Muzito pas lâché au Palais
Pas
du tout ébranlé ni moins encore affecté malgré la perspective d’une
“motion de défiance” contre lui attendue le 7 octobre à l’Assemblée
nationale. Adolphe Muzito affiche un flegme déconcertant pour ses
interlocuteurs, selon des membres de son entourage immédiat. La
rédaction de “CONGONEWS” a cherché à en avoir le coeur net. Une
visite-éclair effectuée, le week-end dernier, au quartier Utexafca, à
la résidence du Premier ministre, a suffi. Elle a suff avec ce sourire
rassurant que le maître des céans a servi à son hôte pour toute réponse
à la question de savoir comment il entrevoyait l’exercice auquel il
était appelé à se livrer devant les députés dans les 72 heures. Le
visiteur s’est évertué à obtenir un commentaire express. En vain. Il
s’est alors rappelé tous les entretiens passés à l’époque de l’“ami
idéologique” Muzito encore opposant. Ce beau vieux temps où Shed -c’est
le petit nom du Premier ministre-s’est toujours défni comme, avec son
compagnon de lutte Godefroid Mayobo, un “descendant”.
L’allié sûr
Descendant de la lignée idéologico-mystique d’Antoine Gizenga Fundji
avec sa politique d’escargot qui l’a vu triompher au moment où tous ou
presque le donnait pour un homme fni. C’est tout dire. Notamment sur le
sourire de Muzito tel que décortiqué par une des éminences grises de la
kabilie. Cet homme qui a requis l’anonymat à “CONGONEWS” n’est pas
n’importe qui. Il fait partie du cercle restreint de ceux qui
participent à la prise de décision dans le saint des saints, au Palais
de la nation. Du départ de Muzito, il affrme ne l’apprendre que dans
les médias. Au niveau de l’entourage présidentiel, la question n’a
jamais été évoquée, selon la source. Tout comme à l’AMP où aucun
procès-verbal de réunion ne mentionne le sujet à l’ordre du jour. “Le
départ du Premier ministre n’est possible que si nous n’avons plus la
majorité. Or Joseph Kabila contrôle sa majorité”, déduit la même
source. Cette majorité était appelée à resserrer ses rangs lors d’une
réunion attendue dans les prochaines heures au siège de l’AMP, sise
avenue colonel Lukusa, dans la commune de la Gome. Ce qui paraissait
sûr, c’est que ce n’est pas elle qui allait se faire manipuler par
l’opposition jusqu’à apporter à celle-ci la tête de Muzito sur un
plateau.
De toutes les façons, la majorité a compris que si Joseph Kabila avait
voulu faire partir Muzito, il ne le ferait pas bruyamment dans la salle
de congrès du Palais du peuple. Question de ne pas humilier son allié
PALU sur lequel il compte encore, surtout avec le flottement enregistré
dans l’ARC d’Olivier Kamituta Etsu et le dernier coup de gueule
d’Antipas Mbusa Nyamwisa dans son fief, à Beni-Butembo, au pays Nande
dans la province du Nord-Kivu. S’il avait le droit de porter le débat
sur la place publique, Kamitatu a provoqué l’effet contraire de ce
qu’il escomptait. Il a fait se cabrer Kabila et la plupart de gros
bonnets kabilistes lorsqu’il a mis tout le monde dans le même sac en
parlant de “culture de jouissance” dans la majorité présidentielle. Son
plus grand péché aura été d’avoir agi de manière perso. Il n’a pas
cherché l’adhésion de ceux qui comptent, au départ de son initiative et
a voulu mettre les autres devant le fait accompli. Mal lui en a pris
puisqu’en politique, les hommes avertis prennent rarement un train à
mi-chemin sans savoir d’où il vient et pour quelle destination.
En tout état de cause, Kamitatu ne pèse pas assez pour le leadership
qu’il tente de prendre à la tête du camp présidentiel, toutes forces
confondues. L’homme ne dispose d’un réel encrage nulle part, surtout
pas dans le Bandundu et à la Tshangu où il ne sait pas dans quelle
langue haranguer les foules. Ce ne sont pas des députés gagnés à l’ARC
contre espèces sonnantes et trébuchantes qui feront que l’AMP parvienne
à ce que le PALU lui a offert, joindre la majorité parlementaire à une
majorité sociologique. Si les deux ne sont pas ensemble, diffcile de
réussir quand vient le moment de mobiliser pour la mise en oeuvre d’un
programme ou l’accomplissement d’un quelconque autre objectif
politique. Qu’il est intrigant ce Kamitatu pour se permettre même
d’initier une autre motion de défiance contre le Premier ministre
Adolphe Muzito sous la signature Fabrice Albert Mpwela, député élu de
l’ARC à Matadi, dans la province du Bas-Congo. Cette motion n’avait pas
encore réuni la cinquantaine de signatures requises, selon des sources
parlementaires.
Qu’il s’agisse de cette motion ou de celle du député bembiste Clément
Kanku, Muzito est prêt à l’affronter. Il ira donc répondre devant la
plénière avec l’ensemble de tout son gouvernement. Ses proches ne
demandent qu’une chose, que “les débats se déroulent dans la
respectabilité démocratique”. “Pas trop de généralisation. Nous
attendons de l’opposition une évaluation en rapport avec les missions
assignées au Premier ministre Adolphe Muzito au départ”, a
circonscrit... Quand Joseph Kabila nomme Adolphe Muzito, début octobre
2008, il le charge de mettre fn à la guerre à l’Est, stabiliser le
cadre macro-économique et poursuivre la réalisation de cinq chantiers à
une vitesse plus accrue. Presqu’une année après, les armes ne se font
plus entendre à l’Est. Les mitraillettes qui y crépitent encore ne le
sont plus par le fait d’une rébellion congolaise mais plutôt d’une
opération de ratissage pour nettoyer les collines du Nord et du
Sud-Kivu de ce qui reste des Interhamwe et des FDLR. Ce n’est pas
encore la paix totale mais c’est déjà beaucoup d’avoir rétabli les
relations diplomatiques avec Kigali et Kampala, d’avoir rendu possible
la mutation du CNDP et d’autres groupes Maï Maï en partis politiques,
d’avoir favorisé la reprise de l’activité économique avec la levée des
barrières sur les axes routiers.
Compromis chinois
Les déplacés ont commencé à regagner leurs villages. Le retour se
poursuivait. Leur réinstallation dépend en grande partie du Plan de
stabilisation de Muzito évalué à 700 millions de dollars. Ce programme
a suscité plusieurs souscriptions. Certains bailleurs ont déjà libéré
leur promesse. Comme la Grande-Bretagne qui a versé 200 millions de
dollars via son ministre de la Coopération, Thomas Gereth, en séjour à
Kinshasa, début septembre dernier. Qui ne se souvient pas du tout
premier voyage de Muzito à l’Est alors qu’il n’avait même pas encore un
mois dans son nouveau fauteuil sur l’avenue ex-3 Z.
Des compatriotes de l’Est ont retenu le caractère courageux de
l’initiative du Premier ministre. Ils s’en flattent encore aujourd’hui.
Ce n’était pas évident de mettre le pied à Goma alors les hommes de
Laurent Nkunda campaient encore aux portes de la ville volcanique. Sur
le plan économique, beaucoup de critiques ont été émises contre le
gouvernement Muzito. Elles sont fondées si l’on s’en tient
essentiellement aux éléments les plus apparents du cadre
macro-économique, à savoir le taux de change et l’infation. Pour
quiconque se donne la peine de gratter davantage, il découvrira que la
RD-Congo n’est plus loin de parvenir au point d’achèvement. Là-dessus,
les satisfécits répétés du FMI viennent trancher toute polémique. Il
reste à conclure un nouveau PEG -programme économique du gouvernement-
pour une période trois ans. Cela pourrait être fait d’ici la fn de
l’année. La perspective est meilleure avec la conclusion annoncée des
contrats chinois réajustés selon la demande des Occidentaux. Il faudra
reconnaître à Kabila et à Muzito le grand coup vers lequel ils avancent
de coupler la coopération avec les institutions de Bretton Woods et le
financement chinois qui représentera désormais quelques six milliards
de dollars dont 350 millions de dollars de pas de porte déjà libérés.
Si ça pousse déjà du côté de cinq chantiers de la République, ça va
l’être à un rythme plus accéléré l’année prochaine avec le compromis
dont s’est fatté l’ambassadeur de Chine à Kinshasa lui-même. (Lire
ci-dessous ce que le règlement intérieur de l’Assemblée nationale dit
de la procédure en ce qui concerne une “motion de défiance” et
interview en page avec Philippe Biyoya)
H.M. MUKEBAYI NKOSO
Chapitre 3: De la responsabilité gouvernementale
Section 2: De la motion de censure ou de défance
Article 196
L’Assemblée nationbale met en cause la responsabilité du Gouvernement
par le vote d’une motion de censure et et celle d’un memmbre du
Gouvernement par le vote d’une motion de défance. Le dépôt d’une motion
de censure ou de défance est constaté par la remise, par ses
signataires, au Président de l’Assemblée d’un document intitulé “motion
de censure” ou “motion de défance”.
La motion de censure contre le Gouvernement n’est recev-able que si
elle est signée par un quart au moins des membes de l’Assemblée
nationale. La motion de défance contre un membre du Gouvernement n’est
recevable que si elle est signée par un dixième au moins des membres de
l’Assemblée nationale. Le débat et le vote ne peuvent avoir lieu que
quarante-huit heures après le dépôt de la motion.
La motion de censure ou de défiance est adoptée à la majorité absolue
des membres composant l’Assemblée nationale. Si la motion de censure ou
de défance est rejetée, ses signataires ne peuvent, au cours de la même
session, en proposer une nouvelle portant sur le même objet.
Article 197
Lorsque l’Assemblée nationale adopte une motion de censure, le
Gouvernement est réputé démissionnaire. Dans ce cas, le Premier
ministre remet la démission du Gouvernement au Président de la
République dans les vingt-quatre heures. Lorsqu’une motion de défance
contre un membre du Gouvernement est adoptée, celui-ci est réputé
démissionnaire.
Article 198
En cas de dépôt d’une motion, le débat est organisé dans les conditions
prévues aux alinéas 2 à 4 de l’article 151 relatif aux communications
du Gouvernement. S’il y a plusieurs motions, le Bureau de l’Assemblée
nationale peut décider de les faire discuter en commun sous réserve
qu’il soit procédé pour chacune à un vote séparé.
Aucun retrait de motion de censure n’est possible après sa mise en
discussion. Lorsque la discussion est engagée, elle se poursuit
jusqu’au vote. Il ne peut être présenté d’amendement à une motion de
censure.
Source : Congo News