Matenda frappe à la porte de la BAD
C’est depuis hier que le Ministre des Finances, Athanase Matenda Kyelu
participe à la réunion de la revue à mi-parcours du 11ème Fonds
Africain du Développement (FAD 11) qui se tient du 20 au 21 octobre à
Helsinki, en Finlande. Y prennent part, les représentants des pays
donateurs mais aussi les observateurs des pays régionaux.
Ces donateurs veulent savoir à quoi ont servi les ressources qu’ils ont
allouées à la BAD. Il s’agit aussi d’une évaluation de progrès réalisés
dans l’exécution du programme des politiques économiques, dans la
gouvernance, d’évaluer l’impact des appuis budgétaires, dans les Etats
fragiles mais également comment la décentralisation a pu améliorer les
interventions de la BAD et les relations avec les pays membres.
Athanase Matenda a témoigné, à l’occasion, pour les efforts louables
que la BAD a déployés, et marqué l’engagement de la RDC, de la SADC et
de la CEEAC, à soutenir tout programme tendant à rendre davantage
efficace la BAD. C’est depuis hier que le Ministre des Finances,
Athanase Matenda Kyelu participe à la réunion de la revue à mi-parcours
du 11ème Fonds Africain du Développement (FAD 11) qui se tient du 20 au
21 octobre à Helsinki en Finlande.
Y prennent part, les plénipotentiaires, c'est-à-dire, les représentants
des pays donateurs mais aussi les observateurs des pays régionaux. Ces
donateurs veulent savoir à quoi ont servi les ressources qu’ils ont
allouées à la BAD. Il s’agit aussi d’une évaluation des progrès
réalisés dans l’exécution du programme des politiques économiques, dans
la gouvernance, d’évaluer l’impact des appuis budgétaires dans les
Etats fragiles mais également comment la décentralisation (installation
des bureaux de représentation) a pu améliorer les interventions de la
BAD et les relations avec les pays membres. Quatre pays bénéficiaires
ont été invités à présenter leurs expériences et à représenter les
Etats fragiles (post-conflits) à savoir : le Burkina Faso, l’Ouganda,
le libéria et la RDC. Ils sont tous représentés par leurs Ministres des
Finances respectifs. Ces derniers ont, chacun en ce qui le concerne,
expliqué comment l’un ou l’autre appui de la Banque a pu redresser
certaines situations ou atténuer l’impact des différentes crises qu’ils
ont connues. A l’unanimité, ils ont plaidé pour l’intensification de la
décentralisation et le renforcement de capacité de leurs bureaux. Cette
revue a aussi permis de lancer le processus de reconstitution du FAD
12. 26 pays donateurs constituent le FAD tous les 3 ans à savoir :
l’Autriche, l’Australie, la Belgique, le Brésil, le Canada, la Chine,
le Danemark, la Finlande, la France, l’Allemagne, l’inde, l’Italie, le
Japon, la Corée, le Koweit, le Pays-Bas, la Norvège, le Portugal,
l’Arabie Saoudite, l’Afrique du Sud, l’Espagne, la Suède, la Suisse,
les Emirats Arabe Unis, la Grande Bretagne, les Etats-Unis.
Le FAD11 avait comme priorités les infrastructures, l’intégration
régionale, le soutien aux Etats fragiles, la bonne gouvernance. Le FAD
11 va de 2008 à 2010. Voici, ci-après, l’intervention de l’argentier
national aux assises de Helsinki. ALLOCUTION de Son Excellence Monsieur
Athanase MATENDA KYELU A l’occasion de la Revue à Mi parcours du FAD XI
Helsinki, le 20 octobre 2009 Excellences Madame et Messieurs les
Ministres ; Monsieur le Président du Groupe de la Banque africaine de
développement ; Messieurs les Vice- Présidents ; Madame la Secrétaire
Générale; Mesdames et Messieurs ; Distingués invités ; Permettez-moi en
ma qualité de Secrétaire du Caucus africain de souhaiter à tous la
bienvenue à cette rencontre qui, à mon sens, revêt une importance
majeure au regard des points à l’ordre du jour, à savoir : - La revue à
mi-parcours du FAD XI et - La reconstitution du FAD XII La rencontre
nous offre l’opportunité de jeter un regard rétrospectif sur les
capacités de la Banque africaine de développement à faire face à la
lourde mission lui dévolue, en tant qu’institution régionale, de
piloter l’agenda de développement du Continent africain encore aux
prises avec plusieurs défis, et de scruter les moyens adéquats pour lui
permettre d’aborder les jours à venir avec davantage de capacités
d’agir. A la différence du contexte actuel, la reconstitution du FAD
opérée en 2007 s’est faite dans un environnement plus prometteur pour
la majorité des pays africains. En effet, le continent présentait des
signes encourageants avec un taux de croissance moyen de 5% depuis
2000. D’ambitieux programmes de réformes visant à améliorer la
gouvernance économique étaient engagés par plusieurs pays, avec des
résultats très satisfaisants. On notera, en passant l’amélioration de
la place de certains pays africains dans le classement Doing Business,
dont le Sénégal, l’Ile Maurice, le Burkina Faso, et tout récemment le
Rwanda. Il sied aussi de souligner les efforts que nos pays
fournissaient déjà dès le début de la décennie et qui ont permis
d’assainir le cadre macroéconomique, facteur prépondérant pour engager
nos pays sur la voie du développement économique.
Ainsi, selon les statistiques du Fonds monétaire international, en mars
2009, 20 pays africains avaient dépassé le Point d’Achèvement, 9
étaient en phase intérimaire (entre le Point de Décision et le Point
d’Achèvement), alors que seulement 4 n’avaient pas atteint le Point de
Décision. Ce qui témoigne d’une réelle volonté politique d’inscrire le
Continent dans l’orbite du développement, et lui donner sa place dans
le monde. C’est donc dans un tel contexte que le FAD XI a été
reconstitué. A cette occasion, la Banque africaine de développement
avait pris le ferme engagement de contribuer à la consolidation des
résultats atteints par les pays membres. Cet engagement était assorti
d’une série de réformes internes pour lui garantir le maximum
d’efficacité tant au niveau des politiques que des instruments.
Aussi, permettez-moi d’axer mon propos sur quatre trois points clés :
a) Crise économique mondiale et conséquences sur l’Afrique
b) Engagements de la Banque africaine de développement dans le cadre du FAD XI
c) Essai de Bilan des résultats atteints
d) Défis futurs
1. CRISE ECONOMIQUE MONDIALE ET CONSEQUENCES
Point n’est besoin ici de revenir sur la crise et ses effets sur les
économies africaines. Mais soulignons que cette série des crises a
touché tous les moteurs de croissance de l’économie africaine : les
prix et la demande des produits de base, les flux de capitaux, les
investissements directs étrangers et l’intégration régionale, en
particulier dans les Etats fragiles. Depuis la fin de 2008, les
prévisions de croissance pour 2009 ont été drastiquement revues à la
baisse, passant de 5,9% en novembre à 2,8% en février 2009. Il s’ensuit
naturellement un dérapage du cadre macroéconomique, avec la reprise de
l’inflation, la diminution des réserves de change, l’accroissement du
déficit budgétaire. Cette combinaison de facteurs défavorables
constitue un obstacle majeur à la poursuite des efforts déjà engagés
par les pays en termes de développement des infrastructures et
d’atteinte des Objectifs du Millénaire de Développement. Selon des
estimations récentes, les projets d’infrastructures qui ont été
retardés ou annulés s’évaluent à 1,35 milliard de dollars. Ceci
compromet substantiellement les efforts d’intégration des économies
africaines, les privant d’énormes potentiels à générer par la création
de marchés intérieurs, souhaitée de tout vœu par tous. Compte tenu de
leur caractère particulier, les Etats dits fragiles, dont le mien,
demeurent naturellement les plus touchés. En effet, en raison de leur
environnement exceptionnellement délicat, les Etats fragiles sont
encore plus vulnérables aux chocs exogènes. La précarité de leurs
ressources, mais surtout les impératifs de reconstruction et de
consolidation de paix auxquels ils font face laissent peu de
possibilités budgétaires pour résister aux incidences négatives de la
crise. Pour faire face à ce tableau pessimiste, beaucoup d’efforts sont
déployés par nos gouvernements, certes avec l’appui de la communauté
des bailleurs de fonds tant bilatéraux que multilatéraux, dont la
Banque africaine de développement. Cela a été relayé lors de plusieurs
rencontres, notamment à Dar es Salam en mars, à Londres en avril et à
Pittsburgh en septembre.
2. ENGAGEMENTS PRIS PAR LA BANQUE
La Banque africaine de développement avait pris, lors de la constitution du FAD XI, des engagements sur deux fronts :
a) Améliorer sa contribution au développement du continent ;
b) Rendre régulièrement compte des résultats de ses engagements sur le terrain (Accountability).
Cette opportunité nous donne l’occasion de nous interroger « Quels sont
les résultats auxquels la Banque est parvenue à mi-parcours de la mise
en œuvre du FAD-XI ? »
3. QU’A ACCOMPLI LA BANQUE ?
La Banque africaine de développement a posé des jalons significatifs et
réalisé des progrès sur les questions majeures qui constituent les
défis de l’heure en matière de développement du continent. En effet, au
cours de cette période, le soutien de la Banque auprès de ses pays
membres régionaux s’est manifesté selon trois axes :
(i) Marquer davantage sa présence physique sur le continent par la
décentralisation de ses services.: L’ouverture de Bureaux de
représentation a conduit à plus d’interactions entre la Banque et les
décideurs nationaux à travers les échanges de visions sur le
développement du Continent, au travers des séminaires, conférences,
dégageant des positions communes africaines face aux grands défis de
développement et une participation assidue dans les fora internationaux
(G20) et les rencontres des Communautés économiques régionales (SADC,
COMESA, etc.). Grâce à cette approche de gestion de proximité, la
Banque a contribué à l’amélioration des résultats de ses interventions.
La décentralisation a favorisé plus de dialogue avec les pays
bénéficiaires et induit déjà des effets d’entraînement indéniables sur
l’orientation et la mise en œuvre du portefeuille. La décentralisation
a permis d’assurer un meilleur accompagnement des opérations financées
par la Banque sur le terrain et réduit considérablement le délai de
traitement des dossiers transmis autrefois au Siège de l’institution.
Si la faiblesse de la capacité d’absorption des ressources a longtemps
constitué une préoccupation, la stratégie d’allocation sur base de
performance a été un facteur de prise de conscience dans le suivi et la
gestion financière des opérations financées par la Banque. La présence
des Bureaux de Représentation constitue, à la fois, le moyen et
l’instrument de concrétisation de cette volonté partagée, à savoir
assurer et faciliter la saine utilisation des ressources mobilisées en
faveur de nos populations. S’agissant du cas spécifique de la
République Démocratique du Congo, nous sommes ainsi passés d’un niveau
de 24% de taux d’absorption à 41%. Certes, le flux de décaissement sur
la période reste encore moyen mais tout de même prometteur si les
tendances actuelles se maintiennent.
(ii) Améliorer sa performance opérationnelle. Les opérations de
développement financées par la Banque enregistrent des résultats
encourageants tant au niveau de la capacité de gestion que du taux
d’absorption des ressources allouées. Dans des pays comme le mien,
confrontés à des difficultés sécuritaires, l’assistance de la Banque
combine judicieusement les actions humanitaires avec les opérations de
reconstruction ou de réhabilitation des infrastructures
socio-économiques avec des appuis budgétaires ciblés. Des opérations
d’importance majeure pour le développement connaissent un début de
réalisation dans le cadre d’une politique concertée en matière
d’intégration régionale comme les interconnexions électriques entre
pays voisins, les infrastructures de communications routières et
ferroviaires comme le « Pont Route Rail » entre Brazzaville et Kinshasa
ainsi que des synergies prometteuses avec les communautés économiques
régionales (CEEAC, CEPGL) et les banques de développement régionales.
Ce regain d’intérêt et l’amplification des concertations constituent de
réels motifs de satisfaction et des raisons d’espérer.
(iii) Faire preuve de Proactivité et de spécificité dans ses stratégies
d’approche du terrain. Une série de « mécanismes » a vu le jour pour
éclairer et soutenir les options en matière de développement des
économies africaines confrontées à des défis additionnels. Je citerai
la Facilité d’Appui aux Etats Fragiles, la Facilité d’Appui Juridique,
l’Initiative pour le financement du Commerce, la Garantie conjointe en
soutien aux PME/PMI ou encore la Facilité de Liquidité d’Urgence,
l’Initiative sur le Changement Climatique, etc. Il est important de
souligner que la Banque gère actuellement le Fonds fiduciaire en faveur
des forêts du Bassin du Congo, deuxième poumon économique du Monde.
Tous ces instruments, pour ne citer que ceux là, répondent de manière
adéquate aux problèmes réels auxquels sont confrontés les pays
bénéficiaires et illustrent de nouvelles dispositions au sein de
l’Institution pour plus de réactivité et d’anticipation aux côtés des
gouvernements de nos pays en leur apportant l’appui-conseil requis et
en partie, le soutien financier. Bien que globalement satisfaisants,
les résultats à ce jour méritent d’être consolidés. Cela relève de la
responsabilité collective de nos Etats, de celle de l’ensemble des pays
membres de l’Institution (régionaux comme non-régionaux). L’engagement
toujours accru de la Direction et du personnel de la Banque est
indéniable. Je saisis l’opportunité pour leur exprimer notre soutien et
encouragement et les exhorte à persévérer inlassablement. Cependant,
les défis restent immenses et aussi pressants les uns que les autres ;
les risques considérables dans un environnement international plus
complexe.
c) DEFIS FUTURS
Les défis sont nombreux ; je m’en tiendrai à ceux retenus ci-dessous :
a) Maintenir le cap des réformes institutionnelles pour garantir
l’amélioration accrue des capacités d’action de la Banque. Ces réformes
en cours méritent l’adhésion et le soutien de tous les pays membres et
des pays donateurs.
b) Poursuivre le renforcement des mécanismes d’évaluation des résultats
des opérations. Aller au-delà de l’absorption des ressources comme
critère principal d’évaluation de la qualité et de la performance du
portefeuille, pour apprécier les résultats tangibles et les effets
d’entraînement sur la croissance économique et le bien-être de nos
populations. A cet égard le Plan d’Action pour la Qualité et les
Résultats mis en œuvre sous le FAD XI constitue une avancée
significative à consolider.
c) Concevoir des stratégies spécifiques pour la stabilisation des Etats
fragiles de sorte à réduire progressivement leur nombre. Pour parvenir
à tout cela, deux actions sont indispensables :
i) Besoin de plus de Ressources Humaines pour améliorer sa capacité
d’appui-conseils aux Etats, créneau qui constitue un domaine où la
Banque doit asseoir un avantage comparatif.
ii) Besoin de ressources financières additionnelles. En effet, le
chantier est immense. Même si la volonté politique des Etats et
l’imagination de la Banque africaine de développement sont au
rendez-vous, relever les défis ci-dessus nécessite des ressources
additionnelles et multiformes. Faute de quoi, tant d’efforts et
d’initiatives risquent de s’estomper. Ce qui, politiquement et
stratégiquement, n’est pas une option à faire valoir. Pour terminer, je
voudrais témoigner pour les efforts louables que la BAD a déployés, et
marquer l’engagement de la RDC, de la SADC et de la CEEAC à soutenir
tout programme tendant à rendre davantage efficace la Banque africaine
de développement. Je vous remercie pour votre aimable attention.
source : la Prosperité/Kinshasa