RDC/ANGOLA : la frontière maritime pose problème
La République Démocratique du Congo veut redéfinir sa frontière avec l’Angola, le deuxième producteur africain d’or noir, dans l’objectif de promouvoir sa propre production”. La déclaration est signée René Isekemanga Nseka, ministre rd congolais des Hydrocarbures. Le ministre congolais a fait cette déclaration lundi à Brazzaville dans une interview accordée à la presse.
« Certaines plates formes pétrolières opérant actuellement dans les eaux angolaises pourraient se retrouver sur le territoire congolais une fois la frontière maritime redéfinie conformément aux dispositions de la Convention de Montego Bay datée de 1982, a ajouté le ministre congolais, expliquant dans la foulée que la Convention de Montego Bay permet en effet de résoudre à l’amiable les conflits relatifs aux frontières maritimes.
René Isekemanga Nseka a indiqué qu’il était « important que la frontière soit redéfinie ». « Il y a dans cet endroit d’importantes réserves de pétrole. Il est indispensable que nous sachions à qui elles appartiennent. Nous pensons qu’à cette occasion, nos propres réserves vont augmenter ».
Selon l’agence Bloomberg qui donne l’information, la production angolaise était de 1,6 millions de barils par jour au mois de février 2009, contre 25.000 barils par jour pour la RDC, conformément aux chiffres fournis par le ministre Isekemanga lui-même.
Afin de développer sa production, la RDC multiplie des projets à travers le territoire national. Ainsi, par exemple, neuf (9) blocs d’exploitation devraient être attribués le mois prochain sur le lac Tanganyika, ce qui devrait permettre à des opérateurs internationaux de concourir pour se faire attribuer des droits d’exploration.
La RDC avait indiqué en 2007 que sa production pétrolière allait augmenter après avoir convenu avec l’Angola, au mois de juillet de la même année, de créer une zone d’intérêt commun et de partager sa production offshore de cette zone entre les deux pays. Selon toujours le ministre congolais des Hydrocarbures, la RDC est également en pourparlers avec l’Angola au sujet d’un gazoduc qui devrait traverser le territoire congolais pour approvisionner l’Enclave de Cabinda.
Interrogé par la presse sur tous les sujets évoqués par son collègue congolais, le ministre angolais du Pétrole, José Maria
Botelho de Vasconcelos, n’a pas voulu faire de commentaire, indique Btoomberg. N’empêche : le ministre congolais a pour sa part indiqué qu’il rencontrerait son collègue dans les meilleurs délais afin d’évoquer l’ensemble du dossier.
A Kinshasa, les déclarations du ministre René Isekemanga ont réjoui beaucoup de commentateurs congolais jusque là habitués à la langue de bois des officiels lorsqu’il s’agit des questions frontalières entre les deux pays et surtout de la gestion des réserves pétrolières situées dans la zone dite d’intérêt commun.
La question qui se pose cependant est celle de savoir s’il s’agit d’un véritable changement de politique sur cette question capitale ou de simples déclarations engageant le ministre des Hydrocarbures seul. Embourbée dans une crise économique et financière qui a fortement entamé ses réserves de change, notamment après l’effondrement des cours des matières premières et le désengagement des investisseurs du secteur des mines, la RDC a entrepris de remobiliser ses principaux partenaires pour l’aider à soutenir sa balance des paiements.
Nombre d’entre ceux-ci ont répondu à l’appel. Notamment la Banque Mondiale, fin février avec une enveloppe de 100 millions de dollars, la Banque africaine de développement qui a promis de révisiter ses projets en RDC afin de dégager des ressources susceptibles d’être orientées vers les besoins de la vie quotidienne ainsi que l’Union Européenne dont on attend, dans les prochains jours, l’annonce de la contribution.
Il y a deux semaines, le Conseil d’administration du FMI avait accepté d’accorder à la RDC près de 200 millions de dollars dans le cadre de la Facilité aux pays du Tiers Monde en raison de la crise financier internationale. Cette aide, apprend-on, est liée à certaines conditionnalités, notamment l’engagement de la RDC à éviter tout surendettement dans le cadre des accords qu’il signe ou à signer avec ses partenaires.
Voilà donc pourquoi l’augmentation de la production pétrolière de la RDC est perçue par la plupart des observateurs comme un moyen pour accroître la capacité du pays à accroître ses recettes d’exportation.
Source : le Phare