Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
VIGILANCE RDC
Archives
26 mars 2009

Assemblée nationale : Vital Kamerhe démissionne

A chaque chose, un début et une fin. Ainsi en est-il de la saga « Vital Kamerhe » avec ses épisodes, les uns aussi mouvementés que les autres. Celui qui était jusqu’il y a peu président de l’Assemblée nationale a démissionné de son poste comme il l’avait promis au début d’une affaire sur laquelle sont restés braqués, pendant plus d’un mois, les projecteurs de l’actualité nationale.

Le dernier acte s’est en fait joué le mercredi 25 mars 2009. Témoins, 404 députés sur les 500 que compte la Chambre basse du Parlement et qui ont pris part à une plénière qui s’est déroulée suivant les règles de l’art. Pas de fait saillant à part le discours « d’au revoir » de Vital Kamerhe. Un discours dont la quintessence se résume à travers ces quelques passages. « Nous voilà aujourd’hui à la croisée des chemins. Je dois opérer, avec vous, un choix et le bon », a-t-il dit. « Notre seul fil conducteur, a-t-il précisé, doit être la lutte pour la préservation et la sauvegarde de la démocratie et de la légalité dans notre pays ainsi que l’indépendance du député national, lequel ne doit pas être astreint à un mandat impératif en vertu de l’article 101, alinéa 5 de la Constitution… ».

Puisant, comme il l’a dit lui-même, dans la sagesse du Roi Salomon appelé à trancher le conflit entre deux femmes qui se disputaient un enfant, Vital Kamerhe a opté pour la « voie la moins périlleuse et la moins coûteuse pour le peuple congolais qui a démontré, à travers les années, son attachement à la démocratie… ».

C’est pour cette raison fondamentale et bien d’autres que, tout en remerciant ses collègues députés pour avoir cru à l’action menée ensemble au sein de la Chambre basse, le président sortant les a priés de bien vouloir accepter sa démission « sans débat ni vote ».

Bien que l’on soit arrivé au « dénouement » d’un feuilleton qui a tout de même fait couler beaucoup d’encre et de salive, l’opinion est en droit de se poser des questions au sujet de la poursuite du processus démocratique dans notre pays et de la cohésion au sein de la famille politique du chef de l’Etat. Surtout lorsqu’on sait que l’AMP va se trouver devant un problème non moins difficile de gestion des ambitions politiques des uns et des autres.

L’Alliance de la Majorité Présidentielle a-t-elle suffisamment de ressorts pour pouvoir négocier, sans beaucoup trop de casses, un virage où elle risque bien de laisser des plumes ? La suite des événements ne manquera pas de fixer l’opinion dans ce que l’on peut appeler l’après-Kamerhe. Trouver l’homme au profil approprié, c’est bien l’exercice auquel l’AMP va devoir se soumettre maintenant. Tout en ayant à l’esprit que l’on doit à tout prix privilégier l’intérêt supérieur de la Nation, sauvegarder la démocratie et la paix, assurer la stabilité des institutions de la République de manière à créer les conditions nécessaires au développement économique et social de notre pays. Cela est d’autant plus vrai que les défis auxquels doit s’attaquer la RDC exigent la mise en place d’un tel décor.

Ils étaient 404 députés, sur 500, à la plénière d’hier mercredi 25 mars 2009 au Palais du peuple autour d’un seul point à l’ordre du jour : la démission du président de l’Assemblée nationale. Vital Kamerhe leur a demandé d’accepter sa démission sans débat ni vote.

En ouverture de son message, il a rappelé son intervention sur Radio Okapi, le 21 janvier 2009, en rapport avec le début des opérations militaires conjointes FARDC-Armée rwandaise au Nord-Kivu. « J’avais, a-t-il dit, déclaré que je n’en étais pas informé et que, si cela était vrai, ce serait grave ». Parce que, compte tenu des dégâts collatéraux importants occasionnés en Province Orientale par une opération similaire avec les armées ougandaise et sud-soudanaise pour neutraliser les rebelles de la LRA, il avait estimé que « le gouvernement devrait prendre des précautions pour éviter que la même situation ne se reproduise au Nord-Kivu ».

« Cette déclaration a été mal interprétée par ma famille politique qui a estimé que j’avais commis un crime de lèse-majesté, car je venais, semble-t-il, de contredire le chef de l’Etat, chef de ma famille politique », a déclaré Vital Kamerhe. Et de poursuivre : « J’ai été astreint à la démission avec en prime une forte campagne de diabolisation et des injures gratuites sur ma personne à travers toute la presse, écrite et audiovisuelle tant privée que publique et ce, sans ménagement, ni le moindre égard à mes fonctions de président de l’Assemblée nationale ».

« C’est le lieu, a-t-il trouvé, de déplorer la culture de l’injure publique, de la délation et de l’immortalité dans la sphère politique congolaise, car nous, hommes politiques, avons l’obligation de servir de modèle aux jeunes générations et à la société congolaise tout entière ».

Bien qu’assailli par des demandes insistantes de démission venant de sa famille politique, Vital Kamerhe a refusé de céder, préférant le faire devant la plénière de l’Assemblée nationale, donc devant des députés qui l’ont élu.

« Ainsi que je l’ai dit dans mon discours d’ouverture de la première session, a-t-il indiqué, j’avais entendu ce que mon parti politique, le PPRD et la hiérarchie de ma famille politique m’avaient demandé. Mais en même temps, j’étais aussi à l’écoute de notre peuple qui, à travers les églises, les organisations de défense des Droits de l’homme, la diaspora congolaise, la jeunesse congolaise et toutes les forces vives, exprimait, dans une belle harmonie, la soif et le désir ardent de voir les hommes politiques que nous sommes, préserver les acquis démocratiques et se conformer à la légalité constitutionnelle pour briser définitivement la spirale d’éléments recommencements, caractéristique de la marche de nos institutions depuis 1960, à cause des querelles politiciennes ».

Kamerhe, légaliste jusqu’auboutiste

Devant la majorité et l’opposition, Vital Kamerhe a fait savoir que « le combat que chacun d’entre nous doit mener, comme le disait Gandhi, c’est contre soi-même pour repousser cette nature qui nous habite et qui nous pousse à détruire ce que nous avons construit, même au prix du sacrifice suprême ».

« C’est pourquoi, je n’avais pas démissionné pendant les vacances parlementaires comme mes collègues membres du Bureau qui avaient reçu la même instruction pour je ne sais quelle faute qu’ils auraient commise collectivement. J’ai la pleine conscience qu’ils ont payé le prix de ce qui m’a été reproché, alors qu’en réalité, ils n’ont rien fait. Cependant, je n’ai pas le sentiment d’être responsable de ce qui leur est arrivé, car la faute, si faute il y a, doit être individuelle et directe. Je voudrai tout simplement leur dire que ce sont là, les aléas de la politique dans notre pays dont je suis moi-même victime », a-t-il dénoncé.

Pour rappel, Kamerhe évoque l’article 213 de la Constitution qui s’articule comme suit : « Le président de la République négocie et ratifie les traités et accords internationaux. Le gouvernement conclut les accords internationaux non soumis à la ratification après délibération en Conseil des ministres. Il en informe l’Assemblée nationale et le Sénat ». A cet effet, l’Assemblée nationale est informée par son président « que je suis ». « Je ne me souviens pas, à ce jour, avoir reçu l’information du gouvernement sur l’accord signé avec le Rwanda pour les opérations militaires conjointes dans le Nord-Kivu. C’est une obligation constitutionnelle du gouvernement et non du président de la République », a-t-il précisé.

Le chef de l’Etat : pas être otage d’un groupement politique

« …Je n’ai jamais compris comment on est arrivé à y mêler le président de la République, chef de ma famille politique, et à créer artificiellement un problème entre lui et moi », a regretté Vital Kamerhe. « Le président de la République, je le répète, ne doit pas servir de bouclier au gouvernement, ni à ses membres qui eux ont l’obligation de rendre compte de leur gestion à l’Assemblée nationale. Nous devons ramener le chef de l’Etat à son rôle d’arbitre neutre pour qu’il veille au bon fonctionnement de l’ensemble des institutions conformément à l’article 69 de la Constitution », a-t-il fait observer. « Il ne doit pas non plus être l’otage d’un groupement politique quelconque parce que la Constitution le place au-dessus de la mêlée », a-t-il averti.

Revenant sur les raisons de sa démission, Vital Kamerhe a déclaré en substance ce qui suit : « Je ne voudrais pas, a-t-il noté, lever l’option qui risque de nous conduire dans des situations incontrôlées et incontrôlables, dans des situations qui peuvent encore alourdir le bilan macabre des morts au sein de notre population. Le sens de notre combat doit demeurer la consolidation de la démocratie dans notre pays… ». « Je ne voudrais pas, a-t-il affirmé, inscrire mon nom dans l’histoire des blocages des institutions acquises chèrement par notre peuple au prix de son sang. Je ne voudrais pas non plus trahir la mémoire de nos pères de l’indépendance, des artisans de l’unité nationale et de la libération, encore moins de ceux qui ont sacrifié leurs vie et jeunesse pour l’avènement et l’émergence de la démocratie dans notre pays », a-t-il conclu. Tout en indiquant qu’en attendant l’élection du nouveau Bureau (de l’Assemblée nationale) et la remise reprise avec celui-ci, le Bureau qu’il préside « expédie les affaires courantes conformément aux principes généraux de droit administratif ».

Ainsi dit, Vital Kamerhe vient de rendre le tablier, comme le souhaitait l’ AMP. Mais c’est la suite qui est intéressante et déterminante pour le processus politique en République démocratique du Congo. Le peuple congolais doit être vigilant, comme le recommandait les évêques de l’Eglise catholique du Congo.. Affaire à suivre.

Source : le Potentiel/Kinshasa

Publicité
Commentaires
VIGILANCE RDC
  • un lieu d'échange et de partage sur ce qui fait l'actualité en RDC. Nous souhaitons ainsi établir une passerelle entre les Congolais, les amis du Congo et tous ceux qui veulent oeuvrer pour influer sur la destination de la RDC.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Publicité