Le Premier ministre congolais a bouclé hier mardi 21 avril, une visite-éclair de quelques heures à Luanda en Angola. Outre ses collaborateurs du gouvernement, à savoir les ministres de l’Intérieur et des Affaires étrangères, Adolphe Muzito s’était fait accompagner des gouverneurs du Bandundu et du Bas-Congo, des provinces souvent objet d’incursions ou occupations des éléments de la police des frontières angolaises.

«Si vous avez réussi à briser les chaînes de la colonisation économique et engagé le peuple angolais dans la mise en valeur souveraine de ses richesses naturelles, votre frère et ami Joseph Kabila Kabange, se démène encore pour restaurer la paix et la sécurité sur toute l’étendue du Congo, rétablir l’autorité de l’Etat, en même temps qu’il doit amorcer le projet de reconstruction du Congo», s’est-il adressé au président Edouardo Do Santos, dans son palais.

Si le premier message a été politique et diplomatique, «le second message est celui du renforcement et du développement de la coopération économique entre nos deux Etats», a déclaré le Premier ministre congolais.

Abordant la question des frontières communes, Adolphe Muzito opte pour la consolidation des relations fraternelles entre les peuples angolais et congolais. Il privilégie ainsi la voie de coexistence pacifique et de bon voisinage. Pour ce qui touche aux frontières maritimes, fluviales, en vue de la coopération pour la mise en valeur commune de toutes les ressources transfrontalières : potentialités halieutiques, pétrolières, minières, touristiques. La relance et la matérialisation de différents projets de coopération dans les domaines sécuritaire, économique et d’exploitation de nos ressources naturelles. Il existe de nombreux projets ayant fait l’objet d’échanges entre les deux gouvernements. Il ne reste plus que leur matérialisation. Des sociétés de deux pays ont également conclu des intentions de partenariats qu’il faut réactiver. Des dossiers en suspens

Pour ce qui touche aux questions frontalières, la partie angolaise a souligné «la nécessité de reprendre urgemment les travaux de la commission bilatérale, qui ’’pour des raisons pondérables" ne s'est pas réunie depuis 2004». Par ailleurs, le Premier ministre Paulo Kassoma a estimé que «certains problèmes frontaliers exigent la création d'une commission technique».

Abordant les questions de coopération, bien que la RDC soit encore sous la menace des foyers de tension, «cela ne doit pas empêcher que l'on mène des actions bénéfiques et mutuellement avantageuses de coopération dans les domaines du pétrole, de l'énergie, des transports, de la pêche, de la défense, de la sécurité et d'autres secteurs à identifier».

La partie congolaise, particulièrement l’opinion, attendait cette rencontre depuis longtemps pour s’assurer de la bonne volonté de l’Angola a trouvé des solutions durables aux problèmes de délimitation des frontières. Les occupations successives de la cité de Kahemba suivie des localités de Kuzi et Sava Ina n’ont pas rassuré l’opinion congolaise. Pire, l’Angola a toujours donné l’impression de traîner les pieds dans la conclusion du contrat d’exploitation pétrolière dans la Zone d’intérêt commun, ZIC. D’où la réticence de l’opinion congolaise malgré les assurances des officiels.

Les deux parties ont convenu de se retrouver dans les tout prochains jours pour la finalisation des pourparlers ainsi amorcés.

Encadré

Indispensable renforcement de la coopération angolo-congolaise

La rencontre d’hier mardi 21 avril à Luanda (Angola) d’Adolphe Muzito, Premier ministre congolais, avec les dirigeants angolais a gravité essentiellement autour du renforcement et du développement de la coopération économique entre les deux Etats.

Il s’est agi d’activer les programmes relatifs au projet de délimitation des frontières terrestres, maritimes et fluviales ainsi que la relance et la matérialisation de différents projets de coopération dans les domaines sécuritaire, économique et d’exploitation de nos ressources naturelles. Ce rapprochement entre l’Angola et le Congo démocratique constitue une voie obligée, compte tenu de nombreuses obligations.

D’abord la géographie contraint les deux pays à développer une politique de bon voisinage. Car ils ont environ 2600 km de frontières terrestres. Ensuite, les impératifs économiques, le régionalisme et les effets de la mondialisation expliquent amplement les avantages que les deux Etats tireraient dans la complémentarité de leur économie.

L’Angola et la RDC partagent des expériences communes dans plusieurs organisations régionales qui sont la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC).

Ce qui signifie qu’avec une diplomatie de développement et de paix, les deux pays peuvent réaliser de grands projets intégrateurs, notamment la gestion rationnelle des gisements pétroliers, et promouvoir le développement d’une coopération sud-sud par la complémentarité de leurs économies nationales.

Encore faudra-t-il des efforts supplémentaires de part et d’autre pour respecter strictement le principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation.

C’est alors que les deux pays parviendront à régler les nombreux conflits qui apportent parfois d’épais nuages sur ciel entre Kinshasa et Luanda.

Pour tout dire le renforcement de la coopération entre l’Angola et la RDC va, non seulement promouvoir le développement socio-économique de deux pays et apporter une réponse positive à la lutte contre les effets pervers de la crise financière mondiale, mais aussi et surtout il confirmera le leadership dans la région de l’Afrique centrale. Bienvenu-Marie Bakumanya et Pierre Emangongo Kunga

Source : le Potentiel/Kinshasa