Kamerhe présent chez Kabila
On reparle de Vital Kamerhe à la veille de la rentrée parlementaire
prévue le 15 septembre prochain. On n’avait déjà pas cessé de parler de
cette énigme quant à ce qu’il reste de ses relations avec Joseph Kabila
et ce qu’il envisage pour son avenir politique. L’homme lui-même
observe. Pas une seule déclaration depuis qu’il a été contraint de
démissionner de ses fonctions de speaker de l’Assemblée nationale.
Kamerhe mène désormais une vie sans histoire, une vie d’homme du peuple
partagé entre ses mulitples propriétés “fermicoles” et sa famille
installée en Afrique du Sud. Quand Vital ne fait pas le déplacement de
Johannesbourg, c’est sa charmante épouse, Mamic Sangara, fille d’un
ancien gouverneur de la province du Sud-Kivu, qui fait le voyage pour
Kinshasa.
Comme à l’époque trouble de la
confrontation avec la majorité AMP. Cette femme très pieuse aura été de
tous les fronts jusqu’à s’imposer l’ascèce pour que l’esprit trascende
la faiblesse de la nature humaine. Les références à la Bible que
Kamerhe a multipliées tout au long de l’épreuve, c’est elle qui les a
inspirées. A l’instar de ce passage du livre de Proverbes expédié
depuis l’Afrique du Sud. Proverbes 29:36 où les Saintes écritures
disent: “Beaucoup de gens recherchent la faveur de celui qui domine
mais c’est l’Eternel qui fait droit à chacun”. Kamerhe utilisera ce
passage biblique comme une cuirasse lorsqu’il est interpellé pour la
première fois, un certain mardi 3 février 2009, à la ferme
présidentielle, à Kingakati, devant Joseph Kabila lui-même.
Dommage qu’après tant de dévotion, la victoire n’eut pas choisi le camp
de la victime. Qui sait quand le Seigneut décidera de faire droit à ce
baroudeur né. Dans l’entre-temps, le politicien s’est converti en
fermier. Pas en dilettante mais en véritable praticien engagé dans
l’agro-pastoral dont la passion pour ce genre l’a orienté, par le
passé, vers des études d’économie agricole à l’univérsité de Kinshasa.
Kamerhe passe le plus clair de son temps à labourer des champs à sa
ferme de Mongata, à 160 kilomètres, aux confins de la ville de Kinshasa
et de la province de Bandundu.
Ananas made in Kamerhe
Sur plus ieur s di zaines d’hectares, l’ancien président de l’Assemblée
nationale élève, ici, une centaine de vaches et un zébu importé du
Tchad. La surface cultivée comprend des plantations de manioc, maïs et
haricot. Des produits qu’il amène dans la capitale pour la consommation
des Kinois. Des mordus de l’évasion à Kinkole ne se rendent peut-être
pas compte qu’ils consomment également des fruits made in Kamerhe,
notamment des ananas.
L’ex-secrétaire général du PPRD les cultive dans son autre ferme située
pas loin de Nganda Yala. Il y pratique également l’élevage des porcs,
des lapins et des poussins. Kamerhe entretient une troisième ferme à
l’Ouest de Kinshasa, à Kasangulu où il s’est spécialisé dans
l’ensemencement du maïs. Il a déjà moissonné deux récoltes de semences.
La dernière ferme kamerhiste est installée dans la ville même, à
Kinsuka. De toutes ses “ranches”, c’est celui de Mongata qui reçoit le
plus des visites de la part du maître des céans. Pour un homme qui aime
la distance, Kamerhe se plaît à s’isoler ici, loin de toutes les
pressions de la vie d’enfer du milieu urbain. Quelquefois, il y passe
plusieurs jours mais sans jamais fermer son téléphone. Réflexe
conditionné d’un politique chevronné à la manière du chien de Pavlov.
Quand, il est à Mongata, il n’a qu’une réponse pour ses correspondants:
“je suis dans la forêt. Je vous appelle dès que je suis en ville”. Ce
qu’il fait toujours une fois revenu dans la civilisation. Si c’est
important, il préfère parler en tête à tête, question d’avoir un
entretien plus vivant et de s’assurer la confidentialité. Kamerhe,
toujours flanqué de son beau-frère, le député Boji Sangara, reçoit
beaucoup dans son QG provisoire en attendant qu’il termine la
restauration de sa nouvelle permanence dans le quartier Royal. Il ne
regarde pas à la condition sociale des ses visiteurs. Ses portes sont
ouvertes aux grangs comme aux gens de condition très modeste. La
plupart viennent lui exprimer leur disponibilité à s’engager à ses
côtés. Il n’y a qu’un parti politique pour canaliser au mieux des
sympathies de cette nature. Or Kamerhe n’en a pas encore créé un. Ceux
qui lui ont imputé la paternité du PDRC n’en connaissaient pas les
tenants et les aboutissants.
Il avait été plutôt question d’une initiative de ceux qui croient en
lui, amis, proches et autres sympathisants, pour pousser Kamerhe à
s’affirmer en tant que leader à part entière. Donc à consommer la
rupture et avec Joseph Kabila et avec le PPRD. En politique averti,
Kamerhe a évité le piège. Il a laissé les siens se défouler sans aller
jusqu’au de leur jeu. Au finish, les uns et les autres ont compris que
ce qui est arrivé à la session parlementaire d’avril dernier n’a rien
changé à l’allegeance de Kamerhe à son chef. “Joseph Kabila n’a jamais
posé directement un acte pour nuire à Vital Kamerhe. Alors, Kamerhe n’a
pas de raison de rompre avec lui ou pire encore, de le combattre
aujourd’hui ou un autre jour à venir”, a affirmé,à “CONGONEWS”, un
membre de l’entourage immédiat de l’ancien président de la chambre
basse. Une façon de dire qu’il y a eu brouille mais que Kamerhe ne
nourrit aucune inimitié. Surtout pas avec son successeur, Evariste
Boshab, avec qui ils ont trouvé un modus vivendi façon gentlmen. En
tout état ce cause, Kamerhe n’a jamais quitté totalement le sérail
présidentiel. Un cordon ombilical l’y lie encore par l’entremise de la
soeur jumelle du Président de la République, Jaynet Kabila.
Celle-là croit toujours en Kamerhe et ne s’empêche de le dire à qui
veut l’entendre, même dans l’intimité du palais présidentiel. Elle a
été même jusqu’à assiter Kamerhe lorsque celui-ci a perdu son neveu il
y a plusieurs semaines. Certains ont pris cette présence pour une
délégation au nom du Chef de l’Etat. Jaynet a fait plus. Elle a invité
Kamerhe à la grande soirée de solidarité qu’elle a organisée il y a
plus de trois semaines. Pour qui a vécu l’influence naturelle et
inévitable d’un jumeau à son sosie, il y a de quoi penser à une
passerelle encore maintenue entre Kabila et Kamerhe. Une passerelle
“infime” peut-être mais que des Kamerhiste partisans de la continuité
entre le couple JKK-VK veulent consolider coûte que coûte.
Eux travaillent depuis à la conclusion d’une rencontre au sommet. “Il
faudra que Vital Kamerhe voit le Président de la République pour lever
les malentendus et envisager l’avenir. Même si Kamerhe se trouvera
obligé de faire son propre chemin, il faudra qu’il en discute avec
Joseph Kabila”, envisage-t-on avec tout le sérieux dans l’entourage de
Kamerhe. De la sorte, il n’y aura plus de la méfiance de part et
d’autre. Du côte de Kamerhe, ses faits et gestes montrent qu’il n’y en
a jamais eu. Sinon, l’homme ne se permettrait de se balader sans aucune
garde et seul au volant de sa voiture. Il y a encore une semaine, Vital
a été vu, dans le centre des affaires, très décontracté au bois de sa
Range-Rover, toutes vitres baissées. Avec son humour légendaire, il a
même eu le temps de lancer une blague à un proche du Premier ministre,
Adolphe Muzito, qu’il a croisé sur son chemin. Cet humeur, des députés
le réclament dans la salle du congrès où Kamerhe n’a plus jamais remis.
Ses collègues se demandent s’il siégera à la prochaine session
parlementaire.
Ses proches trouvent qu’il n’y a aucun enjeu autour de cette question.
Que Kamerhe siège ou pas, l’Assemblée nationale a perdu tout intérêt
pour cet homme très ambitieux. Lui regarde désormais ailleurs. Mais
s’il faut qu’il prenne part, un jour, à une plénière, il y aura,
inévitablement, des questions protocolaires à régler au préalable. Par
exemple que ce député d’un genre tout particulier arrive tôt dans la
salle pour éviter qu’il se fasse applaudir plus que le président en
exercice. Par exemple encore qu’il se garde de prendre la parole sous
peine d’écorcher certaines susceptibilités. Il faudra bien qu’il aille
un jour s’assoir sur le banc par respect pour ses électeurs. En tout
état de cause, il n’y a pas à craindre une quelconque conséquence à
tirer de l’absentéisme dans une assemblée où certains députés ne
viennent siéger que quand ils estiment dans leur propre chef que
l’enjeu en vaut la peine. Le cas le plus flagrant est celui de...
Qu’importe. Ce qui préoccupe le plus les députés, notamment ceux de
l’opposition non bembiste, c’est de savoir s’ils peuvent compter sur
Kamerhe pour lever un nouveau leadership en 2001. Beaucoup de
simulations étaient échaffaudées dans ce sens avec une perspective
d’une implicationde certaines capitales occidentales. Les Bembistes, de
leur côté, ne désirent pas moins Kamerhe. Ils représentent pour eux
l’atout qui leur manque pour se faire lézarder le fief quasi
inexpugnable de Joseph Kabila, à savoir l’Est de la République. Dans
leur ensemble, les députés de l’opposition se rappellent du “standing
ovation“ qu’ils avaient réservé à Kamerhe à la session d’avril. Un
geste qui avait sauvé l’homme de l’humiliation et un capital sur lequel
l’opposition n’a pas encore tiré des dividendes.