Gécamines : La démission de Paul Fortin met le personnel en déroute
M. Fortin a jeté l’éponge, en précisant qu’il a accompli sa tâche et se dit fatigué après 4 ans passés à la tête de cette entreprise publique.
« Quand
il y avait la décision de Sofreco (partenaire qui avait amené Fortin à
la Gécamines) le limogeant, on s’était mobilisé comme un seul homme
pour le défendre farouchement, il y a de cela deux ans. C’est pourquoi,
quand nous le voyons partir dans ces conditions, ça nous fait très mal.
Surtout qu’on comptait sur lui…Mais, il a pris une décision qui n’a pas
plu au personnel que nous sommes.
Il y a des arriérés de salaires qu’on est en train d’attendre et qui
devraient être réglés par les parts du projet chinois…alors, les
travailleurs ne seront pas contents quand ils vont l’apprendre. J’aurai
souhaité qu’il puisse, dans son discours, même demander pardon pour
avoir pris une telle décision. Puisqu’on attendait presque 56 millions
USD pour éponger cette dette salariale », a déclaré, sidéré, le
président du bureau syndical de la Gécamines, M. Prosper Kashoba, à la
suite de la démission manifestement inattendue, ce mercredi 30
septembre 2009, de Paul Fortin, Administrateur Directeur Général de la
Gécamines.
C’est pour des raisons de ‘‘convenances personnelles’’ que le Français
Fortin a jeté l’éponge, en précisant qu’il a accompli sa tâche et se
dit fatigué après 4 ans passés à la tête de cette entreprise publique
alors qu’il était venu, dans le cadre de ce contrat, pour 16 mois. Un
véritable coup dur pour le personnel de cette société d’Etat qui a vécu
dans l’opulence dans les années 70 où la demande en cuivre avait
atteint le summum et qui peine, depuis la tristement célèbre épuration
ethnique, a retrouvé son niveau de vie d’antan.
L’espoir était tout de même permis avec les pas de porte que les
chinois devraient verser dans le cadre des accords conclus entre la
RD-Congo et le consortium des entreprises chinoises qui devraient
exploiter 10 millions de tonnes d’hétérogénéité (un mélange de cuivre
et de cobalt) et d’or. Un passé contrasté Créée en 1966 en remplacement
de l’Union Minière du Haut Katanga, la Gécamines a été le poumon
économique de la Belgique pendant la colonisation et du Zaïre durant la
2ème République. En 1989, elle a pris le poids de 85 % des recettes
d’exploitation, contre 60 % en 1960, et 42 % des revenus de l’Etat. A
partir de 1990, la conjoncture économique a entraîné la baisse de la
production due à des difficultés d’approvisionnement (vieillissement
des infrastructures de production et de transport ; hausse des coûts du
matériel importé) et l’effondrement de la mine de Kamoto.
Les troubles ethniques au Katanga ont fait perdre à cette importante
entreprise une partie de sa main d’œuvre qualifiée et accélérée la
baisse de la production. En 1990, la Gécamines a produit 376.000 tonnes
par rapport à une capacité de 470.000 ; en 1991 : 240.000 tonnes de
cuivre ; 9.800 tonnes de cobalt ; 30.000 tonnes de zinc. En 1994, la
production officielle n’a pas dépassé 32.412 tonnes de cuivre, 2.515
tonnes de zinc, 3.631 tonnes de cobalt. En 2008, cette production a
oscillé autour de 26.051 tonnes de cuivre, 690 tonnes de cobalt et
13.523 tonnes de Zinc.
Il faut reconnaître, par ailleurs, que le ‘‘bradage’’ des périmètres
miniers de la Gécamines, avec tous ces minings qui ont vu le jour au
Katanga, a été pour beaucoup dans la descente aux enfers de ce géant
économique congolais. Il va falloir que le pouvoir central réfléchisse
deux fois avant de désigner le successeur de Fortin, ce français qui a
été dans tous les fronts lorsqu’il a été question de négocier les
contrats chinois. Sinon, des vautours de la race congolaise qui ne
pensent qu’à leurs propres intérêts risquent d’achever ce qui reste de
ce patrimoine national et sacrifier des centaines des milliers
congolais qui y prestent.
Le parti UDCO voit dans la démission de M. Fortin les limites de l’illusion de l’expertise extérieure
La démission de l’Adg de la Gécamines a suscité une première et
particulière réaction avisée du parti Union pour le développement du
Congo ( UDCO). Aussitôt qu’a été annoncé cette démission, la direction
politique de cette formation politique que pilote M. Banza Mukalay
Nsungu, président national, s’est réunie pour annoncer une pertinente
réaction qui mérite de retenir l’attention de l’opinion. C’est
l’occasion pour l’UDCO de tirer une leçon sur l’opportunité du recours
à l’expertise extérieure dans la gestion du patrimoine de l’Etat et
d’en fustiger la vanité souvent avéré de cette expertise préférée
faussement à celle des fils du pays. La déclaration de l’UDCO est très
révélatrice de la situation dénoncée.
Déclaration du parti UDCO chère à Banza Mukalay
La Direction Politique de l’Union pour le Développement du Congo, UDCO
en sigle, s’est réunie le jeudi 1er octobre 2009 sous la présidence de
Monsieur Banza Mukalay Nsungu, son Président National. A l’issue de
cette réunion, elle a fait la déclaration politique suivante:
La Direction politiquer de l’UDCO a appris, non sans surprise, la
démission de Monsieur Fortin, ADG de la GECAMINES. Au-delà de la
lecture qu’en font les uns et les autres, la Direction Politique de
l’UDCO estime que la démission elle-même pose un problème de fond.
C’est celui des limites de la politique de stabilisation des
entreprises du Portefeuille prônée par le Gouvernement.
L’UDCO rappelle que cette politique qui consiste à faire appel à des
experts expatriés qui n’ont pourtant rien d’expertise, avait déjà été
dénoncée, à juste titre, par l’Assemblée Nationale. Ces expatriés
n’apportent rien en retour et pourtant, ils sont payés grassement eux,
et même leurs chiens alors qu’ils viennent au pays les mallettes VIDES.
L’UDCO qui condamne, avec la dernière énergie, cette politique de
stabilisation qui n’a pas donné les résultats escomptés demande au
Gouvernement de faire confiance à l’expertise nationale. Pour l’UDCO,
les Congolais, mis dans les mêmes conditions de travail que les
expatriés, sont capables de miracles.
S’agissant précisément de M. Fortin, tout au long de son mandat, il n’a
alors rien apporté à la GECAMINES. Au contraire, il avait tout
simplement profité de l’embellie des cours du cuivre pour jeter de la
poudre aux yeux des gens. Puisque, quand les cours du cuivre sont
retombés, il s’est retrouvé dans les mêmes difficultés comme cela
aurait pu arriver à tout le monde : impaiements, arriérés de salaires,
etc. Dans tous les cas, ADG, M. Fortin n’a même pas fait produire une
seule tonne de cuivre de plus à la GECAMINES.
Cela étant, la Direction Politique de l’UDCO demande au Gouvernement de
mettre fin à cette politique dite de stabilisation mais qui ne
stabilise rien et qui n’a réussi à ouvrir même pas une seule fenêtre du
paradis.
Fait a Kinshasa, le 1er octobre 2009.
Pour l’UDCO
Me SHAMBA
SG