Carburants : gros nuages sur Kinshasa
Les automobilistes étaient fort intrigués, tout au long du dernier
week-end, par un rationnement « silencieux » de l'essence et du gasoil
dans les stations-services de Kinshasa, Ce service minimum, qui
refusait de dire son nom,' et caractérisé par le fonctionnement d'une
seule pompe, a trouvé son explication dans la rumeur d'une
hausse-imminente des prix de vente des produits pétroliers. Certaines
sources indiscrètes sont allées jusqu'à avancer la date de ce lundi 19
octobre comme celle de la publication de la nouvelle grille tarifaire.
On comprend pourquoi les exploitants des véhicules commis au transport
en commun et les particuliers se bousculaient dans les différents
points de vente des carburants dans la capitale.
Dans les milieux des opérateurs économiques du secteur pétrolier, on
impute l'impératif de réajuster les étiquettes à la fois à la
dépréciation continue du Franc Congolais, qui semble filer tout, droit
vers la barre de 900 FC le dollar américain, et à la décision du
gouvernement de refiscaliser les produits pétroliers importés. Quoique
l'on fasse, soutient-on, les Congolais sont appelés incessamment à
payer leurs carburants plus cher. Or, personne n'ignore les effets
d'entraînement du renchérissement des produits pétroliers sur
l'ensemble des secteurs de la vie nationale. Afin d'éviter qu'un coup
mortel ne soit assené au pouvoir d'achat des plus démunis d'entre nos
concitoyens, l'on attend du gouvernement des mesures d'accompagnement
de la hausse en chantier. Même si le ministère de l'Economie et du
Commerce est sans titulaire depuis le décès du regretté André-Philippe
Futa, tout le monde a les regards tournés vers le building Onatra, dans
l'espoir. qu'un message viendrait clarifier rapidement la situation.
La « vérité des prix » étant têtue, tout ce que l'on souhaite est que
le gouvernement se batte pour ramener le matelas des devises de la
Banque Centrale à un niveau compatible avec les contraintes
d'approvisionnement du pays en produits et biens divers, notamment
pétroliers. On se souvient qu'il y a un mois, Le Phare avait agité la
sonnette d'alarme au sujet de l'assèchement des réserves du Trésor
Public, situation due, entre autres facteurs, à la récession mondiale,
à la faillite des « mining » et au refus de la profession pétrolière de
s'acquitter de ses' obligations fiscales vis-à-vis de l'Etat.
Tout en décidant de refiscaliser les produits pétroliers importés, les
pouvoirs publics auraient intérêt à aller chercher, du côté des
exploitants miniers, des millions de dollars qui prennent le chemin des
poches des individus, ainsi que vient de le prouver la Commission
Mutamba du Sénat. Ce secteur si porteur devrait aider le gouvernement à
engranger des devises étrangères fort précieuses pour soulager la
bourse des consommateurs prêts à avaler l'amère pilule de la révision à
la hausse des taux de vente des produits pétroliers.
source : le Phare