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VIGILANCE RDC
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24 octobre 2009

Traquenard pour Lumbala en disgrâce chez les opposants

Roger_LumbalaMenacé d’exclusion pour avoir voté en faveur de la motion Muabilu, le président du RCD/N, l’ex-enfant terrible de Bafwasende de l’époque de la rébellion, se défend. Il fait dire qu’il a voté en âme et conscience au nom de la légalité là où Kanku et Lisanga l’accusent d’avoir fragilisé le groupe et traversé la rue

L’opposition est dans la tourmente. Elle se fissure. Les dernières joutes ayant abouti au rejet de la motion de défiance mitonnée par le député issu de ses rangs, Clément Kanku Bukasa wa Tshibwabwa, contre le Premier ministre, seraient à l’origine d’un malaise qui risque de la désintégrer. Les dégâts du vote du samedi 17 octobre dernier ont été énormes. Au comptage, l’opposition n’a pu réunir que 66 voix lors de ce vote contre 327 pour la motion Muabilu. Avec plus de 160 députés, l’opposition a vu une partie de ses voix dont celle de Roger Lumbala Tshitenga, président du Rassemblement congolais pour la démocratie/national -RCD/N- et président du groupe parlementaire Ordre des démocrates républicains -ODR- aller à gauche renforçant du coup le camp de la majorité. Des opposants avaient vraiment pris leurs camarades à contre-pieds. Même l’examen des abstentions laisse dénombrer deux voix notables de Martin Mukonkole et José Engwanda, tous deux ODR et proches de Lumbala, mais aussi d’autres opposants anonymes. L’absence de certains gros formats de l’opposition a, elle aussi, conforté cette thèse. Mais le casus belli reste ce vote jugé trop suspect du député Roger Lumbala émis en faveur de la motion Muabilu, donc contre Clément Kanku. Brusquement, ses pairs de l’opposition crient à la trahison tout en menaçant d’exclure le patron du RCD/N de ses rangs. «Il doit regagner sa famille politique naturelle», hurle un Bembiste. Lumbala s’en défend. Ses proches parlent du respect des textes dont l’article 169 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Ça s’empoisonne. Lumbala aurait-il commis un crime de lèse majesté en votant pour la motion incidentielle cuisinée par le député PPRD, Pius Muabilu Mbayu Mukala, contre celle de défiance levée contre le Premier ministre? Ses pairs de l’opposition, Jean-Pierre Lisanga Bonganga et Kanku lui-même en tête, en sont convaincus et très fâchés. «Lumbala nous a trahis, il doit être exclu de l’ODR et l’opposition», tranche un opposant. Deux semaines plutôt, à la faveur d’une autre motion issue de ses rangs, exigeant notamment au Premier ministre Adolphe Muzito, de faire à la plénière le rapport d’exécution du budget 2009, l’opposition avait fait montre d’une cohésion sans faille. Cette unité est bien derrière elle. La case opposition brûle. Désamour passager ou renonciation définitive, peu importe, ça s’empeste. Lumbala, une des têtes couronnées de l’opposition, est accusée de trahison. Sa tête est mise à prix. Avec elle, celles de certains membres de son cartel. Lumbala est tombé dans un traquenard. C’est comme si ses camarades n’attendaient que ce moment pour lui régler les comptes. La déclaration du genre Lumbala doit regagner sa famille politique naturelle en dit long sur la nature de la bataille en vue. Une guerre fratricide. Impitoyable. Le mouvement a comme meneurs le propre auteur de la motion, Clément Kanku, proche du MLC, et Jean-Pierre Lisanga, lui aussi membre de l’ODR, et d’autres encore tapis dans l’ombre préférant agir dans la discrétion la plus totale. Lumbala a-t-il vraiment trahi? Moïse Moni Idi Dela, ancien vice-ministre 1+4 de l’Information, secrétaire général du RCD/N, la voix autorisée du parti de Lumbala, ne partage pas cet avis. Rencontré dans son bureau de l’avenue Tombalbaye, à Gombe, Moni Dela évoque l’autonomie du parti en plus du fait que le vote de Lumbala serait dicté par le souci de respecter le règlement intérieur de la chambre basse du Parlement en son article 169.

            Une exclusion-fragilisation

Ancien de la diaspora, comme Lumbala, connaissant donc les pratiques dans les vieilles démocraties, le SG met au défi quiconque de brandir un seul exemple, ici comme sous d’autres cieux, où un chef du gouvernement a été déchu sur base d’une motion de défiance. Là-dessus, le RCD/N pense qu’il n’y a pas débat -lire encadré en page 3.

Les choses sont claires. Face aux attaques de certains cadres de l’opposition qui estiment que Lumbala aurait pu s’abstenir à l’instar d’autres députés de l’ODR dont Martin Mukonkole ou José Engwanda, Moni Dela rétorque qu’il faut connaître l’homme, son caractère et ses réactions: «Le président Roger Lumbala n’a pas l’habitude de mâcher les mots ou de se voiler la face lorsqu’il faut défendre sa position devant une situation qui ne présente aucune ambiguïté. Quand c’est noir, c’est noir». Lumbala n’a-t-il pas voulu faire payer à l’autre aile de l’opposition le fait d’avoir endossé la motion Kanku contre celle qu’il a préparée avec Lisanga, le même qui a rallié Kanku contre lui? Moni Dela balaye cet argument d’un revers de la main. «Nous avons concédé avec toute sportivité et galanterie. Mais ici, nous sommes en face d’une interprétation juridique qui appelle le bon sens. Notre souci n’est pas de faire payer à qui ce soit une erreur qui n’existerait pas ni de soutenir le gouvernement en place. Nous avons plutôt opter pour le respect de la légalité», plaide-t-il.

La vérité est que le vote de Lumbala est un coup dur pour l’opposition. Dans les rangs de celle-ci, le président du RCD/N compte incontestablement parmi les dix poids lourds. Elu député et sénateur, Lumbala a un passé très riche et traîne une expérience politique avérée. Ancien de l’Union pour la démocratie et le progrès social -UDPS- d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba et représentant du même parti pendant près d’une décennie en France, Lumbala est réputé pour son indépendance d’esprit. Il a claqué la porte de l’UDPS pour l’ex-mouvement rebelle pro-rwandais RCD après avoir flirté avec l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre -AFDL. Malmené par ses pairs du RCD -alors qu’il assumait les fonctions de chef du département de la Sécurité équivalent de ministre de l’Intérieur- pour une affaire de borne frontalière qu’il aurait remise à son emplacement initial après que les Rwandais l’ont déplacée à l’intérieur du territoire RD-congolais, Lumbala est incarcéré dans une prison souterraine. Il finit par s’échapper et créer son propre mouvement RCD/N qui s’implante facilement à Bafwasende, en Province Orientale, avant de se muer en parti politique à la faveur de la réunification du pays. Il est, en fait, l’un de rares leaders rebelles qui réussirent à implanter leurs mouvements dans des coins où ils ne sont pas ressortissants. Il assuma entre autres les fonctions de ministre du Commerce dans le gouvernement 1+4. Polyglotte, Lumbala est un séducteur doublé d’un communicateur hors pair.

Actuellement, il dirige l’un des groupes parlementaires qui bougent l’hémicycle. Dans ce même groupe, on retrouve Lisanga qui dirige la fronde contre Lumbala, Jean-Claude Vuemba, Médard Lwakabwanga, Ne Muanda Nsemi et tant d’autres débatteurs de premier rang. Le moins que l’on puisse dire, le vote de Lumbala, en terme de gestion de l’opinion, a apporté une caution non négligeable à la démarche de la majorité, là où l’on cherchait encore la tête de François Muamba Tshishimbi, secrétaire général du Mouvement de libération du Congo, qui a joué les abonnés absents. Au-delà de ce débat d’actualité, une éventuelle exclusion de Lumbala poserait un réel problème de moralité en ce que l’opposition est plurielle en dépit du fait que dans cette pluralité émergent deux tendances. Il y a l’opposition institutionnelle à laquelle appartient le parti de Lumbala et tous ces autres représentés dans les institutions et l’opposition non institutionnelle parrainée par l’UDPS. L’exclusion de Lumbala risque de promouvoir l’émergence d’une troisième tendance qui serait en droit de revendiquer sa part dans le partage des responsabilités lors de la mise en place du porte-parolat au sein de l’opposition. Cette guéguerre risque également de renforcer la tendance non institutionnelle qui argue que l’opposition est un état d’esprit. Alors la question reste de savoir who’s who? Qui peut exclure qui et en vertu de quel droit? Le débat reste entier.

source : Africa News
                                                                                              

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