les nouveaux passeports ordinaires récusés par certaines ambassades
Incroyable ! Et même inimaginable ! Les passeports actuellement disponibles au ministère des Affaires étrangères et délivrés aux requérants comportent des anomalies. Il y a d’abord absence de la signature du fonctionnaire du ministère qui délivre ledit passeport, ensuite et surtout, dédoublement du numéro du passeport qui serait déjà attribué à quelqu’un d’autre. L’ambassade de Belgique, notamment, en a fait le triste constat.
Les nouveaux passeports ordinaires biométriques mis sur le marché par le ministère des Affaires étrangères sont impropres à la consommation. Ils ne sont pas conformes au modèle internationalement reconnu. Produits de l’Hôtel des monnaies, ces passeports biométriques, refusés par l’ancien ministre des Affaires étrangères, Antipas Mbusa Nyamwisi, qui avait préféré ceux à laminage à chaud selon la commande, comportent des numéros déjà attribués à d’autres personnes.
Et ils ne portent pas de signature du préposé ayant traité le dossier du requérant. Situation qui entraîne des désagréments aux détenteurs de ces documents. La plupart se voient refuser le visa dans les chancelleries de la capitale.
L’œuvre de l’Hôtel des monnaies serait saluée n’eussent été ces manquements.
En effet,53.000 passeports biométriques ont été imprimés et livrés par l’Hôtel des monnaies alors que le ministère des Affaires étrangères avait passé en septembre 2007 un marché avec l’entreprise française de François-Charles Oberthur Fiduciaire, spécialisée dans la fabrication de ce genre de documents. Cela pour un travail professionnel de manière à se conformer aux exigences d’ordre sécuritaire devant constituer une banque de données fiables sur les détenteurs de ces passeports.
En effet, à en croire les milieux intéressés, plus de 25.000 requérants avaient déjà été enregistrés à ce jour. Ces derniers, las d’attendre, menaçaient le ministère des Affaires étrangères accusé d’être incapable d’honorer ses engagements. Malgré ce désagrément, les requérants ont patienté plus d’une année. Et jusqu’à ce jour, ils ne sont même pas servis malgré l’arrivée de 53.000 passeports. A en croire certains d’entre eux, le nouveau secrétaire général estime ne pas être concerné par leurs cas. Ont-ils jeté leur argent? se posent-ils comme question.
La rupture de stock des passeports ordinaires, faut-il le rappeler, date de fin 2007. L’Hôtel des monnaies, principal fournisseur, continuait à entretenir un flou artistique sur la livraison de 53.000 passeports à laminage à chaud restants de la commande de 100.000 exemplaires. Le gouvernement ne s’en préoccupait pas et l’intervention du chef de l’Etat était toujours attendue.
Avant l’impression des passeports problématiques, seuls 47.000 exemplaires avaient été livrés. A la place, l’Hôtel des monnaies va imprimer, sans l’aval de son client, des passeports biométriques que ce dernier rejettera et qui font l’objet de recusation par certaines chancelleries installées à Kinshasa.
En attendant que la solution à la rareté des passeports soit trouvée et pour ne pas bloquer indéfiniment les demandeurs de ces documents, le ministère des Affaires étrangères a eu recours aux passeports de service pour les cas d’urgence. Comme nous l’avions fait remarquer il y a peu, certaines ambassades refusaient d’accepter cette procédure qu’elles trouvent irrégulière.
Au bout du compte, le problème a demeuré, notions-nous. Qu’à cela ne tienne, cette situation, qui a perduré, a finalement trouvé un dénouement. L’Hôtel des monnaies a finalement livré les 53.000 passeports restants, mais non conformes avec la commande. Qui lui a demandé d’imprimer les passeports biométriques ou lisibles par la machine? Pourquoi le gouvernement continue à garder silence pour une question d’intérêt national ?
En tout cas, tout porte à croire que, pour des intérêts égoïstes, des compatriotes se recrutant dans la chaîne d’intervention de la délivrance des passeports, sont déterminés à entretenir la situation. Il est question du ministère des Affaires étrangères, de la Direction générale des recettes administratives, judiciaires, domaniales et de participations (DGRAD), de l’Agence nationale de renseignements (ANR), du ministère des Finances, de l’Hôtel des monnaies, de la présidence dela République, etc. Tous les coups étant permis pour les Congolais, des observateurs avertis pariaient qu’un réseau savamment organisé opère tranquillement. Certaines langues ont même parlé de l’organisation d’une vente parallèle, encore à petite échelle, des passeports ordinaires dont seuls les membres du réseau connaîtraient la provenance. Et qu’ils se seraient négociés à plus de 500 dollars américains l’exemplaire.
En tout cas, le gouvernement, voire le Parlement doivent se pencher sur ce dossier de passeports ordinaires qui pose déjà un précédent diplomatique dans le cadre des relations internationales.
Source : le potentiel/Kinshasa