Kinshasa : le contrôle des assurances à la base de la crise du transport en commun
Le recouvrement forcé des
assurances automobiles a débuté, mardi à Kinshasa. Pour vérifier les
certificats d’assurance des véhicules dans différents carrefours, la
Société nationale d’assurances (Sonas) a déployé ses agents appuyés par
la police. Ces derniers sont pourtant accusés de tracasseries par les
chauffeurs
Le contrôle des assurances, aux
yeux des responsables de la Sonas, constitue une obligation reconnue
par la loi. Pour sa part, l’Association des chauffeurs du Congo (ACC)
dénonce par-là une tracasserie de plus. «S’il faut fixer le prix de
l’assurance ou des taxes dues au trésor public, il faut tenir compte de
la situation sociale que traverse la population. 800 dollars par
véhicule pour l’assurance, et bien, tout le monde, et les propriétaires
et les chauffeurs, trouve que c’est exorbitant», a soutenu un
membre de l’ACCO, Henry Lisumbu.
Le prix fixé ne permet pas à la
population (chauffeurs ou propriétaires) de s’acquitter librement de
cette redevance qui, selon lui, dépasse de loin le revenu de la
population. Pour M. Lisumbu, il faudrait que l’autorité puisse revoir à
la baisse le prix de la police d’assurance. «Il faut qu’on facilite à
la population de payer graduellement parce que là, la situation va
dégénérer. Vous savez qu’ici tout le monde, pour manger, doit sortir et
quand le transport se fait rare, c’est la population qui est pénalisée»,
a-t-il plaidé.
Conséquence de ce contrôle, le transport en commun,
un secteur presqu’entièrement tenu par les privés, a été difficile dans
les artères de la capitale. Les propriétaires des véhicules non en
règle ont tout simplement garé leurs engins. Les habitants des cités
populeuses de l'Est de Kinshasa se confinent dans le vieux train urbain
de l'Office national des transports (Onatra) pour joindre le centre
ville. Mais, ce moyen ne suffit pas.
Seulement deux sociétés
publiques sont censées assurer le transport des Kinois: la Société de
transport urbain du Congo, Stuc. Son parc est d’environ 150 véhicules.
Son parking de l'avenue des poids lourds ressemble plus à un cimetière
de véhicules qu'à un entrepôt de bus. Ses vieux bus sont devenus rares
la chaussée. Plus loin, dans la même commune de Limete, se trouve
l'autre société étatique de transport en commun, la City train. Sur 100
bus, 86 prennent la route chaque matin; transportant ainsi prés de 15
000 personnes par jour. Sa capacité installée journalière est de 100
000 personnes.
Mais Kinshasa, une grosse mégalopole de prés de 9.
000. 000 d'habitants, a besoin de déplacer par jour prés de 4. 000. 000
de personnes au minimum, selon les experts. Face à l'incapacité de
l'Etat, les privés se sont lancés dans le secteur. Mais, ce ne sont pas
leurs vieilles voitures, ayant parcouru plus de 150 000 Kilomètres en
Europe, qui feront l'affaire. Les Kinois n'ont plus alors qu'à utiliser
ce qu'ils appellent eux- mêmes "la ligne 11". C'est-à-dire, la
marche.