Matadi : découverte d'une fraude douanière
Un dispositif parallèle savamment en œuvre au port de Matadi est arrivé à contourner le système informatique tracé à travers le guichet unique. Une enquête menée par la commission provinciale anti-fraude a permis de mettre la main sur certains ténors de ces réseaux maffieux.
Le président de la commission provinciale de lutte contre la corruption, la fraude, les tracasseries administratives et judiciaires, rattachée au gouvernorat du Bas-Congo, vient de rompre le silence en portant à la connaissance du public de graves indices de fraude douanière au port maritime de Matadi. C’est ce qui ressort d’un point de presse animé dernièrement à Matadi, chef-lieu de la province du Bas-Congo, par Léon Ngoyi Mbakani, président de la Commission provinciale de lutte contre la corruption, la fraude, les tracasseries administratives et judiciaires.
Une révélation qui apporte plus de lumière sur la difficile rationalisation du guichet unique du port de Matadi. Pourtant, en lançant le projet en 2003, le gouvernement pensait donner plus de dynamisme à la machine de mobilisation des recettes douanières.
Selon les enquêtes entreprises par ses services, Ngoy Mbakani a fait part du démantèlement d’un vaste réseau maffieux dans le circuit douanier au port de Matadi.
Ce réseau opère, a-t-il révélé, avec la bénédiction de certains responsables et agents de l’Ofida/Matadi, avec comme mode opératoire la falsification du cachet de Customs Tax Consultancy (CTC) et l’imitation de la signature du consultant CTC commis au port de Matadi. Conséquence immédiate : la sous-évaluation et/ou une fausse déclaration de la marchandise importée via le port de Matadi.
Il est évident que des complicités au sein de l’Ofida et des autres services concernés par la procédure de dédouanement entretiennent un vaste réseau de contrefaçon au port maritime de Matadi. Le guichet unique visait cependant la simplification des procédures douanières par la réduction de la durée des opérations de dédouanement. L’implication de CTC dans les opérations douanières, avec la signature d’un contrat de consultance, devait, en toute logique donner plus d’élan au guichet unique. Mais, les fraudeurs sont parvenus à en déceler les failles au point de contourner le dispositif officiel de dédouanement aussi bien en usant de l’imitation des signatures, que du piratage des imprimés de valeur.
Les faits révélés par la Commission anti-fraude du Bas-Congo réconfortent la nécessité de nettoyer non seulement le circuit douanier du port de Matadi, mais aussi de son port voisin de Boma.
Au contact des faits
Selon le président de la commission anti-fraude du Bas-Congo, tout est partie des faits portés à la connaissance des consultants CTC le 1er avril 2009 par le receveur principal de l’Ofida/Matadi, faits par lesquels il dénonçait la possession par les services de la douane d’une déclaration contenant un faux cachet et une fausse signature. Une enquête est immédiatement diligentée. Les conclusions sont révélatrices. Six autres déclarations contenant les mêmes anomalies sont découvertes.
Les premiers éléments d’enquête mettent en cause le déclarant en douane, Kinda Willy de l’agence Sotrabo et le contrôleur de l’Ofida, M. Likaka Lihita. Il est mis à charge de Likaka le fait d’avoir signé la déclaration d’importation des biens (model IB) couvrant les 7 déclarations en tant qu’importateur de ces biens.
Le cas de la Sotrabo n’est pas le seul à avoir été mis à charge du contrôleur Likaka. Dans les enquêtes entreprises par ses services, en appui des consultants dépêchés depuis Kinshasa par CTC, le président Ngoyi Mbakani a également mentionné l’affaire du déclarant Jean Mboko, impliqué dans l’importation frauduleuse de plusieurs containers couverts par des faux documents. Toutefois, a-t-il indiqué, les enquêtes continuent pour démanteler tout le réseau.
Alors qu’à Kinshasa se déploie une vaste campagne de lutte contre la corruption et autres tares telles que le phénomène « Kuluna », c’est l’occasion d’impliquer davantage le ministre de la Justice pour s’assurer du respect de la procédure dans cet épilogue du démantèlement des réseaux opérant à Matadi.
Aussi le transfert à Kinshasa de toutes les personnes impliquées dans la fraude douanière de Matadi et les dossiers y relatifs est-il indiqué pour éviter d’éventuelles interférences. Seule voie pour neutraliser tous les criminels économiques en col blanc qui multiplient de stratagèmes, au-dedans même de l’Ofida, pour empiéter désintégrer le guichet unique de Matadi.
Source : le Potentiel/Kinshasa