Présidence, gouvernement les têtes vont tomber
Des sources indiquent que l'arrestation du patron de Mike Promotion
risque de provoquer une érosion pendant que l'opération Tolérance zéro
fait du chemin et le remaniement du gouvernement pointe à l'horizon.
Il serait l'arbre qui cache la forêt. Mike Kasenga, responsable de
l'entreprise de construction Mike Promotion a été appréhendé mercredi
19 août 2009 au beach Ngobila. L'infortuné revenait de Brazzaville où
il a assisté aux Trois Glorieuses, la fête nationale de la République
du Congo. Il aurait été conduit immédiatement au cachot de Kin Mazière
à Kinshasa où il a passé la nuit avant d'être mis à la disposition du
parquet de la République près la Tribunal de grande instance de
Kinshasa/Gombe, ont indiqué des sources généralement bien informées. On
reproche à ce constructeur d'avoir roulé l'Etat dans l'exécution des
marchés publics de réhabilitation de la voirie dans la ville province
de Kinshasa. Kasenga a déjà fait l'objet d'une première interpellation
et incarcération au Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa
-CPRK-, ex-prison de Makala, avec certains opérateurs du secteur. Ils
ont bénéficié d'une liberté provisoire. Le dossier n'avait pas encore
été bouclé que Kasenga s'est permis de narguer les autorités jusqu'à
aller s'illustrer dans un rite ancestral pour se rendre invulnérable au
cours d'une cérémonie traditionnelle dans sa province du Kasaï
occidental. Des marchés lui ont même été attribués dans le chef-lieu de
cette province et qu'il a, une fois de plus, laissés inachevés,
prétextant la crise du ciment pendant que celle-ci a été résorbée
depuis longtemps. C'est dire comment Kasenga a récidivé.
Les portes du CPRK sont visiblement ouvertes devant Mike Kasenga, cet
homme qui n'a jamais fait la construction mais a réussi à faire
irruption dans le secteur après un marché de sous-traitance gagné dans
l'érection du mausolée Laurent-Désiré Kabila. Des sources sont
formelles: après Kasenga, la capture va bel et bien s'étendre à
certains hauts cadres -de gros poissons- disséminés dans les
institutions ayant favorisé l'entrepreneur dans sa funeste entreprise
de rouler l'Etat dans la farine. Déjà que le groupe de Kasenga n'a pas
de dénomination précise, se faisant tantôt appeler entreprise de
construction Mike promotion, tantôt STARCO, nom de code sous lequel il
a opéré à Kananga, si ce n'est pas une nébuleuse appellation Groupe
Mike -EGM- est un indice. Mais Kasenga serait le seul à s'être adjugé
le gros de marchés de réhabilitation et de construction des routes dans
la ville province de Kinshasa. Des dizaines de millions USD ont été
débloqués par le trésor public au bénéfice de sa nébuleuse structure
sans un impact réel sur le terrain. A regarder les routes de la
capitale, le constat est amer et le cas de l'avenue de l'Université qui
a fini par énerver tous les décideurs est une parfaite illustration. Et
pourtant, à lui seul, Kasenga est bénéficiaire d'un contrat de 50
millions USD signé avec le gouvernement dont une bonne partie avait
déjà été décaissée. Il s'agit d'un contrat de marchés en préfinancement
entre le gouvernement et EGM pour l'exécution des travaux de
réhabilitation, construction et modernisation des voiries de la ville
de Kinshasa. Le lot de travaux à exécuter par EGM dans le cadre du
contrat -signé avec le gouvernement représenté par le ministre de
l'ITPR en date du 2 juin 2007- est constitué de la réhabilitation et la
modernisation du Boulevard Lumumba en partant de l'aérodrome de Ndolo à
l'aéroport de N'Djili, y compris la bretelle Sendwe et les deux
rocades. Force est de constater que ces tronçons dont les travaux
pourtant du ressort de Mike, ont finalement été confiés aux entreprises
chinoises. Leur lancement officiel a été fait dernièrement par Joseph
Kabila lui-même.
Des millions partis en fumée
Donc, l'argent empoché par Kasenga n'aura servi à rien. Si ce n'est
qu'à alimenter ses poches et celles de ses parapluies. Kasenga avait
également en charge la réhabilitation et la modernisation de la
chaussée Laurent-Désiré Kabila jusqu'à l'UPN -Université pédagogique de
Kinshasa-, de Kintambo Magasins jusqu'à l'UPN en passant par l'avenue
de la Montagne, devant la commune de Ngaliema. Etait également dans le
programme, le tronçon Colonel Mondjiba vers l'hôtel Diplomate concerné
par la réhabilitation et la modernisation ainsi que le pont sur la
rivière Makelele jusqu'à l'avenue Kisangani à Bandalungwa à construire.
Kasenga avait, à la faveur de ce contrat, accepté de réhabiliter pour
le compte du Programme d'extrême urgence, des axes suivants: avenue des
Ecuries -2,000 km-, Route des Poids lourds -11,000 km-, avenue Yolo
-1,200 km-, avenue Bongolo -1,300 km-, avenue Mbenseke -2,100 km-,
avenue Ma Campagne -2,300 km-, avenue Nguma -5,300 km, Entrée de
N'Djili et Boucle N'Djili -3,500 km-, Route de Kimbanseke -3,000 km et
le curage de la rivière Mapenza. Rien n'a été fait sinon que Poids
lourds est à ce jour en train d'être réhabilitée par SAFRICAS et le
groupe BACON. Lorsqu'en date du 10 avril 2007, le ministre de l'ITPR
tente de faire entendre raison aux responsables de EGM, ceux-ci
réagissent vertement et sans ménagement. L'on se serait cru dans un
royaume des intouchables. Kasenga a bénéficié d'autres marchés avant la
conclusion du contrat sus évoqué. Le ministre de l'ITPR le soulève dans
une correspondance datée du 14 avril 2007. Pierre Lumbi écrit:
«Subsidiairement à ma lettre n° CAB/MIN- ITPR/0156/BK/JL/2007 du 10
avril 2007 vous adressée et en vue de rendre fluide la circulation dans
la ville de Kinshasa, j'ai pris l'option dans le cadre de
préfinancement proposé par votre précitée, et faire exécuter quelques
travaux considérés comme étant d'extrême urgence. Il s'agit de procéder
urgemment à l'exécution des travaux de point à temps et assainissement
par des équipes légères capables d'opérer jours et nuits sur les
avenues ci-après: chaussée Laurent-Désiré Kabila -195.600,00 USD-,
avenue des Ecuries -69.048,00 USD-, avenue Nguma -138.220,00 USD-,
avenue Benseke -44,421,00 USD-, accès hôpital de N'Djili et boucle de
N'Djili -245.000,00 USD-, avenue Yolo -86.073,00 USD…».
Les têtes vont tomber
Ces montants représentent un total de 778.366,00 USD. Des sommes comme
celles-ci ont été libérées sous garantie de remboursement par le
gouvernement, mais aucun résultat palpable ne peut être brandi. Mais,
à toutes les correspondances de Lumbi, Kasenga à travers son EGM, s'est
montré arrogant. Son insolence trahit les appuis dont il bénéficie en
hauts lieux. Des membres du gouvernement central et provincial de
Kinshasa, des conseillers à la présidence de la République et des
généraux de l'Armée et de la Police auraient bénéficié régulièrement
des pot-de-vin venant de Kasenga, qui se serait découvert une vocation
de véritable distributeur des voitures de luxe à Kinshasa. Des sources
indiquent que l'arrestation de Kasenga risque de provoquer une érosion
pendant que l'opération Tolérance zéro fait du chemin et le remaniement
du gouvernement pointe à l'horizon.
Source : Africa News/Kinshasa