Dossier Bemba : Mandats d'arrêt annoncés contre des cadres congolais !
La
situation prend une tournure tout à fait inattendue à La Haye. La
Chambre préliminaire III de la CPI a levé l'option de lancer des
mandats d'arrêt contre plusieurs cadres du MLC avant l'ouverture du
procès Bemba en avril 2010. Même les anciens cadres de ce mouvement
aujourd'hui membres influents de l'AMP ne seront pas épargnés. L'on
peut tout de suite penser à Olivier Kamitatu qui, à l'époque des
exactions commises à Bangui, était la deuxième personnalité du parti,
viennent ensuite José Endundo Bononge, Valentin Senga, Alexis Thambwe
Mwamba et les autres. Même s'il arrivait que la Cour pénale
internationale se montre nonchalante dans la livraison de«s mandats
d'arrêt, la pression qui monte de toutes parts l'y contraindrait.
Ainsi, la Fédération internationale dès droits humains tient à voir
défiler du monde sur le banc des accusés à la faveur du procès Bemba.
Pour cette ong, il n'est nullement question de laisser Ange Félix
Patassé, François Bozizé et Abdoulaye Meskine se tirer d'affaires sans
rendre compte. C'est elle par ailleurs qui agite le spectre de
l'impartialité judiciaire si jamais les anciens compagnons de Bemba ne
comparaissaient pas à ses côtés.
A la
Fédération internationale des droits humains s'est jointe l'élite de
plusieurs pays africains. Celle-ci accuse la Cpi d'appliquer une
justice sélective. Depuis la création de cette Cour, accuse cette
élite, aucune capacité n'a été développée dans la poursuite ainsi que
la détention d'un chef d'Etat en exercice. Le cas le plus illustratif
reste celui de l'actuel président soudanais, Omarel-Béchii Un mandat
international a certes été livré contre lui, mais la haute Cour ne
possède aucun moyen de le mettre en pratique. Le numéro un soudanais
s'amuse par conséquent à tourner en dérision la justice internationale.
Il se déplace d'un Etat à un autre avec une facilité déconcertante au
point que sa désinvolture assène un grand coup à la crédibilité de
la Cour pénale internationale.
4 vérités
Pourtant cette dernière doit rassurer le monde ainsi que les
différentes opinions publiques africaines. Suivant cette exigence,
beaucoup d'observateurs estiment que le procès Bemba est capital. Il va
donner l'occasion de prouver ou non l'incapacité de la justice
internationale. Il s'avère donc incontournable que les lois
personnalités centrafricaines ci haut mentionnées comparaissent sur le
banc des accusés.
Cela est indispensable compte tenu de l'implication respective de ces
personnalités dans la tragédie de Bangui. A l'époque où se commettaient
les exactions poursuivies par la Cpi aujourd'hui, Ange Félix Patassé
était chef d'Etat en fonction. Démocratiquement élu de surcroît. C'est
lui qui avait invité les troupes du MLC à voler au secours de son
régime menacé. C'est donc sous son contrôle que toutes les troupes
(celles régulières comme mercenaires congolais) ont opéré contre la
rébellion. En ce qui le concerne, François Bozizé, actuel chef de
l'Etat centrafricain, conduisait la rébellion qui a été à la base des
événements regrettables survenus à Bangui. En tant que tel, ce général
devenu président aujourd'hui est un acteur dont il faut absolument
tenir compte lors du procès. Tout comme il convient de le faire avec
Abdoulaye Meskine, ancien chef de l'unité de la sécurité présidentielle
sous Patassé. C'est sous le commandement de cette unité spéciale que
toutes les opérations militaires étaient menées.
La défense de Bemba a pourtant toujours réclamé que toutes ces
personnalités, Ange Patassé en particulier, soient interpellées par la
Cpi. Malheureusement, cette demande a jusque-là buté à l'indifférence
de la haute Cour. Mais aujourd'hui, comme on vient de le dire
précédemment, la pression monte de plusieurs milieux. Comment dès lors
convaincre le monde d'impartialité si la Cpi n'entreprend pas de
convoquer les autres acteurs principaux dans les événements survenus à
Bangui ? Comment établir avec précision les contours de la
responsabilité morale de Bemba si inversement on ne définit pas celle
de Patassé, par exemple ? On en finirait vraiment pas de s'interroger.
Surtout qu'à bien analyser la situation, les irrégularités ne font que
s'accumuler à charge de la Cpi chaque jour qui passe. Tel est le cas de
la charge de responsabilité individuelle en tant que chef hiérarchique
retenue contre le patron du MLC. Le principe fondamental d'équité
voudrait que cette charge soit imputable à toute la chaîne de
commandement des troupes du MLC. Ainsi on saura qui a réellement donné
tel ou tel autre ordre ou si tout n'a été que répercussion de la seule
volonté de Bemba. C'est pour cette raison principale donc que
l'interpellation des cadres du MLC en fonction ainsi que de tous les
transfuges constitue un véritable point d'encrage pour le procès du 27
avril 2010.
Source : le Palmarès