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VIGILANCE RDC
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7 mars 2009

Bas-Congo : le retour de la chasse dépeuple la forêt du Mayumbe

Dans le territoire de Mayumbe, au Bas-Congo, les chasseurs devenus très nombreux, tuent par tous les moyens, sans permis et sans discernement les animaux de la forêt, compensant ainsi la baisse de fertilité des sols qui ne produisent plus suffisamment. Une catastrophe pour la faune locale.

Chaque jour, aux petites heures du matin, les sentiers menant vers les forêts situées sur l’axe routier reliant les villes de Matadi et de Boma, dans la province du Bas-Congo (ouest de Kinshasa) grouillent du monde. Les uns, portant du gibier à la main, rentrent tout joyeux dans leurs villages ; d’autres, accompagnés de chiens grelottants, prennent la direction des forêts. "Ce sont des chasseurs", explique une paysanne, assise sur un tronc d’arbre. Vêtus de guenilles, fusils de chasse en bandoulière, petites besaces de fortune au dos…, ces chasseurs "ont pour la plupart tourné le dos depuis quelque temps à l’agriculture réservée maintenant aux vieillards", observe, triste, Colette Kobo, aide-accoucheuse dans un centre de santé situé sur cet axe routier.
A travers les villages de Mayumbe, jadis grenier de la province du Bas-Congo, la plupart des jeunes paysans ne jurent plus que par la chasse. Ils ont relégué au second plan l’agriculture qui ne les fait plus vivre comme par le passé. A l’origine, outre la fermeture, depuis quelques années, des sociétés forestières qui achetaient en grande quantité les récoltes des paysans, s’est ajoutée la disparition de la couche d’humus qui a entraîné l’appauvrissement du sol. "Cette disparition est due à la déforestation intense de la région qui a provoqué des perturbations climatiques, explique Gaston Nginayevuvu, ingénieur-agronome. Pour y remédier, il faut introduire l’usage du compost, des matières organiques et des fertilisants du sol".
Ainsi, pour leur survie, les planteurs disent ne plus avoir d’alternatives. "J’ai mis une croix sur les activités agricoles qui ne donnent plus que de maigres résultats. A la place, j’ai opté pour la chasse très bénéfique", affirme José Muingi, un jeune paysan de Kizulu-Sanzi, à une centaine de kilomètre de Matadi. Il poursuit avec enthousiasme : "Regardez. Avec mes petites économies provenant de la vente des gibiers, j’ai acheté une moto neuve en l’espace de 8 mois seulement".

Extermination
Mais la grande majorité de ces chasseurs ne disposent pas de permis de chasse. "Parmi les milliers des chasseurs recensés dans le Mayumbe fin 2008, une cinquantaine seulement disposent des dossiers complets", renseigne le ministère de l’Environnement, conservation de la nature et tourisme. Selon ce dernier, ces ex-planteurs se livrent à une vraie chasse sauvage. Ils tuent tous les animaux qu’ils rencontrent sur leur passage sans tenir compte de leur âge, "mêmes les espèces rares (éléphant, pangolin, porc-épic, singes….) ne sont pas épargnées au grand dam de l’environnement".
Sur l’axe routier Matadi-Boma, les deux principales villes du Bas-Congo, on voit partout des points de vente de gibier et le commerce de la viande boucanée ne fait que s’accroître. Mbenza-Thubi, un élu du coin attribue cette situation "à la ruée des citadins vers la viande fraîche des forêts ainsi que la recherche des mets exotiques". Non seulement les chasseurs exercent sans permis, mais afin de répondre à la forte demande, ils recourent aux filets et aux potions empoisonnées pour capturer du gibier en grand nombre. "En une seule nuit, j’ai abattu 12 animaux avec mon fusil, j’en ai capturé 7 dans mes pièges et tué 8 autres par empoisonnement", se targue sans gêne Joachin Mbungu, un villageois de Situ-Kaka, proche de Matadi. Mais ces procédés irritent certains. "Il faut arrêter sinon nous allons vers la catastrophe. Ces pratiques risquent d’exterminer les espèces animales", tonne Anderson Mavungu, un défenseur de la nature à Matadi.

Conserver certaines espèces
Pour arrêter ce fléau qui prend des proportions inquiétantes, Séraphin Bavuyide, ministre provincial en charge de l’Environnement, conservation de la nature et tourisme, en appelle à l’application des mesures de réglementation de la chasse. "Il faut entre autres veiller au respect du calendrier de l’ouverture de la chasse qui va du 1er juin au 28 février et encourager le retour à la terre", précise-t-il. Les défenseurs de l’environnement au Bas-Congo demandent à l’autorité d’agir vite. "Il faut créer une réserve à l’instar du Virunga pour conserver certaines espèces animales menacées de disparition. La province doit aussi concevoir un programme de réhabilitation des unités de production d’antan du Mayumbe…", suggèrent les Ongs de l’environnement.
Ce n’est pas tout. Julien Muanda, un octogénaire dans un village au Bas-Congo, en est convaincu : "Il faut chercher par tout le moyen à remédier à la baisse de fertilité qui frappe les terres arables du Mayumbe. C’est la seule solution durable pour revaloriser l’agriculture et freiner la chasse des gibiers".

Source : Syfia/Grands Lacs

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