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VIGILANCE RDC
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27 mars 2009

Sarkozy en Afrique: le Congo, d'une rive à l'autre

Sarkozy en Afrique: le Congo, d'une rive à l'autre Prière de traverser avec prudence: un Congo peut en cacher un autre. Ce jeudi, Nicolas Sarkozy a franchi le fleuve éponyme d'un coup d'hélico et, si l'on s'en tient à la chaleur de l'accueil, il n'y a pas perdu au change.

Le Sarko Tour aura pourtant commencé sous de capricieux auspices: l'Airbus présidentiel, un temps cloué au sol par une avarie technique, avait décollé de Villacoublay avec un heure et demie de retard. Autant dire que parvenu à à Kinshasa (République démocratique du Congo), l'hôte élyséen tombé du ciel abrégea l'escale au Grand Hôtel pour foncer au Palais de la Nation, où l'attendait le chef de l'Etat de l'ex-Zaïre, le "raïs" Joseph Kabila

Sur le trajet, ni foule, ni liesse. Et à l'arrivée, une réception réglée comme du papier à musique militaire. Tapis rouge, fanfare aux cuivres étincelants sous le cagnard, hymnes et garde d'honneur. Seule entorse au protocole, la mini-jupe de la compagne du chanteur et compositeur Didier Barbelivien, invité personnel de Sarkozy, qui suscite quelque émoi parmi les treillis d'apparat.

D'un Palais l'autre, la caravane file ensuite vers celui du Peuple, où le visiteur délivre devant députés et sénateurs, réunis en Congrès, son premier discours. Adresse abrégée ça et là. "Le président a géré la salle", avance-t-on dans son entourage. En clair, il a jugé bon, face à un auditoire effervescent, de zapper telle ou telle incise

Pourquoi cette fièvre? La démission forcée, la veille, du président de l'Assemblée nationale Vital Kamerhe chauffe les travées. Où l'on guette par ailleurs le passage consacré à l'intégrité territoriale du pays, tant les audaces élyséennes sur "le partage de l'espace et des ressources" avec le Rwanda voisin avaient écorché le patriotisme maison. Sur ce front-là, Nicolas Sarkozy "fait le job" quand il martèle que "la souveraineté du Congo est i-na-lié-nable".

Pour le reste, l'orateur salue la "décision courageuse" de Kabila, qui convia en janvier l'armée rwandaise à traquer sur ses terres les miliciens hutus, et plaide pour le "nouvel élan" qu'il convient d'imprimer à la coopération régionale, au profit de "projets fédérateurs" dans les domaines des transports, de l'énergie ou de l'agriculture.

Si Sarkozy et sa suite rallient ensuite Brazzaville par la voie des airs, la cohorte des journalistes aura droit à une mini-croisière sur les eaux fangeuses du fleuve Congo, festonnées de "matiti", ces jacinthes d'eau que le courant charrie.

Arrivés au "beach", débarcadère de sinistre mémoire où, voilà une décennie, périrent par dizaines des exilés de retour, lors d'un des épisodes les plus cruels de la longue guerre qui endeuilla le pays, nous rallions l'aéroport de Maya Maya, juste à temps pour le cérémonial de bienvenue.

Si "Jo" Kabila avait délégué au pied de l'Airbus tricolore son premier ministre Adolphe Muzito, Denis Sassou Nguesso, alias DSN, ne laisse à personne le soin d'honorer l'ami Nicolas. Le tandem passe en revue les dignitaires congolais alignés puis la délégation française.

Ce qui nous vaut ce saisissant raccourci: côte à côte, le patron de la cellule africaine de l'Elysée Bruno Joubert et l'avocat Robert Bourgi, qu'oppose une rivalité aussi feutrée que féroce. Bref, l'austère serviteur de l'Etat, artisan obstiné d'un dépoussiérage du lien entre l'ex-métropole coloniale et le continent, coudoie l'émissaire empressé des potentats, roué gardien du musée vivant de la Françafrique.

Congo(s), terre de contrastes. Qu'elle semble loin, la tiédeur kinoise... Au sortir de l'aérogare, Nicolas Sarkozy plonge au côté de DSN dans l'un de ces accueils à l'ancienne que goûtait tant son prédécesseur Jacques Chirac.

Rien ne manque au rituel bigarré. Ni les danseuses se trémoussant au rythme des tam-tams, ni les banderoles de bienvenue soigneusement calligraphiées, ni les T-shirts à l'effigie des deux chefs d'Etat, ni le bain de foule zigzagant d'une berge à l'autre de l'avenue et que canalise à grand peine un bataillon de gardes du corps. Ni, enfin, la Mercedes à toit ouvrant d'où Denis et Nicolas émergent pour saluer la foule. Un bémol toutefois à cette marche triomphale soigneusement orchestrée. Que scandent à perdre haleine ces grappes de jeunes? "Sarkozy, des visas!"

Invité là encore à s'exprimer devant le Congrès, réuni pour l'occasion en "session plénière", le locataire de L'Elysée joue cette fois sur du velours. D'autant qu'en prélude à son propos, il invite les élus à observer une minute de silence à la mémoire d'Edith Lucie Bongo Ondimba, fille aînée de DSN et épouse du président gabonais, décédée le 14 mars.

Suit l'inévitable référence à Brazzaville, capitale de la France Libre et, selon la formule gaullienne "refuge de notre honneur et de notre indépendance". Puis un plaidoyer dans la veine du discours prononcé voilà plus d'un an au Cap (Afrique du Sud). Il est question de "rénovation" d'une relation franco-africaine "trop souvent caricaturée comme opaque et affairiste", d'une "familiarité nouvelle débarrassée de ces pesanteurs du passé qui alimentent les méfiances et les soupçons".

Et l'on n'échappera pas, à quatre mois d'un scrutin présidentiel, à un éloge des élections libres et transparentes. "La France n'a pas de candidat", insiste Sarkozy. Qui se montre pourtant prodigue en éloges envers ce "cher Denis" volontiers tutoyé. "Grâce à lui, soutient-il, le Congo a retrouvé la stabilité et la sécurité".

Que serait-ce si Paris en avait fait son favori? Certes, le chef d'Etat français recevra en son hôtel, 25 minutes durant, une poignée de députés de l'opposition. Rendez-vous que, bizarrement, le "programme général" diffusé par la Direction nationale du protocole congolais omet de mentionner. Connaît-on sur les rives du fleuve Congo la recette du pâté d'alouette? La voici: un cheval de Sassou, une alouette d'opposants.

A propos de nourritures terrestres, un mot sur le dîner officiel donné dans la salle des banquets du Palais du Peuple. A la table d'honneur figurent les ministres Christine Lagarde (Economie) et Brice Hortefeux (Travail).

Privilège dont seront privés Rama Yade (Droits de l'Homme) et Alain Joyandet (Coopération). Lequel a néanmoins pour commensaux Jean-Dominique Okemba, grand sorcier du renseignement et n°2 du régime, et Henri Lopès, l'inusable ambassadeur du Congo à Paris, où cet écrivain-diplomate sert depuis 1998.

Au micro, on annonce que le chef chargé de ces agapes a garni les buffets de "produits de l'écosystème du Bassin du Congo". On en salive déjà. Les breuvages? Du classique: champagne Laurent-Perrier et Saint-Emilion 2007. A l'entrée, distribution gratuite de l'édition du 25 mars du Figaro. Et pour cause: en page 8, le lecteur déniche l'entretien, aussi long qu'indolore, accordé par DSN à Etienne Mougeotte, "directeur des rédactions" et loyal porte-plume de la Sarkozie.

Trêve de persiflage. Il est 6h30 ce lundi. Juste le temps de boucler la valise. Direction Niamey (Niger), pour un final atomique.

source : l express/paris

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