenants du pouvoir à Kigali qui ont fini par se soumettre à la volonté des bailleurs des fonds. Dans le même lot, il sied de signaler les effets néfastes de deux mandats d’arrêt internationaux émis par deux juges d’instruction des pays de l’Union Européenne, à savoir le juge Bruguière et celui d’Espagne. Non seulement Paul Kagame est de moins en moins fréquentable, mais en plus, certains de ses lieutenants sont interdits de séjour dans plusieurs capitales occidentales. Preuve : l’arrestation en Allemagne de Rose Kabuye, chef du Protocole à la présidence de la République, alors qu’elle était en mission de service, munie d’un passeport diplomatique. Depuis quelque temps, des Ong occidentales de défense des droits de l’homme ne cessent d’attirer l’attention du régime de Kigali sur des violations des droits de l’homme, notamment le musellement des médias, les intimidations et les mesures de bannissement exercées sur certains acteurs politiques de l’opposition, les accusations mensongères d’avoir pris une part active au génocide, etc.… . C’est probablement pour sortir de cet étau mortel que Paul Kagame n’a pas hésité un seul instant à souscrire au deal politique que Joseph Kabila lui proposait. Connaissant son cynisme et son arrogance, l’homme fort de Kigali ne pouvait pas facilement mordre à l’hameçon sans se faire taper sur les doigts. Il donne l’impression d’être au bout du rouleau mais tout indique que c’est au bilan final que se détermineront l’avenir politique de Joseph Kabila et celui de son homologue rwandais. Car, si ces opérations échouent, il faudra alors passer à l’autre étape qui est celle des négociations politiques inter-rwandaises que redoutent les tenants du pouvoir à Kigali. Ou alors il faudra bien revenir au plan de sortie adopté à l’Assemblée Nationale congolaise.

Source : le Phare/Kinshasa

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