Firmin Yangambi, le procès renvoyé à mercredi 28 octobre
La cour militaire de Kinshasa/Gombe a ouvert, mercredi 21 dans la
journée, la première audience dans l’affaire
Auditeur-militaire-ministère public contre Maître Firmin Yangambi et
Cie. C’est l’affaire de l’avocat du barreau de Kisangani et défenseur
des droits de l’Homme poursuivi pour atteinte à la sûreté de l’Etat
(plus ou moins).
Arrêté fin
septembre, Firmin Yangambi a été acheminé manu militari à Kinshasa au
motif qu’il aurait été surpris convoyant des armes de guerre destinées
à une rébellion dans la province orientale, selon les explications du
ministre de la Communication et Médias. Le 21 octobre, à l’ouverture du
procès, les débats ont tourné autour de l’identification des prévenus,
de la comparution des avocats-conseils et de l’examen des préalables,
ceux posés par les avocats de la défense, notamment. Qui ont
stigmatisés les conditions de détention des prévenus et sollicité la
liberté provisoire pour Me Yangambi, contraignant l’organe accusateur à
une remise à la huitaine pour rendre un arrêt avant dire droit. Firmin
Yangambi, animateur d’une ONG de défense des droits de l’Homme, « Paix
sur Terre », comparaît dans cette affaire avec 3 co-accusés : un
colonel, commandant second de la division spéciale présidentielle, et 2
jeunes gens, Eric Kikuna et Benjamin Olangi. Les accusations portées
contre l’avocat avaient surpris plus d’un observateur, à Kinshasa comme
à Kisangani. Me Yangambi était déjà connu pour ses activités à la tête
de « Paix sur Terre ». Durant les années rebelles rd congolaises, il
avait lutté corps et âme pour la protection de ses compatriotes
malmenés sous la double occupation rwandaise et ougandaise de la ville
martyre rd congolaise. Non sans quelque courage, compte tenu du
contexte politique et militaire de l’époque. D’apprendre qu’il s’était
porté à la tête d’une rébellion, alors qu’il avait résisté aux
tentations d’adhésion à tous les RCD (Rassemblement Congolais pour la
Démocratie) qui ont essaimé à Kisangani ainsi qu’au MLC de Jean-Pierre
Bemba, a plus que surpris. Tout autant que de se convaincre que Firmin
Yangambi aurait convoyé des armes de guerre par un aéroport surveillé
nuit et jour. Le jeune juriste paraissait tout sauf aussi peu
prévenant. Encore que, selon certains, la réaction appropriée de
services de sécurité en pareille circonstance aurait été, non pas de
mettre la main sur le convoyeur d’armes, mais de le laisser mener au
cœur de l’opération en préparation, pour y mettre fin une fois toutes !
Eric Kikunda et Benjamin Olangi, furent arrêtés eux, à Kinshasa près de
4 jours auparavant, le 24 septembre.
Les deux jeunes gens seraient passés aux aveux, selon des proches
rencontrés à la Cour Militaire de la Gombe, sur avenue Lubefu. Des
aveux arrachés par la torture. Des tortionnaires avaient méthodiquement
et systématiquement mordu, à belles et fortes dents, les deux détenus
qui portent encore fraîches les traces des blessures.
Pour obtenir qu’ils contresignent des documents rédigés à leur
intention, attestant de leur culpabilité. Ces informations relatives
aux tortures extrêmes subies par Kikunda Fils et son ami Olangi
proviennent, certes, d’une seule partie à ce procès. IL n’a pas été
possible de les confirmer auprès de la partie poursuivante. L’évolution
du procès permettra de les confirmer de manière irréfutable, ou de les
infirmer.
Mais pour les habitués de la justice militaire, elles sont
vraisemblables. La formule des procès en juridictions d’exception rd
congolaises est toujours la même : arrestation, extorsion d’aveux,
procès, condamnation. Beaucoup de chance pour que le schéma, ridicule à
souhait, soit réédité dès mercredi 28 octobre.
source : Congo News