Suspendues comme l’épée de Damoclès sur les têtes d’Alexis Thambwe Mwamba et Lambert Mende Omalanga, respectivement ministre des Affaires étrangères et de la Communication et des Médias, les motions de défiance seront au cœur du débat à l’Assemblée nationale aujourd’hui vendredi.

Hier jeudi 21 mai, après avoir déclaré recevables les deux motions présentées par les députés Emery Okundji Ndjovu et Martin Mukonkole, les discussions se sont poursuivies sous la présidence d’Evariste Boshab.

Il est reproché au ministre Alexis Thambwe Mwamba, ancien député comme Lambert Mende, d’avoir tenu des propos « discourtois, mensongers, injurieux et méprisants » à l’endroit de la Chambre basse et des députés nationaux le 25 février 2009 à Goma. C’était lors de la cérémonie de retour des troupes rwandaises à la fin de l’opération conjointe de traque des FDLR menée par les FARDC et l’Armée rwandaise ; opération connue sous l’appellation « Umoja Wetu ».

Selon Emery Okundji, initiateur de la motion de défiance, le ministre Thambwe Mwamba a révélé à l’opinion «qu’un mois d’émolument d’un député peut payer 10 ans de salaire d’un enseignant du Nord-Kivu ». Il est également reproché d’avoir déclaré dans les mêmes circonstances : « On ne devient pas député au sortir de l’université. Nombreux signent des documents sans en connaître ni le contenu, ni la portée… »

Pour Emery Okundji, ces déclarations non seulement ne correspondent pas à la vérité mais sont démagogiques, diffamatoires et préjudiciables, pour toute une nation en quête de sa dignité et de sa notoriété.

Face à l’opprobre et pour épargner la République d’autres dérapages à venir, il était dans l’obligation des élus de soumettre à l’approbation de la plénière la motion de défiance contre le ministre Alexis Thambwe Mwamba.

MENDE EGALEMENT SUR LA SELLETTE

Quant au ministre Lambert Mende, outre la suppression du signal de Radio France Internationale, RFI, qui est un acte inutile, le député Martin Mukonkole articule des griefs suivants : avoir instrumentalisé, au mépris de la Constitution, un service public, en l’occurrence la RTNC, à travers « les vociférations malveillantes d’un animateur de télévision » ; par abus de pouvoir, avoir décider de priver les Congolais, propriétaires de la RTNC, de la retransmission en directe de la cérémonie d’ouverture de la session ordinaire du Parlement du 15 mars ; avoir pris, à tort, pour prétexte l’arrêt de la Cour suprême de justice, en rapport avec la restauration en direct des séances de l’Assemblée nationale, pour justifier l’interdiction de la retransmission en direct susvisée, alors que l’arrêt dont question n’interdit pas la retransmission en direct ; avoir instruit les services, sans raisons valables, de procéder à la coupure volontaire du signal de la Télévision de la Chaîne de l’Assemblée nationale. Pour le député Martin Mukonkole « tout se passe comme si l’Etat censure l’Etat ».

Le débat était fort animé entre les députés de la Majorité et ceux de l’Opposition.

Ayant privilégié l’intérêt public, la Majorité a récusé l’affirmation de l’Opposition qui a « chargé Thambwe d’avoir craché sur les députés ». Elle a condamné les excès de Mende.

Pour un député de la Majorité, « une faute avouée est à moitié pardonnée et le Congo profond a besoin de l’information et par conséquent, il y a lieu de rétablir le signal ». Le Palu et le PPRD ont suggéré au ministre Thambwe de présenter ses excuses à l’Assemblée nationale et rejeté les deux motions étant donné qu’il est déjà sanctionné. Le MLC et l’ODR, deux plates-formes de l’Opposition ont considéré que le ministre Alexis Thambwe Mwamba « a crucifié la Majorité en outrageant les députés par sa politique-spectacle et mérite des sanctions exemplaires par sa déchéance »

En définitive, c’est aujourd’hui vendredi que l’on saura le sort réservé aux deux ministres qui ont peaufiné leur réplique. Réussiront-ils à déjouer l’étreinte de la motion de défiance suspendue sur leurs têtes ? Wait end see.

Source : le Potentiel/Kinshasa