Boshab balaye les malentendus qui font croire à un laisser-aller à l’Assemblée nationale
Face aux critiques qui sourdent autour d’un climat laxiste et une conduite un tantinet cavalière des activités à la Chambre basse du Parlement, le président de l’Assemblée nationale a choisi de réagir dans une conférence de presse pour démentir l’apparent laisser-aller et indiquer qu’il y a ni dérapage ni dérive à son institution.
L’Assemblée nationale est au top de l’actualité nationale. C’est le moins que l’on puisse dire. N’eût été la succession des événements des sommets africains, en l’occurrence celui de la SADC d’abord et de la CEEAC ensuite, la Chambre basse du Parle allait dominer totalement la vie politique active de ce dernier trimestre de l’année 2009 en RDC. Mais l’inquiétant dans cette situation, c’est qu’il ne s’agit pas d’une prépondérance positive. Au contraire. Une certaine opinion trouve à redire sur la marche actuelle de l’Assemblée nationale. Et pour cause.
Il est observé, en effet, à la Chambre basse du Parlement, depuis la
session ordinaire de mars, un climat morose qui ne dit pas son nom. La
fronde généralement distillée dans le camp de l’opposition gagnait
insidieusement celui de la majorité. L’échappée à la sauvette de la
motion de défiance initiée contre le Premier ministre avant le départ
des députés en vacances parlementaires présageait l’air maussade qui
allait envelopper aussi bien ces vacances que la rentrée de septembre
dont la session est budgétaire. Il y avait même une opportunité dans
cette session budgétaire pour relayer et accentuer la fronde en faisant
d’une pierre deux coups : bloquer le Premier ministre et à la défense
de son projet budgétaire et à la motion de défiance.
On a vu qu’à la rentrée de septembre, et le passage du projet de budget
et le débat autour de la motion de défiance ont représenté des enjeux
périlleux menaçant de tout faire voler en éclat. Un sursaut de reprise
des esprits a sauvé les meubles. Mais la morosité ne s’est pas trouvée
décantée pour autant. Au contraire. Au lendemain du franchissement des
deux obstacles du passage du budget et du rejet de la motion de
défiance, les députés ont paru trainer les pas dans la reprise du cours
normal de leurs activités. La séance plénière de vendredi 23 octobre
l’a attesté.
Cette séance a battu le record d’absentéisme que le président du bureau
a dû reconnaître pour en arriver à décider de son report, afin d’éviter
le scandaleux constat des vides des sièges dans la Salle des congrès.
C’est après coup qu’on avisera de reconnaître que les nombreuses
absences se justifiaient par l’occupation de la grande majorité des
députés dans les travaux de nombreuses commissions parlementaires. Pour
autant l’opinion ignorait cette justification et pouvait confirmer de
plus belle les appréhensions de laxisme au sein de sa représentation
nationale. Le président de l’Assemblée nationale pouvait-il laisser
perdurer un tel discrédit de cette représentation nationale ?
M. Evariste Boshab a choisi de réagir en ressuscitant une opportunité
offerte au bureau de l’Assemblée de communiquer avec l’opinion, celle
des rendez-vous périodiques avec les médias par des conférences de
presse. Le président de l’Assemblée nationale a donc convoqué la
première de ces périodiques face-à-face avec la presse. Il se
présentera à ce rendez-vous avec le reste des membres du bureau de
l’Assemblée nationale et l’accompagnement des présidents des groupes
parlementaires.
D’entrée de jeu, M. Evariste Boshab présentera l’événement du jour
comme une reprise du partenariat entre l’Assemblée nationale et la
presse pour une bonne communication qui évite la circulation des
fausses informations sur la représentation nationale. L’opinion,
indiquera-t-il a besoin d’être bien informée par la presse sur les
activités de l’institution parlementaire pour ne pas verser dans
d’injustifiables dénigrements.
Plongeant
alors dans le vif du sujet, à savoir la démonstration de l’activité que
déploie l’Assemblée nationale, M. Boshab indiquera que l’ordre du jour
de sa présente session avait inscrit 14 points à examiner, ce qui exige
un travail assidu. Les sept commissions permanentes s’attelaient à les
éplucher. La Commission Economique et financière, par exemple, a été
convié pour la première fois de décortiquer avant tout l’exécution du
budget en cours d’exercice avant d’attaquer le prochain qui venait de
lui être soumis pour toilettage. Cela va nécessiter un plus grand délai
de travail. Toutes les autres commissions siégeaient également pour
examiner beaucoup d’autres dossiers dont la représentation nationale
tient à épuiser la matière dans le mandat actuel.
Pour le président de l’Assemblée nationale, cette occupation des
députés dans les commissions est la cause des pauses des séances
plénières. M. Boshab en arrivera à annoncer même que les sessions
allaient seulement reprendre le 8 novembre prochain, comme pour
demander l’indulgence de l’opinion devant ce qu’elle pourrait
considérer comme un assèchement des séances parlementaires.
Ni répit, ni vacances, mais une rationalisation du travail parlementaire
Pas de plénière à la chambre basse du Parlement jusqu’au 8 novembre
2009. La décision rendue publique mardi 27 octobre par Evariste Boshab,
a été prise par la conférence des présidents au cours de sa réunion du
lundi 26 octobre 2009. Motif: permettre aux commissions parlementaires
d’accélérer leurs travaux. Le président de l’Assemblée nationale a dit
qu’il faut « rationaliser » le travail parlementaire. « Il ne s’agit
pas de vacances, c’est notre méthode de travail », a précisé Boshab.
Mais, le temps joue-t-il en faveur des députés ? Ils n’ont plus que
quelque 40 jours pour vider l’abondance des matières inscrites au
calendrier.
« Les sept commissions permanentes sont hyper chargées pour l’instant
(...) il n’y aura pas de plénières à l’Assemblée nationale jusqu’au 8
novembre 2009 pour leur permettre d’accélérer leurs travaux ». C’est en
ces termes que le président de l’Assemblée nationale, Evariste Boshab,
a éclairé l’opinion, au cours d’une conférence de presse animée le
mardi 27 octobre 2009 dans la salle des conférences du Palais du
peuple. Il était entouré des membres du Bureau ainsi que les présidents
des groupes parlementaires et des commissions permanentes.
« L’Assemblée ne s’est pas accordée un répit. Pour l’instant, les
députés sont en train de travailler en commission ils sont fort pris.
C’est un travail harassant, débordant... il s’agit d’étudier le fond,
la forme des projets de loi avant de venir présenter avec un travail
fini à la plénière », a déclaré Evariste Boshab. Il a signifié que
cette mesure a été prise au niveau de la conférence des présidents dans
sa réunion du lundi 26 octobre 2009 pour permettre aux commissions de
bien pénétrer les textes. Notamment la commission Economie et finances
qui travaille sur le Budget, la commission défense et sécurité qui,
elle, se penche sur le projet de loi sur la réforme de l’armée ainsi
que la commission Politique, administrative et judiciaire qui a
plusieurs projets de loi à amender.
« Nous nous sommes dit dès le début qu’il fallait rationaliser le
travail parlementaire... » a-t-il indiqué. Faisant allusion à la
plénière de vendredi dernier qui avait avorté, faute de quorum, Boshab
est tranchant: « les plénières doivent être utiles ».
Liberté démocratique
Au cours de la même conférence, d’autres questions ont été abordées
notamment celle relative au moratoire sur la nationalité, les relations
tumultueuses avec l’Angola, la non prise en compte des recommandations
de l’Assemblée par le gouvernement... A la question relative à la
sortie des députés de l’opposition de la salle lors de la présentation
du projet de Budget 2010 par le Premier ministre, Evariste Boshab a
répondu que lorsqu’un problème est résolu il n’en est plus un.
« L’opposition a la liberté démocratique... elle fonctionne sur base
de ce principe que je respecte... si l’opposition est rentrée dans
l’hémicycle, c’est que ses libertés sont garanties », a-t-il dit.
A
quand la fin du moratoire sur la double nationalité? Il y a eu, sur le
plan politique, un accord entre l’opposition et la majorité. Il fallait
laisser un temps pour dépassionner le débat, a répondu Boshab. « La
question est inscrite dans notre calendrier, je pense qu’elle sera
examinée au cours de cette session ».
La presse a voulu connaître l’issue de « l’affaire DGI » où 12 députés
sont accusés de corruption. A cette préoccupation, le président de la
chambre basse a été légaliste. « A chaque institution de faire son
travail. Puis qu’il s’agit des députés, c’est au Parquet de suivre la
procédure de la levée des immunités parlementaires, s’il est établi
qu’ils sont coupables... Nous n’y sommes pour rien », a-t-il déclaré.
Quant à l’interprétation de la motion incidentielle du député Pius
Mwabilu par la Cour suprême de Justice sur l’article 186 du Règlement
intérieur de l’Assemblée nationale, Boshab a indiqué que quelle que
soit l’interprétation, le vote ne tombera pas. « Ce qui a été tranché
reste tranché, la Cour décide pour l’avenir et non sur le passé ».
« Plus on saisira la Cour Suprême de justice mieux la Constitution sera
interprétée », s’est réjoui Evariste Boshab. Même réponse par rapport
à l’indemnité du groupe des 18 députés dont le mandat avait été
invalidé par la CSJ. « Nous nous inclinons devant l’arrêt de la Cour.
Mais, s’il pourrait y avoir indemnités, c’est dans le cadre
humanitaire », a-t-il martelé.
Relations avec le gouvernement
Que fait le gouvernement de toutes les recommandations lui transmises
par l’Assemblée nationale? Evariste Boshab a signalé que l’Assemblée
se retrouvera lors d’une séance pour examiner ce dossier. Au total on
compte 34 recommandations envoyées au gouvernement et dont la plus
part demeurent sans suite. « L’Assemblée nationale va s’assumer au
moment opportun », a déclaré le professeur Boshab.
Pourquoi l’Assemblée nationale se tait-elle au moment où les relations
de la RDC avec l’Angola voisin se détériorent au jour le jour à la
suite des vagues d’expulsions qu’on observe ces derniers jours? La
diplomatie parlementaire ne signifie pas exhibitionnisme, a répondu
Boshab, qui a indiqué qu’il a reçu une délégation de son collègue
angolais. Cependant, il a tenu à préciser que la gestion des relations
entre deux pays revient prioritairement au gouvernement. « Chaque
institution a sa place », a-t-il tranché.
Evidemment, la question que l’on se pose est celle de savoir si
l’Assemblé nationale épuisera son calendrier en 40 jours de la fin de
cette session de septembre. Tout comme certaines personnes affirment
que cette décision liée aux travaux des commissions ne serait que
subterfuge pour « contourner » certaines motions et autres questions
orales ou interpellations.
Source : le Potentiel