Les députés nationaux du Grand Kasaï, toutes tendances confondues, ont
battu le rappel des troupes. Solidaires avec leur collègue, les élus
sonnent le tocsin, dénoncent ces SMS de la mort non sans demander au
MLC de sécuriser son SG inquiété
Par deux fois en
moins de deux jours, deux SMS, tous hostiles à François Muamba
Tshishimbi, le secrétaire général du Mouvement de libération du Congo
-MLC- ont été répercutés dans les téléphones des plusieurs
personnalités du gotha politique RD-congolais et sur Internet. Le
premier a été révélé par AfricaNews dans sa livraison de vendredi 30
octobre 2009 -lire Remake en page 4. L’identité de son auteur était
inconnue. Ce qui avait l’air d’un avis anodin au moment où le SG avait
tenté de s’opposer à la candidature de certains députés MLC qui ont
pris la course à l’élection du gouverneur de l’Equateur sous le label
indépendant, a fini par prendre le visage d’une menace sérieuse. Muamba
est réellement en danger. Ça s’est précisé le week-end quand est tombé
le 2ème SMS plus virulent que le premier. Son signataire, un certain
colonel Joris Nkombe, non autrement identifié, si ce n’est le fait
qu’il signe le message au nom des ex-militaires MLC. Le contenu laisse
perplexe. Il se résume par six mots clés: plainte de trahison,
insécurité, désaveu de Muamba, ultimatum, incursion. Il y a eu comme un
froid glacial dans les milieux du parti bembiste. Tout le week-end,
personne n’a su donner de la voix. La réaction est plutôt venue après
une rencontre urgente des députés nationaux du Kasaï, de tous les deux
Kasaï, du Grand Kasaï. Les élus ont battu le rappel des troupes et
sonné le tocsin. Solidaires avec leur collègue, ils dénoncent ces SMS
de la mort non sans demander au MLC de sécuriser son SG inquiété -lire
la déclaration en page3.
François Muamba est en danger. Le contenu de ce message anonyme -bien
que la source se dévoile- mais qui le cite nommément laisse pantois:
«Nous, militaires du MLC, nous avons été trahis par des traîtres dans
nos rangs, mais nous avons été capables de les sécuriser, nous pouvons
aussi les mettre en insécurité, c’est pourquoi, François Muamba n’est
plus considéré comme étant qualifié pour mener le combat. Nous exigeons
sa démission et son remplacement par Thomas Luhaka qui nous semble
mieux indiqué pour l’instant. A défaut de s’exécuter au plus tard à la
diffusion de l’élection à l’Equateur, nous n’hésiterons pas à le
neutraliser. Ainsi, nous invitons les cadres du MLC à prendre les
mesures nécessaires afin d’éviter une incursion», signé colonel Joris
Nkombe, peut-on lire dans ce SMS du week-end dont le caractère menaçant
n’est pas à mettre en doute. Ça donne plutôt matière à réfléchir en ce
moment où le parti de Jean-Pierre Bemba est secoué par des dissensions
liées à une lutte injustifiée pour le fauteuil du gouverneur de
l’Equateur. Des gens, à la manière des fauves blessés, ont décidé de se
jeter dans l’arène en candidats indépendants lorgnant ce poste qui,
normalement, revient de plein droit au parti du chairman. Des analystes
se posent la question de savoir qui serait en train de tirer les
ficelles dans l’ombre pour semer le doute au sein du MLC en ce moment
où son leader continue de passer des jours sombres dans une cellule de
la CPI, une institution judiciaire qui, non content de continuer de
détenir JPBG après lui avoir fait miroiter les perspectives d’une
liberté provisoire, est passée à la vitesse supérieure la semaine
dernière en indexant ses biens qu’elle ambitionne de saisir. La
communication faite par Paul Madidi, le chargé de communication de
CPI/RD-Congo le même week-end, est encore fraîche dans les mémoires des
RD-Congolais et des sympathisants du chairman. De quoi conclure qu’une
main noire tapie dans l’ombre tire les ficelles.
L’alerte des Kasaïens
Cela, les députés nationaux des deux Kasaï, toutes tendances
confondues, l’ont compris. L’urgence s’imposait. C’est ainsi qu’ils se
sont réunis le samedi 31 octobre 2009 pour tirer les choses au clair. A
l’issue de leur rencontre, les élus kasaïens ont publié une déclaration
par laquelle ils tapent du poing sur la table en dénonçant et
condamnant avec énergie les menaces de mort et de déstabilisation
politique qui pèsent sur leur collègue François Muamba Tshishimbi. La
déclaration des députés souligne que ces menaces sont contraires aux
règles élémentaires de la démocratie et à la morale. Une raison pour
eux de mettre en garde tout individu ou groupe d’individus qui seraient
tentés de porter atteinte à l’intégrité physique du SG du MLC. Poussant
loin leur logique, les députés du Grand Kasaï ont lancé un appel
vibrant au MLC, son parti: «Compte tenu des hautes responsabilités que
notre collègue François Muamba assume à la tête du MLC et de la
situation qui y prévaut actuellement, nous exigeons, dans les meilleurs
délais, du MLC et de son autorité morale, une position sans ambiguïté
et des garanties de sécurité pour lui», conseillent les élus du peuple.
Ils prennent l’opinion à témoin non sans avoir demandé aux notables de
deux Kasaï de se mobiliser et de prendre toute initiative requise, afin
d’approcher leurs collègues de l’Equateur, province d’origine supposée
de l’auteur du message de mort diffusé sur Internet.
Laurent BUADI
Ci -dessous, la déclaration des députés nationaux des provinces du Kasaï Occidental et du Kasaï Oriental
Nous, Députés Nationaux des Provinces du Kasaï Occidental et du Kasaï
Oriental, réunis ce samedi 31 octobre 2009 en la résidence de notre
Collègue, François MUAMBA, Secrétaire Général et Député élu bien
identifié du Kasaï Oriental, avons pris connaissance des menaces de
mort proférées contre ce dernier par le Colonel Joris NKOMBE,
Secrétaire Général du MPDC sur le site internet www.mpdc.fr. Après
échanges et analyses desdites menaces, nous faisons la déclaration
suivante:
1. Nous, Députés Nationaux des deux Kasaï toutes tendances confondues,
dénonçons et condamnons avec fermeté les menaces de mort et de
déstabilisation politique proférées contre notre collègue, François
MUAMBA, Secrétaire Général du MLC, menaces qui sont, contraires aux
règles élémentaires de la démocratie et à la morale.
2. Par conséquent, nous mettons en garde tout individu ou tout groupe
d’individus qui serait tenté de porter atteinte à l’intégrité physique
de notre collègue, François MUAMBA, et qui dans ce cas, s’exposerait à
notre vive réaction par toute voie appropriée.
3. Compte tenu des hautes responsabilités que notre collègue François
MUAMBA assume à la tête du MLC et de la situation qui y prévaut
actuellement, nous exigeons, dans les meilleurs délais, du MLC et de
son autorité morale une position sans ambigüité et des garanties de
sécurité pour l’Honorable François MUAMBA, son Secrétaire Général.
4. Nous appelons l’attention de l’autorité publique et lui demandons de
bien vouloir prendre toutes les dispositions utiles, à l’effet
d’assurer en tous lieux, la protection du Député National, François
MUAMBA et de tous les siens.
5. A cet effet, nous prenons à témoin le peuple congolais et la communauté internationale.
6. Nous demandons aux notabilités des deux Kasaï, de se mobiliser et de
prendre toute initiative requise, afin d’approcher leurs collègues de
l’Equateur, Province d’origine de l’auteur du message de mort diffusé
sur internet, aux fins de tirer au clair cette situation.
03 novembre 2009