Le contrat qui cloue Mike Kasenga et ses complices
Des responsabilités sont à établir à la suite d'un marché passé de
gré à gré, sans adjudication publique sinon, ce n'est pas EGM qui
l'aurait arraché
La dernière Une d'AfricaNews a agité le
microcosme politique et le monde des affaires RD-congolais parce qu'il
a mis sur la place publique les turpitudes d'un magnat de la haute
finance kinoise qui s'est singulièrement enrichi dans les marchés
publics des infrastructures. Cet opérateur a marqué son temps en
arrachant presque tous les marchés de réhabilitation des voiries de la
ville de Kinshasa avec une facilité déconcertante parce qu'il
bénéficiait des complicités à tous les niveaux, indiquent des sources
anonymes. Kimbembe Mazunga, remonté contre AfricaNews pour avoir mis
son image à sa Une de samedi 22 août 2009 -voir remake à la page 5-,
simplement à titre d'illustration, clame son innocence non sans avoir
menacé de traduire le journal en justice. Mais nulle part dans
l'article, on le cite comme auteur de quelque forfait. Ce qui est sûr,
l'Etat a été roulé dans la farine dans ce dossier. Un assistant à la
présidence est cité d'avoir roulé son chef dans les affaires des
commissions touchées auprès des constructeurs routiers. Depuis, la
brouille s'est installée entre les deux. Quelque chose de suspect s'est
donc passée et AfricaNews se trouve dans le bon. Les magistrats en
charge du dossier n'ont qu'à exiger des justifications d'enrichissement
de certains conseillers à la Présidence qui roulent carrosse, alors
qu'ils ont des salaires ne dépassant pas 3.000 USD.
Pour aller plus loin, AfricaNews a revisité les termes du Contrat de
marché en préfinancement entre le gouvernement de la RD-Congo et les
Entreprises du Groupe Mike -EGM- relatif à l'exécution des travaux de
réhabilitation, construction et modernisation des voiries de la
Ville-Province de Kinshasa, signé en date du 2 juin 2007, par le
ministre d'Etat en charge des Infrastructures, Travaux publics et
Reconstruction, Pierre Lumbi Okongo, maître d'ouvrage, Mike Kasenga et
Constant Mbolionzo, président et administrateur du Groupe Mike.
De la lecture de son contenu, il y a beaucoup de choses à redire sur ce
contrat conclu à la suite de l'attribution de ce marché de gré à gré.
Et qui n'a fait évidemment l'objet d'aucune adjudication suscitée par
le lancement d'un avis à manifestation d'intérêt. Sinon, le groupe EGM
ne l'aurait pas emporté face à des concurrents coriaces ou les majors
RD-congolais du secteur.
Sans s'assurer des disponibilités financières de l'entrepreneur et même
de ses ressources, Lumbi a accepté de passer le contrat avec le Groupe
Mike sous la promesse que celui-ci va s'engager à préfinancer les
travaux publics retenus suivants les montants des devis établis par les
deux parties de façon contradictoire, projet par projet.
Un détail contractuel indique que l'entrepreneur s'engage à financer
l'exécution totale des travaux retenus par les deux parties dans le
cadre du programme prioritaire du gouvernement.
Ces travaux portaient, entre autres, sur la réhabilitation et la
modernisation du Boulevard Lumumba, de l'aérodrome de Ndolo à
l'aéroport de N'Djili y compris la bretelle Sendwe et les deux rocades.
Et, ensuite, la réhabilitation et la modernisation de la chaussée
Laurent-Désiré Kabila jusqu'à l'UPN; et de Kintambo Magasin jusqu'à
l'UPN en passant par l'avenue de la Montagne, devant la commune de
Ngaliema. Comme l'on peut s'imaginer, ces travaux n'ont pas été
exécutés à au moins 85%. La seule partie qui a connu des travaux de
replâtrage superficiel est située au niveau du lieu dit Gramalic, sur
la chaussée Kabila. Pour le reste, le Groupe Mike a été bloqué et n'a
pas pu poursuivre les travaux.
Parce que bénéficiant des complicités, il est parvenu à encaisser les
paiements de ses factures suivant les dispositions contractuelles
concernant les modalités de paiement. Sur ce point, les termes de ce
contrat qui lie le gouvernement au Groupe stipule que le maître
d'ouvrage s'engage de facto et de jure à payer, sans intérêts, 80% du
montant de chaque lot dès la réception provisoire des travaux et 20% au
douzième mois calendrier qui suit celui de la réception provisoire des
travaux constituant un Fonds à part entière.
Et, pour verrouiller le contrat et mettre totalement en confiance le
Groupe, le maître d'ouvrage, indiquent les termes de ce contrat,
s'engageait de payer, en cas de retard dans le paiement, un intérêt
moratoire mensuel de 2% de la portion du montant devant être payé.
Pour
indiquer le caractère léger de ce contrat qui aurait obtenu des
soutiens intéressés dans les cercles de décisions politiques tant à la
présidence qu'au gouvernement, il y a bien à lire le passage de ce
contrat portant sur le compte de paiement du préfinancement. Il y est
clairement indiqué que l'entrepreneur s'engage à ouvrir auprès d'une
banque commerciale à Kinshasa, un compte où seront versés tous les
paiements à son profit. Et le maître d'ouvrage s'engageait, en sus, à
garantir le paiement des montants préfinancés. Le Groupe Mike avait
vraiment a également bénéficié des avantages fiscaux et douaniers
nécessaires à la réalisation de tous les marchés dans le cadre de ce
contrat. De quoi ameuter tous les fraudeurs fiscaux à s'embrigader dans
l'opération et tirer des profits incommensurables.
Ce contrat qui lui a été bénéfique le rattrape et scelle son sort. Sa
non exécution vaut à Kasenga un séjour entre quatre murs.
Source : Africanews