Arrêt des travaux sur le boulevard du 30 juin
Joseph Kabila avait souhaité se faire livrer le boulevard du 30 juin
modernisé dans les trois mois à dater du démarrage des travaux. Non
seulement que le délai est largement dépassé mais plus encore l’ouvrage
ne sera pas terminé avant fin 2009, selon les estimations des experts
du ministère des Travaux publics, Infrastructures et Reconstruction.
Pire encore, une sérieuse menace d’arrêt gronde dans le ciel du centre
des affaires de Kinshasa depuis plus d’un mois. L’agence congolaise des
grands travaux en a été saisie par l’entreprise chinoise adjudicatrice,
CERC-7. Elle a informé, à son tour, le ministre Pierre Lumbi. «Pour
éviter l’arrêt prévisible des travaux…, nous vous demandons d’obtenir
de votre collègue, son Excellence Monsieur le Ministre des Finances, le
paiement dudit solde pour permettre l’exécution normale des travaux»,
écrit Busima Kataala, le Dg de l’ACGT, dans une correspondance adressée
à Pierre Lumbi début août dernier. Le solde en question représente un
montant de 7.795.116,17 dollars. Une somme qui viendra solder les
prestations effectuées pour la période du 20 janvier au 31 juillet. Le
coût total de la modernisation de la plus belle chaussée de Kinshasa
est chiffré à 14.795.116,17 de dollars pour une longueur totale de 4
kilomètres. Un montant onéreux quand on sait que l’avenue Kasa-Vubu, de
la Grand-poste jusqu’à Kintambo Magasin, a coûté 13 millions de dollars
pour sa réhabilitation avec ses 13 kilomètres.
A Lumbi de s’expliquer. Autant que des explications sont attendues de
lui sur une passation de marché assez floue et la gestion des recettes
du péage de la nationale n°1 supposées financer la restauration du
boulevard du 30 juin. Quand
Joseph Kabila se laisse gagner à l’idée de mettre le boulevard du 30
juin au niveau du standard universel, ses services lui assurent qu’un
trimestre suffit. Il instruit Lumbi dans ce sens. Celui-ci retournera
voir le Président de la République pour lui faire savoir qu’il compte
financer ces travaux avec les revenus du péage bas-congolais. Soit une
rondelette somme de 800.000 dollars le mois gérée, au départ, par
l’entreprise Malta Forrest avant que le gouverneur Mbatshi Mbatsha n’en
fasse une affaire de l’exécutif du Bas-Congo. Avec ces 800.000 dollars
mensuels passés sous la gestion chinoise, pas évident de financer un
projet de près de 15 millions de dollars à boucler dans les trois mois.
L’option est donc levée de recourir à un préfinancement bancaire.
Presque personne aujourd’hui ne sait ce qu’il en a été. Un fait est que
ces travaux sont financés depuis le début par le Trésor public pendant
que les recettes du péage restent entre les mains des Chinois sous une
chape de fumée. De l’opacité, il y en a eu dès le départ.
Le marché a été conclu de gré à gré alors que le Chef de l’Etat avait
exigé un appel d’offres en bonne et due forme. Absence de transparence
également sur le statut privilégié de la société chinoise CREC-7. Selon
des sources proches de l’entourage du ministre Pierre Lumbi, CREC-7
jouit d’une exonération pour son matériel acheminé en RDCongo. «Au nom
de quoi cette exonération a été accordée à CREC-7», se demande les
concurrents de l’entreprise chinoise. Cette exonération minimise le
coût d’exploitation de CREC-7 et fait que les Chinois sont toujours les
mieux disant quand il faut passer par un appel d’offres. En fait,
CREC-7 pratique le dumping en toute impunité. Sur les travaux
eux-mêmes, des experts trouvent à redire abondamment. La réhabilitation
du boulevard du 30 juin a été entamée sans étude de faisabilité. Il n’y
a même pas eu de maquette. Pour ce genre d’ouvrage, les travaux
commencent toujours par les voies d’évacuation des eaux.
Les Chinois, eux, ont fait le contraire. Ils se sont attaqués d’abord à
la chaussée. Les voilà aujourd’hui qui cherchent à se rattraper en
menant, de manière concomitante, et le renouvellement de la chaussée et
la construction des caniveaux et égouts. La lumière, ils n’y avaient
pas pensé au début. Maintenant qu’ils l’intègrent, il faudra se
demander si le coût des travaux ne s’en trouvera pas obérer.
source : MTN