Un faux rapport sur la gestion de la Province du Bas-Congo circule sur
la toile. Ce rapport, du reste vieux, a été jugé incomplet par le
Bureau de la Représentation provinciale. Une nouvelle mission d’enquête
sur la gestion de l’Exécutif Provincial de cette province a été
constituée et dirigée par l’Honorable Philippe Muanda Vuidi, Rapporteur
de l’Assemblée Provinciale. Cette dernière vient d’achever sa mission
et a déposé son rapport final à l’Assemblée Provinciale, en réservant
copie à l’Exécutif Provincial. Interviewé par notre estimé confrère
Clément Nzau de RTVS1, le Président de la Commission d’enquête a refusé
de divulguer le contenu de ce rapport dont la primeur est réservée à
son institution. Interrogé sur le fameux rapport qui circule sur
Internet, l’Honorable Philippe Muanda a déclaré, nous citons : ‘‘Ça,
c’est la classe politique congolaise. Je ne peux pas donner un jugement
là-dessus’’.
Q.1 Clément Nzau : Honorable bonjour ! Vous êtes le Rapporteur de
l’Assemblée Provinciale du Bas-Congo et Président de la Commission
d’Enquête instituée pour contrôler la gestion de l’Exécutif provincial
de Bas-Congo. Un rapport quant à ce circule sur Internet et a même été
publié. Est-ce vrai ?
Hon. Philippe : Malheureusement, je ne sais pas s’il s’agit de quelle
presse pour que je sache de quel rapport dont il s’agit. Mais ce que je
sais est qu’au niveau de ma Commission, nous avions établi un premier
rapport signé et déposé sur la table du bureau de notre institution.
Une fois arrivé au bureau, ce rapport a été examiné de fond en comble.
Et les membres du bureau ont estimé à l’unanimité qu’il y avait des
faiblesses entre autres la violation du droit de la défense. Plusieurs
Ministres incriminés n’avaient pas été entendus. Voilà pourquoi le
bureau avait adressé une lettre au Président de la Commission que je
suis pour que l’on finalise le travail en écoutant les Ministres
n’ayant pas bénéficié du principe contradictoire. Nous avions donc
poursuivi le travail pendant 10 jours à l’issu desquels nous avions
établi un rapport définitif et complet. Et ce rapport a été signé par
tous les membres de la commission présents, soit 8/10, l’un s’étant
excusé parce que malade et l’autre empêché parce que en voyage à
Kinshasa. Voilà donc ce que je peux dire de cette question.
Q.2 Clément Nzau : dans quel contexte avez-vous pu travailler pour
mener cette enquête parlementaire. Avez-vous obtenu tous ceux dont vous
avez besoin ?
Hon. Philippe : Oui effectivement. J’ose croire que c’est le premier
rapport qui circule. Donc après que nous ayons recommencé le travail
avec l’injonction du bureau qui nous avait demandé d’entendre tout le
monde, nous sommes arrivés à de nouveaux éléments qui nous ont permis
de faire le rapport final et complet adopté par tous et transmis au
gouvernement provincial et à notre bureau. Je dois dire que tous les
Ministres étaient disponibles, du Gouverneur au plus petit agent du
Gouvernorat. Il n’y avait pas d’obstruction et nous avions fait notre
rapport de manière objective et tous les membres de ma Commission ont
reçu des réponses précises aux questions posées aux dirigeants
concernés. Et lorsque nous avions constitué notre commission, la Cour
des Comptes était venu aussi à Matadi pour contrôler l’Exécutif
Provincial. Et pour éviter le télescopage, nous avions laissé les
membres de la Cour des Comptes faire d’abord leur travail et nous nous
étions mis à l’œuvre aussitôt après leur retour à Kinshasa. Donc on a
pu perdre quelques jours à cause de cela. Les recommandations proposées
par la Commission et adoptées par la plénière ont été transmises à qui
de droit.
Q.3 Clément Nzau : Puisque le rapport final est là, que doit-on en
retenir ? Y a-t-il eu mégestion ou pas ?
Hon. Philippe : Je crois qu’ici je ne peux rien dire. Le rapport a été
examiné à huis clos en plénière. Et celle-ci n’a pas autorisé qu’il
soit rendu public, même pas en partie. En ce moment, je ne peux pas
dire ce qu’il y a eu mais les recommandations ont été transmises à
l’Exécutif Provincial qui est libre d’en rendre public s’il n’est pas
lié au secret de délibération. L’Exécutif Provincial peut aussi vous
donner le contenu de ce rapport. Donc pour le moment, je ne sais rien
vous dire Monsieur Clément NZAU.
Q.4 Clément Nzau : On constate ces derniers temps, une vague des
critiques sur la gestion de la chose publique à tous les niveaux
(Gouvernement Central, provinces, Entreprises Publiques…). Doit-on
considérer que la RDC n’a aucun dirigeant avec des mains propres ?
Hon. Philippe : Cette question me parait très impertinente. Je vais y
répondre comme un acteur politique. Je pense que nous devons savoir
d’où nous venons, où nous sommes et où nous allons. Imaginez un seul
instant quelqu’un qui exerçait son métier quelque part et parvient à
être élu ou nommé pour assurer des charges publiques avec toutes les
règles financières… Je pense qu’il n’appartient pas aux congolais de se
lamenter à tout moment pour dire qu’il n’y a que des voleurs au Congo.
Parce que si touts nos dirigeants sont des voleurs, alors on devra
importer des dirigeants d’ailleurs pour nous gouverner. Non ! Ceux sur
qui on tire chaque fois ont été soit élu aux suffrages universels
direct, soit au second degré. D’autres encore sont arrivés grâce aux
élus (le cas du 1ér Ministre et de ses Ministres ; des Ministres
provinciaux). Si on doit chaque fois critiquer ceux qui nous
gouvernent, c\'est-à-dire donc que nous sommes de mauvais électeurs.
Nous ne sommes pas en théocratie ; nous sommes plutôt en démocratie. Et
ceux qui nous gouvernent ne sont pas toujours des Saints. On peut
découvrir quelques petites erreurs par ci par là mais ce n’est pas une
raison pour alarmer l’opinion nationale et internationale. A cette
allure, nos partenaires extérieurs risqueraient de ne plus nous aider
si tous nos gestionnaires sont accusés de megestion. C’est une
réflexion que je me fais et que je partage aux autres. Ce n’est pas le
fait d’être Premier Ministre, Ministre, Gouverneur, Député ou Sénateur
que l’on devient automatiquement voleur. Q.4 Clément Nzau : Honorable,
vous êtes Rapporteur de l’Assemblée Provinciale, comment un Rapport
officiel peut-il se retrouver devant la place publique ?
Hon. Philippe : Monsieur Clément Nzau, c’est la conséquence de ce que
je viens de déplorer tantôt. J’ai communiqué ce rapport au bureau.
J’étais convoqué pour répondre aux préoccupations de mes collègues de
bureau. Et comme chaque Commission évolue sous le principe de la
majorité, je ne pouvais pas me désolidariser d’avec les autres
collègues. Ce rapport là me liait même s’il a été voté par 7 voix pour
et une abstention. Et comme le bureau a estimé qu’il était incomplet,
le Président du bureau de l’époque, l’Honorable KIMASI François,
m’avait écrit pour que l’on recommence le travail. On l’a fait. Et je
ne sais pas à ce niveau comment ce 1èr rapport annulé parce que
incomplet pouvait circuler sur internet. Ça, c’est la classe politique
congolaise. Je ne peux pas donner un jugement là-dessus.
Q.5 Clément Nzau : Le Bas-Congo a toujours été cité en exemple pour la
bonne gouvernance. Aujourd’hui, le doute s’installe dans l’opinion à
cause de ce fameux rapport. Doit-on désormais mettre le Bas-Congo dans
le panier de la mauvaise gestion ?
Hon. Philippe : Si je vous dis que le Bas-Congo fait exception dans la
bonne gouvernance, là je vous donne déjà le contenu du rapport. C’est
difficile Monsieur Clément Nzau pour que tu puisses m’avoir sur ce
point là. Je reste constant avec moi-même. Le rapport est secret.
Toutefois, l’opinion devra retenir que le rapport qui a circulé sur
Internet et publié et qui fait état de je ne sais quoi, ce rapport là a
été anéanti. Il est nul et de nul effet parce que incomplet.
source : la Prosperité /kinshasa
30 octobre 2009