2011 : Kamerhe s'arme en Afrique du Sud
L’ex-speaker de l’Assemblée nationale caresse le rêve de prendre la
course à la prochaine présidentielle contre Kabila. D’où il apprend le
management politique et l’anglais à Jo’burg en vue de donner davantage
de consistance à son gabarit
Les plénières ont repris leur cours à l’hémicycle mais pas toujours
l’ombre de Vital Kamerhe, l’ex-speaker de l’Assemblée nationale évincé
en mars 2009 à la suite d’une brouille avec sa famille politique,
l’AMP. L’élu de Bukavu, au Sud-Kivu, troisième meilleur score à l’issue
des législatives de juillet 2006, ex-secrétaire général du PPRD, le
parti qui a produit le plus grand nombre de députés à l’issue de ce
scrutin, Kamerhe, semble avoir définitivement pris ses distances. Il ne
se fout pas seulement du règlement d’ordre intérieur de la chambre
basse qui détermine le nombre d’absences tolérées. Mais il ferait plus.
Il s’arme en Afrique du Sud. Il peaufine probablement ses stratégies
pour les échéances futures. Des sources le disent candidat en 2011
contre Joseph Kabila, son ex-mentor. Son canevas est vraisemblablement
farci des projets susceptibles de lui permettre d’atteindre son
objectif. Après son parti politique en gestation -son premier projet-,
Kamerhe s’est déjà mis à l’exécution du deuxième: l’amélioration de son
gabarit. Il est reparti à l’école. Il a pris son inscription dans une
Université de Jo’burg, en Afrique du Sud, où, simultanément, il apprend
le management politique et parfait son anglais.
La nouvelle déjà en circulation est en train d’être confirmée à une
période cruciale: au moment où Kabila est appelé à réfléchir
sérieusement sur ses prochaines alliances, ses partenaires politiques
de demain. Kamerhe a peut-être pris la terrible décision de traverser
la rue. Et d’affronter Kabila, son ancien maître, à la faveur de la
présidentielle de 2011, confient des sources à Kinshasa. «Depuis son
éviction du perchoir, Kamerhe, très sûr de son poids politique et du
soutien implicite dont il continue de bénéficier de la part de certains
de ses collègues députés dont la plupart ont psalmodié samedi 10
octobre quand l’opposition a malmené la majorité à la faveur du débat
sur le budget 2010, Kamerhe a juré de prendre la course», laisse
entendre une source proche d’un député, fiché de l’AMP sur papier, mais
très actif aux côtés de l’ex-sherpa. Des reporters d’AfricaNews ont vu
certains de leurs en train d’exulter ce jour-là en compagnie d’André
Claudel Lubaya, cet ancien gouverneur PPRD du Kasaï occidental donné
très proche du courant kamerhiste. La confidence elle-même n’a pu être
vérifiée auprès de l’intéressé, VK, invisible dans la capitale, ni de
certains de ses proches. N’empêche. Si la nouvelle se vérifiait et se
confirmait, on ne douterait plus sur la perspective d’une jouxte
électorale fratricide. Une confrontation Kabila-Kamerhe donnerait lieu
à une rude bataille. Avant tout pour le contrôle de l’électorat de
l’Est dont les deux sont issus et, dans un deuxième temps, pour
l’épreuve de la maîtrise des zones d’influence et des leaders relais,
au Centre et à l’Ouest du pays, avant la dernière étape, tout aussi
décisive: celle du choix des alliés. Kamerhe, insiste-t-on, y travaille
sérieusement. De l’avoir bousculé, Kabila en a fait un adversaire
redoutable. Kamerhe a choisi de s’installer momentanément en Afrique du
Sud, pays ami à la RD-Congo certes mais qui passe actuellement pour un
des centres névralgiques de la politique RD-congolaise.
Pressions pour décompte final
Au pays Arc-en-ciel, VK ne se tourne pas les pouces. Bien au contraire.
Il s’arme et se réarme. Après la nouvelle de la naissance de son parti,
confirmée du reste par plusieurs sources indépendantes, il est en train
de travailler à l’amélioration de son étoffe.
Son canevas est vraisemblablement farci des projets susceptibles de lui
permettre d’atteindre son objectif. Il va évoluer step by step. Après
la nouvelle de la naissance de sa propre formation politique, confirmée
du reste par plusieurs sources, Kamerhe s’est déjà mis à l’exécution du
deuxième: l’amélioration de son gabarit. Il est reparti à l’école. Il a
pris son inscription dans une Université de Jo’burg, en Afrique du Sud,
où, simultanément, il apprend le management politique et parfait son
anglais. Durée de la formation: six mois minimum. Les séances, la prise
en charge de la famille et le programme politique personnel exigerait
beaucoup des moyens financiers. D’où Kamerhe mettrait déjà des
pressions sur le gouvernement pour son décompte final, en tant que
président déposé de la chambre basse. Le troisième stade serait celui
du baptême et de l’implantation du parti. Enfin viendrait une autre
échéance déterminante: le choix des alliés. Sur ce, l’ex-SG du PPRD
avait lancé l’idée de faire route avec l’UDPS d’Etienne Tshisekedi
avant les élections de 2006. Serait-il tenté de prendre langue et de
pactiser avec les Tshisekedistes dont les incessants appels à
l’enrôlement de leurs combattants ne cachent plus leur détermination à
se jeter, cette fois-ci, dans l’arène? Simples calculs. Opterait-il
pour une coalition avec le MLC? Encore une supputation. Penserait-il à
approcher Oscar Kashala qui a fortement troublé les calculs la veille
de la présidentielle de 2006? On ne saurait l’affirmer. En face, Kabila
est tenu d’être sur ses gardes. Lui qui souffre déjà du comportement de
certains de ses alliés dans la législature en cours mais dont le PALU
et l’UDEMO paraissent être les plus sûrs compte tenu de leurs ancrages
sociologiques respectifs et de leurs performances aux précédentes
élections.
Probables combinaisons en vue: d’un côté, on aurait une coalition dont
les sociétaires pourraient être le MLC-UDPS-UREC-Parti de Kamerhe. Et
de l’autre: PPRD-alliés fidèles dont les forces émergeantes-PALU-UDEMO.
source : africanews