CPI : Bemba ne comparaîtra pas seul
La Fédération internationale des droits
humains jure ses grands dieux qu’à l’ouverture de son procès, le 27
avril 2010, Jean-Pierre Bemba Gombo ne sera pas seul dans le box des
accusés. La Fédération Internationale des Droits de l’Homme, tient à voir d’autres suspects devant la Cour Pénale Internationale. La
FIDH accule Ange-Félix Patassé, Abdoulaye Miskine et François Bozizé.
Le premier était le chef d’Etat élu à l’époque des faits. Le second, l’ancien
chef de l’Unité de Sécurité Présidentielle, tandis que François Bozizé,
actuel président de la République Centrafricaine, était le chef de la
rébellion qui cherchait à renverser le pouvoir légitimement établi,
avec l’appui de la France et du Tchad. De plus, la FIDH viserait
d’autres cadres du Mouvement de Libération du Congo, MLC, qui ont
activement participé aux opérations sur terrain en République
Centrafricaine et dont certains ont été récupérés dans le camp du
Pouvoir de Kinshasa. La chambre préliminaire III de la CPI s’est
engagée dans la voie de lancer des mandats d’arrêt contre toutes ces
personnalités avant l’ouverture du procès le 27 avril 2010, indiquent
certaines sources.
Cette démarche risque de compliquer davantage cette affaire à cause des procédures «alambiquées, complexes» de la CPI.De plus, par rapport aux charges,
l’on devra accorder le temps nécessaire à l’examen de chaque
incrimination: produire les preuves à charge et à décharge. C’est
à ce niveau que l’on voudra voir s’afficher l’équité de la CPI, qui a
semblé s’acharner sur Jean-Pierre Bemba. Pourtant, l’intervention des
éléments du Mouvement de Libération du Congo, MLC, en Centrafrique,
n’était pas un fait isolé. Elle était couverte de l’appui de certains
chefs d’Etat africains qui ont donné les moyens et la logistique,
affirment les avocats de la défense. Selon des écrits de presse, le
procureur de la CPI, Luis Moreno O’Campo, risque de buter à plusieurs
obstacles dans la recherche de la manifestation de la vérité sur tout
ce qui s’est passé à Bangui et sur le rôle joué par chacun. En
Centrafrique, on le sait, les dirigeants de ce pays ont mis le cap vers
la réconciliation nationale. C’est dans ce cadre qu’Ange-Félix Patassé
a regagné Bangui après 6 mois d’exil. Et cet ancien président de la
République a annoncé sa volonté de se porter candidat aux prochaines
présidentielles. Quant à Bozizé, il est Chef de l’Etat en fonction.
Depuis la création de la CPI, cette instance n’a pas encore démontré sa
capacité de poursuivre et de détenir un président de la République en
exercice. Et l’on se demande comment l’on pourrait prendre le risque de
déstabiliser le processus engagé en Centrafrique en inquiétant ses
principaux protagonistes. Cette Centrafrique connue comme un pays
fragile où les rébellions se présentent toujours comme des volcans en
veilleuse.
Le dossier est d’autant plus malaisé que
Jean-Pierre Bemba ne peut pas ne pas répondre des actes qui lui sont
reprochés sans impliquer Ange-Félix Patassé lequel n’a jamais nié avoir
demandé à son «fils»
de lui porter secours face aux rebelles qui menaçaient un système
démocratiquement élu. A Kinshasa, des membres du MLC chargent plutôt le
Pouvoir en place d’avoir monté un «coup» contre l’ancien
vice-Président de la République, en complicité avec les organisations
de défense des droits de l’homme centrafricaines, soutenues par la
FIDH. Tout le monde semble jouer sa crédibilité dans cette affaire : la
CPI, dont beaucoup de pays hésitent encore à ratifier le Statut de Rome
et objet de beaucoup de critiques de la part de bon nombre de chefs
d’Etat africains ; la FIDH, dont l’implication dans le dossier ne donne
pas suffisamment de preuves d’indépendance ; le Pouvoir de Kinshasa,
qui n’a pas levé le petit doigt pour compatir aux malheurs de son
sénateur et ex vice-président de la République, alors qu’il n’hésite
pas à défier la communauté internationale par le refus de livrer un
présumé criminel , Bosco Ntaganga, réclamé par la CPI. Q
ui vivra verra !