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VIGILANCE RDC
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13 mai 2009

Le spectre d’un «nouveau complot»

MilitaireConfusion au sein de certains groupes armés qui ont décidé de se retirer du Programme Amani. Incendies des maisons à Lubero, Bingi, Katotola par les FDLR; coupeurs de route à Mbogu, à 10 km de Bunia ; désertion de la population à Shabunda ; des bandits lourdement armés à Beni et Butembo ; paiement des taxes à l’Etat et aux Maï-Maï Yakutumba…autant de coïncidences troublantes et des faits inquiétants qui fragilisent la paix au Kivu et dans l’Est de la RDC. Une situation préoccupante qui s’apparente à un «nouveau complot » contre la République démocratique du Congo. Il y a toujours péril en la demeure.

A une question de la presse belge sur la recrudescence des violences de la part des FDLR au Kivu, Alan Doss, représentant spécial du secrétaire général de l’ONU, responsable de la MONUC a reconnu que «la violence n’a jamais cessé». Il n’a pas tort dans la mesure où en l’espace d’une semaine, plusieurs localités ont été attaquées et des maisons incendiées. Notamment à Bingi, avec plus de 130 maisons incendiées, à Katotola également et à Lubero avec également le même nombre des maisons détruites. Au total, plus de 250 maisons incendiées, sans compter le nombre de morts et les pillages qui ont caractérisé ces razzias comme à l’époque de Ngongo Lutete, aux temps forts de l’esclavagisme.

Le bilan ne s’arrête pas là. A Mbogu, à 10 km de Bunia, les coupeurs de route se sont signalés. Ils ont attaqué plus d’une dizaine de camions, emportant tous les biens trouvés sur place. Un phénomène nouveau, selon les habitants de cette localité, car l’acte ressemble à du pur banditisme jamais enregistré dans ce coin. Ajouter à cela, la persistance des administrations territoriales parallèles avec le paiement de double taxe. Il y a quelque temps, la presse avait fait écho de la perception des taxes par le CNDP sur le tronçon Sake Kiwanja. Voilà que les Maï-Maï Yakutumba qui perçoivent à leur tour des taxes dans leur zone.

Mais là où l’inquiétude grandit, c’est lorsque certains groupes armés, signataires de l’Accord de Goma et faisant partie du Programme Amani, ont décidé de se retirer. Ils prétextent leur désengagement autour de certaines promesses non réalisées par le Gouvernement. Notamment la libération des prisonniers, le non octroi des frais de désengagement et de certaines primes, la discrimination dans l’insertion dans l’armée.

Certes, une confusion règne autour des signataires de ces revendications. Ils ne seraient pas représentatifs de leurs mouvements. Néanmoins, les revendications, affirme-t-on dans les mêmes milieux, sont réelles et on ne peut ignorer cette frustration. Ce serait une grosse erreur de jugement dans une région caractérisée encore par la précarité de la situation sécuritaire.

Le spectre d’un complot

Pour des observateurs avertis, cette situation n’est pas à minimiser le mécontentement et la violence pourraient prendre de l’ampleur si l’on se montrait naïf. Le premier élément qui se dégage est ce fait nouveau émaillé par l’apparition des «coupeurs de route», notamment à Beni et Butembo.

Les auteurs ont tout l’air des bandits, mais qui obéiraient à un «groupe de gens» installé à l’extérieur du pays, aux Etats-Unis, dit-on, et disposerait des complices au plan interne. Ils saisiraient cette opportunité d’insécurité afin de soutenir ces bandits pour des raisons encore inavouées.

D’autre part, les mêmes bandits profiteraient des accusations portées contre les FDLR pour effrayer la population en commettant des actes de violence. L’on parle même d’une «nouvelle rébellion à Butembo».

En effet, à en croire certaines sources, depuis le début de ce mois de mai 2009, des bruits de bottes sont signalés aux environs de la ville de Butembo dans les localités suivantes : colline Amini Yesu, Butuhe, Malepe, Muhila, Vurondo et Kisungu. Ces localités sont situées en territoire de Beni, sur une ligne reliant le Graben à la forêt équatoriale. D’après les populations locales, ces bandits lourdement armés viendraient du Graben, c’est-à-dire de la vallée de la Semliki, escaladant la montagne de Muleke avant d’atteindre Kivetya, Amini Yesu, Butuhe, Vurondo, etc. Selon les populations qui vivent dans ces contrées, ces bandits armés s’orienteraient progressivement vers Manguredjipa, une ancienne mine d’or pendant l’époque coloniale.

Dans son discours du 1er mai à la paroisse cathédrale de Butembo pendant la messe dite pour les travailleurs, le maire de la ville de Butembo, avait fait allusion à ces bandits armés qui menaceraient la sécurité de la ville de Butembo sans pourtant décliner leur identité. Il s’était exprimé en ces termes : «Il faut être vigilants, car certains ennemis de la paix sont en train de s’organiser pour déstabiliser la ville de Butembo ». Les vieux sages qui étaient dans l’église avaient murmuré en dialecte en disant «Ekyo ni kinywa » (une parole lourde de sens).

Parmi les exactions commises par ces bandits, on peut citer le pillage du village de Kisungu, au Nord de Butuhe, où ils avaient fouetté à mort le chef du village avant de faire le porte-à-porte, emportant nourriture, poules, chèvres, moutons, argent, etc. Dans la nuit du mardi 05 au mercredi 06 mai, un pillage systématique a été perpétré sur la route Beni-Butembo. Deux gros bus de l’entreprise des transports «Les Enfants d’abord» ont été attaqués, vandalisés. Les passagers à bord dont la plupart venaient de Kisangani, ont été dépouillés de tous leurs biens par ces bandits armés jusqu’aux dents.

L’identité exacte de ces bandits armés n’est pas encore connue. D’après les victimes tombées entre les mains de ces bandits, ces derniers seraient des LRA. D’autres victimes disent que ce sont des Nalu. D’autres encore parlent des Rwandais. Leur caractéristique commune est qu’ils sont lourdement armés, parleraient anglais, Kiganda, Kikonzo, kinyarwanda, le Swahili de l’Afrique de l’Est, etc.

Le premier fait étonnant rapporté par les habitants des localités touchées par ce nouveau groupe armé, est que les Maï-Maï sont portés disparus et toutes leurs anciennes positions sont aujourd’hui occupées par ces nouveaux bandits. Selon d’autres sources difficiles à confirmer, les Maï-Maï de Vurondo auraient formé une coalition avec ces bandits.

Comme toujours, l’identification des groupes armés qui opèrent à l’Est du Congo n’a jamais été claire. Le plus fort impose toujours sa version des faits. Ainsi, le Rwanda pour justifier ses convoitises sur le Kivu a réussi à faire de tout le Kivu, un fief des FDLR, anciens génocidaires des Tutsi. L’Ouganda a fait de même avec les LRA en Province Orientale. Malheureusement, plusieurs observateurs disent que les appellations FDLR, LRA, etc. sont devenus comme des paniers à crabes, un fourre-tout où plusieurs sortes d’assaillants se cachent. Le danger est que des forces occultes utilisent ces paniers à crabes pour commettre des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité en se cachant derrière de fausses identités FDLR, LRA, etc.

Renforcer les capacités des FARDC

L’identité du nouveau groupe armé aux environs de Butembo devrait préoccuper le gouvernement. Il en est de même des bandits qui opèrent aujourd’hui au sud du territoire de Lubero. Qui sont-ils au juste? Des FDLR comme le disent les radios périphériques et les belligérants ou des transfuges du CNDP comme l’affirment certaines de leurs victimes? Ces anciens du CNDP auraient profité de leur intégration sans condition au sein des FARDC et dans la même région pour poursuivre la guerre que Nkunda livrait au Congo.

Le deuxième fait étonnant est que les FARDC qui étaient en poste dans ces localités et qui pouvaient protéger les civils et repousser les assaillants, sont aussi invisibles, disparus, ou ne sont jamais présents lors de l’attaque. En effet, les assaillants entrent dans les localités occupées sans combattre et s’installent comme une armée régulière sans se faire inquiéter. L’attitude des FARDC serait attribuée au paiement tardif de leur solde. Une situation que le gouvernement doit absolument tirer au clair dans les meilleurs délais pour éviter tout débordement dès lors que des sources sûres, l’enveloppe financière nécessaire est affectée régulièrement au bénéfice des militaires au front. Que se passe-t-il réellement ? L’on est persuadé que lors de la question orale au ministre de la Défense à l’Assemblée nationale, des réponses à cette interrogation seront connues.

En attendant, pour éclairer la religion des Congolais sur l’identité de ces nouveaux bandits, le gouvernement, le Parlement doit diligenter des enquêtes sur le terrain. Absolument.

Source : le Potentiel

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