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VIGILANCE RDC
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8 juin 2009

Le départ du Premier ministre étant déjà acquis

conseil_ministresC’est comme dans une pièce de théâtre. Après le premier acte, on en est maintenant au second. Avec pour trame, le départ d’Adolphe Muzito. Bien que n’étant pas encore officiel, le départ se précise au fil des heures. Les carottes sont cuites pour celui qui est resté, pendant huit mois, Premier ministre d’un gouvernement de coalition AMP-PALU-UDEMO. Décidément, un autre décor est en train d’être planté.

S’il faut en suivre le cheminement, l’affaire a vite pris les allures d’un bras de fer entre la présidence de la République et le Premier ministre Adolphe Muzito. Faisant suite à la correspondance que le directeur de cabinet du président de la République a adressée le 28 mai au Premier ministre au sujet de « dérapages substantiels et répétés des finances publiques et de la monnaie nationale observés ces derniers mois…», le différend entre les deux branches de l’Exécutif pourrait bien connaître son dénouement dans les prochains jours, sinon dans les prochaines heures.

Au regard de l’évolution de la situation, il y a de fortes chances que l’ « affrontement » ne soit que de très courte durée. Dans tous les cas, au niveau de la Haute hiérarchie, on n’a pas du tout envie de laisser traîner les choses. Cela est d’autant plus vrai qu’on veut rapidement tourner la page, précisément celle d’Adolphe Muzito. Question, affirme-t-on, d’entrevoir l’avenir sous un autre signe, que l’on souhaite en tout cas prometteur pour le pays et pour ses habitants, indique une source qui a préféré garder l’anonymat.

Dix jours après la lettre du dircab du président de la République, tout semble déjà joué car le vainqueur de ce que d’aucuns considèrent, à tort ou à raison, comme une « guerre de tranchées » ne devrait pas être Adolphe Muzito. Ce dernier ne va pas s’en sortir à bon compte d’autant plus que les manettes de réglage lui échappent complètement ; le dernier mot revenant au Président de la République.

Pas de co-responsabilité

La fameuse réplique du Premier ministre à la correspondance du directeur de cabinet de Joseph Kabila a fait sortir tout le monde de ses gonds au niveau de la présidence de la République. La lecture que l’on se fait là-bas de ce qui apparaît comme la réponse du berger à la bergère n’est pas pour arranger les choses. Bien au contraire, elle a consacré la rupture entre le chef de l’Etat et le chef du gouvernement pendant que tout était mis en œuvre pour ne fut-ce que sauver les meubles entre deux parties liées jusque-là par un accord de gouvernance qui pourrait avoir son avenir derrière lui.

« C’est malhonnête de la part du Premier ministre de considérer le chef de l’Etat comme étant co-responsable du gâchis que l’on déplore dans la gestion des finances publiques », fait-on remarquer à la présidence de la République. « Il est difficilement explicable, poursuit-on dans les mêmes milieux, que le Premier ministre qui reconnaît pourtant la pertinence des instructions contenues dans la lettre du dircab du président de la République, se soit mis à chercher, au même moment, des poux dans la tête de ce dernier », argumente un membre de l’Alliance de la majorité présidentielle.

«Si nous avons dégainé les premiers, c’est dans le souci majeur de dénoncer un état de choses qui empirait chaque jour et ne cessait d’hypothéquer toutes les chances d’amélioration de la situation économique et sociale du pays », affirme ce dernier qui estime que le Premier ministre, en sa qualité de chef du gouvernement, devrait s’assumer en ce qu’il est le premier responsable de la dégradation de la situation économique, financière et sociale de la RDC au lieu de se perdre dans des accusations qui sont loin de l’honorer. « Le Premier ministre est en train de donner, en vain, des coups en l’air », susurre-t-on.

« Pas question de partager, même fifty-fifty, avec le président de la République les conséquences de dérapages dont il est seul comptable », réaffirme-t-on à la présidence de la République où l’on ne fait nullement mystère de la nouvelle tournure que les choses ont prise et de la nécessité de changer l’attelage qui devra accompagner le président de la République pour la suite de la réalisation de son programme de reconstruction du pays.

Affaires courantes

Certes, ce n’est pas encore officiel, mais il ne faudra pas être devin pour pouvoir réaliser que la terre est en train de se dérober sous les pieds du Premier ministre Adolphe Muzito. On ne voit pas comment il pourrait arriver à changer le cours des événements. Comme il avait été écrit quelque part qu’il serait le Premier ministre du président de la République dans le cadre des noces Palu-Famille politique du chef de l’Etat, il est aussi écrit qu’il a fait son temps à ce poste. Il doit donc savoir que c’en est fini de lui et qu’il ne sert à rien de faire de la résistance.

On sait que le gouvernement ne remplit pas encore les conditions d’être qualifié comme étant un gouvernement démissionnaire. On en convient, mais quand on analyse froidement les circonstances dans lesquelles il est placé au jour d’aujourd’hui, l’Exécutif n’est pas différent d’un gouvernement « expédiant les affaires courantes ». D’ailleurs, de sources concordantes nous apprenons que bien des ministres n’ont plus le coeur à l’ouvrage. Ils le disent à haute voix.

Il est vrai que des voix s’élèvent pour laisser entendre que les choses risquent de ne pas marcher comme on le ferait pour une lettre à la poste. Mais face à l’argument relatif aux dispositions constitutionnelles qui pourraient mettre le chef de l’Etat dans une sorte d’ « illégalité » par rapport à son Premier ministre, dans les milieux de la famille politique présidentielle, on a la repartie facile. On ne voudrait surtout pas l’entendre de cette oreille. « La musique est déjà réglée pour que rien ne vienne s’opposer à une volonté qui a déjà été mise sur les rails », fait-on savoir.

De toute façon, le départ de Muzito de la Primature va, assurément, remettre à la surface quelques cas de figure. Premier cas de figure : le président de la République s’en tient au protocole d’accord qu’il a signé avec le Palu. Il demande, par conséquent, à Antoine Gizenga de lui proposer le nom de celui qu’il veut voir remplacer le partant. Deuxième cas de figure : on fait voler en éclats le protocole d’accord AMP-PALU et on recrute un Premier ministre dans les rangs de la famille politique du président de la République. Les bookmakers sont déjà à l’œuvre et ils ne sont pas en manque de Premiers ministrables. Troisième cas de figure : le chef de l’Etat met sur pied un gouvernement d’ouverture dans lequel entreraient des personnalités provenant de l’Opposition politique et de la société civile.

Quelle option va-t-on mettre en avant et pour quels dividendes quand on sait qu’il y a, de part et d’autre, des avantages et des inconvénients dont on ne pourra mesurer l’amplitude que dans un avenir proche, certainement aux élections de 2011 ?

Le cas Muzito appelle analyse. Les dérapages financiers ainsi que l’indiscipline budgétaire ne datent pas d’aujourd’hui. Tous les régimes qui se sont succédé se sont distingués par le détournement des deniers publics et la prédation des biens publics. Ils ont fait de la corruption et de l’impunité un système de gouvernement qui a inspiré leurs successeurs. Depuis lors, tous ceux qui accèdent aux charges publiques s’y font en toute aise.

Qu’est-ce que l’on poursuit avec l’exit de l’actuel Premier ministre ? Le départ de l’individu Adolphe Muzito ou le souci de mettre fin à un système de gestion de la res publica qui s’est révélé délétère depuis des décennies ou l’évacuation d’un système que l’on combat sur la place et dans des discours mais qui, en coulisses nourrit son homme ? C’est la question que se posent bien des observateurs qui ne voudraient voir dans la déchéance éventuelle d’Adolphe Muzito la sanction d’un individu. Au contraire, ils souhaiteraient voir se concrétiser dans le prochain remaniement la volonté mettre le holà à la malgouvernance qui ne cesse de faire niveler la RDC toujours vers le bas.

La chute de Muzito devra sonner le déclic d’une nouvelle ère, celle des dirigeants qui se préoccupent du développement de leur pays et du bien-être de la population condamnée au quotidien à vivre dans la misère noire.

Source : le Potentiel/Kinshasa

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