Depuis une dizaine d’années, les villes de Matadi et de Boma, ainsi que les districts de la Lukaya, des Cataractes et du Bas-Fleuve font face à la prolifération de centres de santé et polycliniques. Un phénomène qui inquiète, car nombreux d’entre ces centres fonctionnent en marge de la loi. Il ressort d’une enquête menée par Le Potentiel que certains de ces centres de santé utilisent abusivement l’emblème de la Croix-Rouge pour se soustraire au paiement des taxes et autres frais requis dus au Trésor public. D’autres, par conséquent, ne détiennent pas de documents officiels exigés pour fonctionner et utilisent un personnel médical non qualifié. L’environnement dans lequel fonctionnent les centres de santé, point n’est besoin de le souligner, est pollué. Ils fonctionnent dans des bâtiments qui ne répondent pas aux normes requises. Cette situation est à la base de nombreux cas de décès enregistrés dans ces formations médicales. En dehors des centres urbains, plusieurs centres de santé fonctionnent et pullulent aussi dans les villages et dans les centres urbano-ruraux. Ils emploient un personnel soignant formé sur le tas ou simplement qui s’improvise comme tel. Faute de mieux, les populations s’adressent à ces centres pour se faire soigner. En courant, bien évidemment, tous les risques. Les cas de décès enregistrés dans ce lieu sont à mettre sur ce compte. D’après cette enquête, ces centres de santé sont de véritables vecteurs du Vih/Sida et de certaines maladies sexuellement transmissibles (MST) du fait que leurs responsables ne se donnent pas la peine de stériliser le matériel médical qu’ils utilisent. La perfusion, la transfusion et les injections se font avec ce matériel. Ce qui est à l’origine de contamination de plusieurs maladies par les patients laissés à leur triste sort. REMEDES Pour arriver à sauver ce qui peut l’être, il serait souhaitable d’organiser un forum provincial des médecins de zones de santé rurales et urbaines, des médecins inspecteurs de district, des médecins directeurs des hôpitaux d’Etat et privés ainsi que des médecins superviseurs des centres de santé publics et privés. Ces assises auraient comme thème principal : «Ethique et déontologie médicales dans le contexte socio-politique actuel». Les résolutions de ces assises, l’Ordre des médecins devrait constituer un nouveau comité provincial qui diligenterait des commissions dans les districts de la Lukaya, des Cataractes et du Bas-Fleuve ainsi que dans les deux villes de Matadi et de Boma. Cela pour procéder, au contrôle de différents centres de santé et polycliniques. Les rapports de contrôle devraient déterminer les centres de santé et polycliniques appelés à fermer définitivement leurs portes. De la sorte, les autorisations d’ouverture anarchiques et frauduleux dont ils sont détenteurs devraient être annulés. Compte tenu de leur importance, ces assises devraient bénéficier de l’appui logistique de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), des Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), de la Coopération technique belge (CTB)/Santé et du gouvernement provincial du Bas-Congo.